Blog

HORRY Georges

Le 17/04/2018

Horry georges

Il né le 6 avril 1890 à Fleury, fils de HORRY Marcel et LETOT Rosalie. Jamais marié. Avant la guerre, il travaillait comme cultivateur.

Georges arrive le 3 août 1914 au 82e régiment d'infanterie qui dispose de deux garnisons, l’une à Montargis et l’autre à Troyes. Il débarque entre le 5 et le 6 août sur les bords de la Meuse, à Lérouville. Le 21 août au matin, le régiment, qui cantonne à Gremilly, reçoit l'ordre de se mettre en marche par Longuyon sur la région de Tellancourt. Il passe la nuit du 21 au 22 août, en cantonnement d'alerte à Fresnois-la-Montagne, d'où il voit l'incendie embraser la forteresse de Longwy et principalement Longwy-Haut. Le 22 août, tout le corps d'armée dont fait partie le régiment, franchit la frontière et attaque l'ennemi mais subit de très lourdes pertes à cause de tranchées très organisées. Il faut donc se replier dans le Sud de l’Othain mais les allemands ne lâchent rien. Le 24, le régiment part en repos pendant quelques jours. Le 26, sur ordre, le régiment passe la Meuse à Vilosnes, dont le génie fait sauter les ponts aussitôt après le passage. Le régiment s'établit défensivement, entre Doulcon et Cunel. Du 29 août au 1er septembre se déroulent une série de combats défensifs très durs, très meurtriers et l'ennemi réussit à passer la Meuse. Une retraite stratégique est alors lancée, le régiment traverse l’Argonne et s’établit défensivement sur une ligne au Nord de Vaubecourt. Par la suite et durant plusieurs jours, le régiment creuse des tranchées et organise sa position, au Nord-Est de Rembercourt avant de subir des attaques et réaliser des contre-attaques. Le 12 septembre, les Allemands se retirent rapidement à cause de la victoire de la Marne, un gain de terrain de 60 kilomètres est réalisé et le régiment arrive à Boureuilles et durant plusieurs jours effectue des attaques sur plusieurs villages. Le 23, il faut se replier à cause d’une attaque ennemie, retour à Boureuilles avant de partir en repos trois jours plus tard. Les jours suivants, retour au front, il faut creuser des fortifications avant de rattaquer la ville et une légère avancée est faite. Du 31 au 7 novembre, le régiment cantonnement à Aubréville et reçoit la venue de renfort. La période que fera le régiment sur ce terrain à partir du 7 se fera avec une partie en première ligne devant Vauquois et une autre partie en réserve dans la forêt de Hesse sera très dur physiquement à cause de la température qui descend jusqu’à -15°c, mais également à cause de la précarité des tranchées. Il y aura plusieurs attaques jusqu’à la début janvier 1915 et il se frotte au lance-flamme allemand durant ce temps.

Le 15 janvier, le régiment, après un repos de cinq jours dans la région de Brocourt – Parois – Jubécourt, repasse en forêt d'Argonne et tient les lignes de l'Argonne orientale. Le 17 janvier, les Allemands lancent une attaque précédée d'une préparation d'artillerie importante. A cause d’un manque d’effectif, ils s’emparent d’une portion du terrain mais l’avance est vite limitée par des contre-attaques immédiates et énergiques des compagnies réservées du régiment. Par la suite, le régiment reste vigilant tout en mettant en œuvre un travail d’organisation défensive et la construction d’abris. Le 16 février, les allemands recommencent une attaque avec de plus gros calibres d’artilleries, l’infanterie se jettent en direction des tranchées françaises mais la réponse les stoppe nets, l’ennemi sort part des sapes (tunnel à hauteur d’homme qui relie les deux tranchées) et arrive à s’emparer des premières lignes et séparer les unités. Les contre-attaques françaises permettent de reprendre les lignes perdues. Jusqu’à la fin février le régiment alterne avec des périodes de repos et cette position de la cote 263. Du 28 février au 2 mars, une série d'attaques de démonstration sont demandées à un bataillon ; ces petites actions accompagnent l'attaque et la prise de Vauquois par la 10e division. Georges est nommé caporal le 25 mars. Les 3, 4, 5 avril, la division tente une attaque locale à cheval sur la Haute-Chevauchée et la cote 263, n'ayant pour but que d'élargir les positions dans cette région. Un bataillon attaque avec d’autres régiments des postions ennemis mais éprouve de fortes pertes à cause des mitrailleuses et ne fait qu’une petite avance. Les autres bataillons tiennent les positions des Meurissons et de Bolante. Georges est nommé sergent le 23 avril. Dans les premiers jours de juillet, le régiment est mis au demi-repos dans les camps aux abords de La Croix-de-Pierre. Il prépare une attaque en réalisant des missions de reconnaissances et des exercices mais les allemands prévoient l’attaque et déclenche le 13 une attaque importante. Elle commence au matin par l’artillerie qui utilise des asphyxiants sur tout notre front d'Argonne, de Boureuilles à Binarville. Le régiment se déploie sur les positions attaquées et contre-attaque à coup de baïonnette et de grenade ce qui permet de reprendre les positions perdues. Le 14 juillet au matin, ordre est donné d’attaquer le secteur de la Haute-Chevauchée mais les forces étant disproportionnées à cause d’une artillerie et de mitrailleuses allemandes en trop grand nombre font avorter le projet. Le 20 juillet en fin de journée, l'ennemi veut compléter ses gains et concentre ses efforts, après une préparation d'une intensité inouïe ; il s'en empare. Les défenseurs sont pour la plupart tous tués ou enterrés et la cote 263 fumant ne présente plus, aux yeux des spectateurs qu'un terrain bouleversé et méconnaissable. Le 22, le régiment travaille pour combler la tranchée et la renforcer en avant de la ligne. Il lui échoit, à la fin d'août, comme secteur dans la division et qu'elle conservera longtemps, celui de la Fille-Morte, à l'Ouest de la Haute-Chevauchée. Chaque bataillon travaille activement à la consolidation de la première position quand il est en ligne ; à l'établissement d'une deuxième position (Courtes-Chausses) comprenant des lignes de tranchées bien agencées, des blockhaus bétonnés de mitrailleuses et même quelques pièces de 65 de montagne qui ne doivent se révéler, par un tir à vue et de plein fouet, qu'en cas d'attaque sur la Fille-Morte. Le régiment tiendra le terrain Fille-Morte – Courtes-Chausses par ses propres moyens, sans autre relève que celle intérieure entre les bataillons, jusqu'aux premiers jours d'avril 1916. La lutte des engins de tranchées s'intensifie. L'emploi par l'ennemi de minenwerfer de gros calibre, jusqu'à celui de 340, devient au bout de peu de temps quotidien ; la contrepartie est donnée au moyen de 75, 155 et de bombes de 58. Le 27 septembre, deux jours après la grande offensive de Champagne, la division va essuyer le contrecoup d'une diversion que l'ennemi tentera sur notre front. Vers 9 heures du matin, les Allemands, après avoir fait sauter 14 mines importantes bouleversant complètement les premières lignes, depuis la cote 285 incluse jusqu'à l'Ouest de la Fille-Morte, commencent un bombardement excessivement nourri : torpilles en ligne, 105 et 210 sur les lignes de soutien, les ravins et les arrières, en plus quelques gaz vers les batteries. Vers 11 heures, après avoir occupé les premières lignes, dont tous les défenseurs sont tués ou blessés, l'ennemi descend vers la ligne de soutien par les boyaux nombreux de la position. Une compagnie, par se feux bien ajustés et ses grenades empêche les Allemands de pénétrer plus avant. Surpris de cette résistance, l'ennemi hésite un moment, puis se replie dans les premières lignes en abandonnant des cadavres sur le sol. Une autre compagnie garnit à gauche de la tranchée de soutien, où elle arrête également l'ennemi par une contre-attaque. Un bataillon, disponible, a été alerté téléphoniquement par le colonel aux baraquements où il est de repos, et il se hâte au secours du bataillon qui est au front. Dans le courant de l'après-midi, après avoir été copieusement arrosé d'obus en route, il atteint la tranchée de soutien avec deux compagnies à droite et deux compagnies à gauche. A droite, elles contre-attaquent avec succès à la tombée de la nuit les anciennes premières lignes du centre et de droite, les reprennent et s'y installent. A gauche, les deux compagnies débouchent magnifiquement sur la croupe observatoire dénommée « 09 », mais éprouvent des pertes extrêmement lourdes et ne peuvent reprendre 09 malgré une deuxième tentative ; le lendemain matin 28, elles assurent le raccordement des tranchées reprises à droite et au centre avec la gauche de la tranchée de soutien.

Dès le mois de janvier 1916, le haut commandement a des indices que l'ennemi prépare une grosse affaire qu'il déclenchera le plus tôt possible, dès que la saison le lui permettra. Ce sera la grosse offensive allemande sur Verdun. Le régiment tient un secteur très particulier où l'on fait une guerre toute spéciale, la guerre de mines. Il sera laissé encore assez longtemps en Argonne, malgré la nécessité où se trouve le commandement d'envoyer tour à tour les divisions à la grande bataille de Verdun. Une trêve de deux mois (avril – mai) passée dans l'Argonne orientale (Merliers) dissipera un peu la tension nerveuse que nécessite la tenue d'un secteur tel que la Fille-Morte. Le régiment, après ce demi-repos au secteur des Merliers, est remis dans son ancien secteur, reconquiert la crête de la Fille-Morte, perdue avant son arrivée, et y reste jusqu'aux premiers jours de septembre 1916. Le 12 septembre, la division, relevée, va au grand repos pour un mois dans la région entre Revigny et Bar-le-Duc. Le régiment occupe les cantonnements de Mussey et Mognéville (Meuse). A ce moment, l'offensive furieuse des Allemands contre Verdun est en décroissance depuis leurs derniers grands efforts du mois de juillet sur cette ville. Malgré le déclenchement d’une autre offensive franco-anglaise dans la Somme qui a eu le plus brillant début et sa répercussion presque immédiate sur le front de Verdun, les allemands sont toujours très près de la ville et le commandement sent la nécessité de dégager plus largement les abords de celle-ci. Le régiment est appelé sur ce champ de bataille célèbre par ses opérations. Le 15 octobre, il est relevé en chemin de fer et roule dans la direction de Verdun. Le 16, il cantonne dans cette ville. Le 17, il monte en ligne sur le front de la cote du Poivre – carrières d'Audremont, qu'il tiendra avec un seul bataillon les deux autres derrières échelonnés en profondeur. Dans ce secteur, très dur par la puissance des deux artilleries en présence, le régiment travaille à l'aménagement offensif de cette partie du front de Verdun en vue de l'attaque du 25 octobre 1916. Il est retiré du front précité dans la nuit du 23 au 24, en pleine préparation, pour aller à Belleray, cédant la place aux troupes d'attaques comme division de deuxième ligne. Cette action, bien préparée, à laquelle s'ajoute l'effet de surprise due au brouillard qui n'apparaît que le 24 au matin alors que tous les réglages sont terminés, réussit et donne pour la journée du 24, l'importante position du fort de Douaumont et 6.000 prisonniers, sans parler des lourdes pertes infligées à l'ennemi. Dans la nuit du 28 au 29 octobre, le régiment monte en ligne dans la partie du front immédiatement à l'Ouest du fort de Vaux, encore tenu par les Allemands. Cette relève qui s'opère par une nuit noire, dans une boue capable de produire l'enlisement, dans un terrain chaotique horriblement bouleversé d'où toute trace de végétation a disparu, est certainement l'effort physique et moral le plus pénible qui ait été demandé aux hommes du régiment pendant toute la campagne. Il s'ajoute, aux difficultés du terrain, un bombardement sans aucun répit qui intéresse une zone de 6 à 7 kilomètres de profondeur. Vers 2 heures du matin, harassé, diminué par les pertes (130 hommes tombés depuis 20 heures), le régiment arrive sur les positions qu'il doit tenir avec la première ligne à droite touchant à l'étang de Vaux : un bataillon à gauche au ravin de la Fausse-Côte ; un second bataillon en deuxième ligne au Sud de l'étang de Vaux, sa droite au ravin des Trois-Fontaines, surnommé par les combattants qui y sont passés depuis février 1916 le « ravin de la Mort ». Un bombardement de jour et de nuit, ne comprenant presque que du gros calibre, prouve que l'ennemi n'a pas accepté le recul que les français viennent de lui imposer le 24 octobre. Il sent la menace qu’ils accentuent sur le fort de Vaux, déjà tourné sur son flanc Ouest. Bien que les pertes soient incessantes et importantes, le régiment tient héroïquement sur ses positions. Le 3 novembre, il reçoit l'ordre d'attaquer ; deux bataillons s'élancent bravement sur les lignes ennemies et réalisent une avance importante qui contribue largement à la chute du fort de Vaux. Le dernier bataillon a conquis de haute lutte le village de Vaux, ou plutôt son emplacement (car il est complètement rasé par le bombardement), qu'il a dépassé largement. Un bataillon a atteint, malgré les feux très meurtriers des mitrailleuses ennemies, la tranchée de Ratisbonne qu'il occupe et retourne, face aux réduits du Muguet, de Lorient et d'Hardaumont. Le régiment continue à tenir malgré le bombardement toujours effroyable, malgré la boue, malgré le froid, malgré les privations, et, bien que ses effectifs soient très diminués, le dernier bataillon a franchi le ravin du Bazil et est venu en soutien des deux autres bataillons autour de l'abri 3603.

Vaux

Georges est mort le 3 novembre 1916 à Vaux. Il a d’abord été enterré au ravin de la fausse cote, a été transféré au cimetière de Fleury (arrondissement de Verdun, le 19 février 1921), puis le 23 mars 1926 à Fleury-devant-Douaumont, à la Nécropole National tombe 1363.

Horry georges 1 Horry georges 2

Merci à Brice Périn pour les photos.

Il est cité à l’ordre du régiment le 16 février 1916 : « Le 12 février 1916, aussitôt après l’explosion d’une mine, s’est porté sans hésitation à 20 mètres de nos lignes pour occuper l’entonnoir ».

Citation  au journal officiel du 24 octobre 1920 « sous officier très brave, au froit depuis le début de la campagne. Le 3 novembre 1916, devant Verdun, a entrainé sa section à l'assaut et a été tué à la tête de ses hommes donnant l'exemple du mépris du danger ».  Il a reçu pour ce fait une croix de guerre avec étoile de bronze (exemple ci-dessous).

Cdg 1 etoile bronze

 

HORY Raymond

Le 17/04/2018

Hory raymond

Il né le 7 juin 1892 à Fleury, fils de HORY Alfred Jules et CLOUZEAU Marie Marcelline. Jamais marié. Avant la guerre, il travaillait comme cultivateur.

Raymond est cousin avec Georges HORRY, une erreur s'est glissée dans l'état civil de son père Alfred.

Raymond est au 60e régiment d’artillerie, en train de faire son service militaire, quand la guerre éclate. Il est alors dans la région de Nancy, il est regroupé autour de Laneuveville-devant-Nancy. Les troupes de couverture, retirées à 10 kilomètres en deçà de la frontière, sont tenues en alerte continuelle. Le régiment livre son premier combat le 14 août, sur la frontière de Lorraine, près d’Arracourt, pour appuyer l’infanterie qui attaque Juvrecourt et Bezange-la-Petite. Deux groupes prennent position dans le ravin de Juvrecourt vers 11 heures, les deux autres groupes près de Haute-Riouville vers 16 heures. Le soir, les batteries bivouaquent sur place ; le 15 au matin, le combat reprend avec violence ; l'artillerie allemande, qui couronne les hauteurs de la rive droite de la Seille, fait tomber sur la cuvette d'Arracourt une grêle de projectiles de tous calibres, mais malheur à certaines batteries allemandes de 77 et de 105 qui ont négligé de se défiler complètement aux vues du régiment, il voit voler en éclats sous les coups ajustés, le matériel des batteries ennemies réduites au silence. Dans l'après-midi du 15, l'ennemi bat en retraite par échelon ; le 16 au matin il a disparu ; le régiment entre en Lorraine annexée. Il a payé ses premiers lauriers et a subi ses premières pertes. Ce premier combat avec l'artillerie ennemie fut rude et, pour n'en citer qu'un exemple, un projectile de 15 tombant au milieu des avant-trains de la 66 a tué 6 hommes et en a blessé 18, mettant hors de combat 37 chevaux. Les avant-gardes du 20e corps se heurtent le 19 août, dans l'après-midi, à des forces supérieures sur les hauteurs de « Kanonenberg », à l'Ouest de Morhange. Le régiment, en batterie près de Suzeling, protège le déplacement de la 11e division, puis reçoit l'ordre, à la nuit tombée, d'aller cantonner dans la région de Puttigny. C'est là qu'à 6 h20 un ordre pressant réclamait l'entrée en ligne du régiment de toute urgence. Un temps de trot de 8 kilomètres l'amène au moulin de Suzeling, où le commandant la 11e division demande l'appui des batteries. Mise en batterie rapide, réglage court, puis de violentes concentrations de feu s'abattent sur Conthil, où l'ennemi masse une grosse contre-attaque. Pendant plusieurs heures, le feu par rafales bat les abords de ce village, empêchant toute contre-offensive allemande et permettant à la brigade de se décrocher d'une attaque très en pointe. Il faut battre en retraite, les troupes qui sont à notre droite ont cédé depuis plusieurs heures et il reprend la route de Moyenvic. Vers 18 heures, dans hauteurs Nord de ce village des masses profondes d'infanterie allemande sortent de Morhange. Le 4e groupe met en batterie et tire au niveau sur ces objectifs qui sont à 8.000 mètres, les force à prendre un dispositif de combat et retarde leur marche. Le régiment repasse la frontière dans la nuit. Le 21 au matin, deux groupes sont mis en batterie à l'Est de Moncel. Leur mission est de permettre l'écoulement du corps d'armée. Ils en sont relevés vers 14 heures pour prendre position à Sornéville où s'engage un duel rapide entre la 8e batterie et une batterie allemande. Au soir, la retraite est reprise par Saint-Nicolas-de-Port sur Ville-en-Vermois. Le 22 août, à 13 heures, le colonel recevait l'ordre de porter deux groupes à l'Est de Manoncourt-en-Vermois et deux groupes à l'Ouest de Coyviller. Le 20e corps, faisant face à l'Est, se dispose à attaquer de flanc l'armée du prince de Bavière qui marche vers Charmes. La lutte d'artillerie s'engage et dure jusqu'au 25 au matin. L'artillerie de corps 20 reçoit alors l'ordre de s'établir sur la croupe Ouest de Flainval et de prendre sous son feu les hauteurs Léomont - Deuxville. Les Bavarois ont fait tête à l'attaque, offrant de superbes objectifs. La 12e batterie tire à 400 mètres, sans souci des balles qui claquent sur les boucliers. L'infanterie un instant bousculée, se reforme autour des pièces et, contre-attaquant à son tour, donne de l'air à la 12e. Les durs combats des 25 et 26, ont rendus le régiment maître des hauteurs du Léomont. Le 27 au matin, le 3e groupe prend position près de Maixe. Les 1er, 2e et 4e s'installent dans le ravin Ouest du Léomont – Le Moulnot. Les nombreux cadavres allemands qui jonchent ces positions témoignent de l'efficacité des 75. La lutte reprend avec acharnement pour la possession de Friscati - Saint-Evre, Mohon et Bonviller. En face, les drachens allemands sont maintenant levés et règlent de violents tirs d'artillerie lourde sur les batteries. Celles-ci reçoivent l'ordre de se protéger par des travaux de terrassement, et un réseau téléphonique relie les postes d'observation aux batteries et au commandement. Les Bavarois attaquent maintenant avec violence, leur artillerie lourde bat les routes, les ravins et les bois, jour et nuit. Dans la nuit du 4 au 5, les Allemands parviennent au Léomont. Les groupes sont alors reportés au Sud-Ouest de Flainval. Une batterie est mise à la disposition du 8e régiment et dirigée sur Hudiviller, où elle met en batterie le soir même. Pendant toute cette période, qui se termine le 12 septembre par la retraite précipitée des Bavarois, le régiment a assis sa réputation. Transporté en chemin de fer dans la région de Sommereux (Oise), après un court séjour au Nord de Toul, le régiment arrive le 24 septembre à Villers-Bretonneux. Le régiment s'apprêtait à y cantonner lorsqu'il apprend que le groupe de division de réserve vient d'être enfoncé. Le 25 septembre, les quatre groupes sont engagés à l'Ouest de Chuignolles (rive Sud de la Somme) dans un combat de rencontre acharné qui se termine le soir à notre avantage. Le 26, à 10 h. 45, un détachement se porte en colonne vers Maricourt et rencontre à l'est de ce village un bataillon de territoriaux et des éléments du 45e d'infanterie fortement accrochés par des Bavarois. Le 1er groupe se met immédiatement en batterie. Devant lui, des lignes de tirailleurs ennemis courent, se terrent, puis progressent encore, soutenues par des tirs-violents de 77 et 105. Elles sont si nombreuses qu'elles semblent une succession de vagues montant à l'assaut de Maricourt. L'infanterie, angoissée, exécute le tir rapide, puis, brusquement, les rafales rageuses de nos 75, tirant à toute vitesse, étendent sur l'ennemi, leurs voiles noirs. Quand la fumée se fut dissipée, la plaine apparut nue aux regards. Six fois les Bavarois renouvelèrent leurs attaques. Elles restèrent infructueuses. Le 1er octobre, un ordre du corps d’armée ordonne d'attaquer « avec violence l'ennemi, qui n'a dû laisser devant nous que des arrières gardes ». Les 1er et 4e groupes appuient l'attaque sur le bois Favières (tire 1.100 coups), mais le 79e ne peut déboucher du bois de Maricourt, fauché par des mitrailleuses invisibles. Une attaque de nuit menée par le 41e colonial n'a pas plus de succès. Le 2 octobre, la reprise de l'offensive est ordonnée, de Curlu à Carnoy. Elle se heurte à une attaque allemande, piétine, et, en fin de journée, les positions n'ont pas changé. Le 5 octobre, le front se stabilise. Les 3e et 4e groupes partent pour Berles-au-Bois, à la disposition de la 39e division d’infanterie, où déferle le flot allemand. Les 1er et 2e groupes restent à la 11e division d’infanterie jusqu'au 17 octobre, livrant des combats incessants. Le 20, les 1er et 2e groupes rejoignent les 3e et 4e après avoir prêté l'appui de leurs feux à l’artillerie de division 20 pour l'attaque de La Boisselle. Du 20 octobre au 2 novembre, les attaques allemandes dans le secteur Gommecourt - Monchy-au-Bois diminuent progressivement d'intensité. Le 2 novembre (la bataille de l'Yser est à son apogée), les 1er et 3e groupes partent en une colonne à laquelle est incorporé le 396e régiment d’artillerie de campagne pour Merville. En y arrivant, vers 22 heures, ordre est donné de partir immédiatement à Elverdinge (Belgique), où le corps de cavalerie de Mitry est fortement engagé. Le 1er groupe, demandé vers 15 heures, le 4 novembre, exécutait près du moulin de Zuidschote une mise en batterie après une étape de plus de 100 kilomètres. Deux groupes de l'artillerie de corps 20 sont placés en réserve d'armée, pendant que les 2e et 4e, sous le commandement du chef d'escadron Bossu, allaient à Dixmude appuyer la brigade de fusiliers marins de l'amiral Ronarc'h. Le détachement Bossu, engagé près de la digue, en terrain absolument découvert, sous un feu intense, contribue à arrêter par ses feux les nombreuses attaques que les Allemands lancent sur Dixmude. En batterie dans des prés bas, sans défilement, ces deux groupes ont déployé jusqu'au 17 novembre des qualités d'ingéniosité et d'héroïsme remarquables. Pendant ce temps, les 1er et 3e groupes, engagés avec la 39e division, mettaient en batterie le 6 novembre, le 3e groupe à l'Ouest et le 1er groupe au Nord du mont Kemmel. Le brouillard intense et persistant oblige les observateurs à aller aux avant-postes. Les Allemands attaquent avec acharnement Messines et Wijtschate. L’infanterie, très éprouvée, accueille avec joie l'entrée en ligne du 60e. Les tirs sont particulièrement appréciés, le 6 novembre au soir, sur l'enfer de Messines et, le 10 novembre, sur les batteries allemandes de Wijtschate. Le régiment se regroupe au couvent de Saint-Sixt (Nord de Poperinge) le 19 novembre. Les 11e et 39e divisions, tiennent le secteur de Langemark. Les 1er et 3e groupes sont affectés au secteur de la 39e division d’infanterie, les 2e et 4e au secteur de la 11e division d’infanterie. Pendant toute la période qui s'étend depuis le 20 novembre 1914 jusqu'au 15 avril 1915, le régiment est resté dans le secteur compris entre Saint-Jean, au Nord d'Ypres, et le canal de l'Yser à Lizerne. Le mauvais état et l'étroitesse des routes, la nature marécageuse du sol, les pluies incessantes, l'impossibilité de creuser des boyaux ou des abris, plus que le feu de l’ennemi, mirent le moral des hommes à rude épreuve. En dehors de la prise de Wydendreff par le 2e bataillon de chasseurs, précédée d'une préparation d'artillerie très violente d'un quart d'heure (4 décembre), de la prise de Itortekeer-Cabaret (17 décembre) sans préparation préalable, et de quelques coups de main ennemis (1er février, 6 mars, 8 mars, 16 mars), l'histoire n'aura aucun fait à relater.

Le 17 avril 1915, le régiment s'embarque à Esquelbecq pour l'Artois. Le régiment débarque à Etaples le 18 avril et se regroupe dans la région Hermaville-Haute - Avesnes. Les reconnaissances sont poussées le 19 dans la région est de Mareuil. Les 1er, 2e et 4e groupes au Nord-Est du village et à l'Ouest de la chaussée Brunehaut, le 3e groupe au Sud-Est de Mareuil. L'installation des batteries est entreprise à partir du 20 avril ; avec discrétion et les réglages à partir du 23. Les Allemands, inquiets, exécutent sur les pistes, routes et villages des tirs par rafales qui leur causent quelques pertes. Le 30 avril commencent les tirs lents destinés à protéger nos travailleurs d'infanterie qui préparent les parallèles de départ. Ces tirs sont continués toutes les nuits jusqu'au 8 mai. Les batteries sont dotées de fascines pour le passage des tranchées, les échelons rapprochés dans la vallée de Mareuil, l'approvisionnement en munitions complété à 1.200 coups par pièce. Le 29 avril, le 4e groupe est porté aux Pylônes (Est de la tranchée Brunehaut). Enfin, le 9 mai, à 6 heures, les batteries sont prévenues que l'attaque aura lieu à 10 heures. La préparation d'attaque commence très violente et est encore intensifié à partir de 9 heures. L’infanterie sort de ses tranchées, emporte les tranchées allemandes de première et de deuxième ligne, les villages de la Targette et des Rietz et s'arrête aux premières maisons de Neuville-Saint-Vaast. La 6e batterie se porte en avant au trot sur la route Mareuil - Neuville complètement vue et, aux applaudissements de l'infanterie, prend position en territoire reconquis près des Rietz. Cependant, l'artillerie ennemie réagit fortement : des mitrailleuses installées dans les caves de Neuville, au cimetière et au moulin limitent la progression du 20e corps. La ligne, en fin de journée, passait, assez incertaine, par les premières maisons de Neuville et le cimetière. Le 10 mai, « la guerre de maisons » s'engage. Les commandants de batterie, juchés sur les toits, font l'impossible pour répondre aux demandes de feu de l'infanterie, qui progresse péniblement de maison en maison. Les batteries se sont toutes déplacées et portées dans la nuit à l'est de la chaussée Brunehaut. La 12e batterie (mise à la disposition de l'artillerie de division 11, ainsi que les 10e et 11e) est portée en territoire reconquis vers le Profond-Val. Le 16 mai, une seconde attaque d'ensemble est ordonnée ; malgré l'aide constante de l'artillerie, qui consomme de grandes quantités de munitions et dont les tirs sont minutieusement réglés, les progrès sont lents à travers les ouvrages ennemis fortement organisés et abondamment pourvus de mitrailleuses. Le 23 mai, l'attaque du village de Neuville n'obtient pas de succès notable. Le 27 mai, la 39e division d’infanterie est relevée par la 5e division d’infanterie. Les attaques partielles reprennent, combats au couteau extrêmement durs dans lesquels les batteries ont des tirs extrêmement difficiles à exécuter en raison de la proximité des lignes dans le village. Le 9 juin, une attaque énergiquement menée par deux régiments, les rend maîtres de Neuville-Saint-Vaast. Les contre-attaques allemandes, très violentes, échouent sous les tirs de barrage parfaitement réglés. Après avoir appuyé une série d'attaques partielles destinées à améliorer les lignes, le régiment est relevé le 6 juillet et prend quelques jours de repos dans la région de Lucheux - Sus-Saint-Léger. Embarqué à Longpré et Pont-Rémy le 18 juillet, il se rend au repos dans la région de Lunéville (Damelevières - Blainville). Les 3e et 4e groupes sont enlevés à l'artillerie de corps 20 et forment l'artillerie de la 153e division du 20e corps. Le régiment, réduit aux 1er et 2e groupes, débarque le 30 et le 31 à Vitry-la-Ville et Songy et se rassemble le 1er septembre dans les bois d'Auve, tous mouvements de jour interdits. Les reconnaissances sont effectuées le 2 septembre dans la région de Minaucourt et des positions sont reconnues pour le 1er groupe à 300 mètres Nord et pour le 2e groupe 600 mètres Nord-Est de Minaucourt. Les travaux d'installation commencent le 3. Le 2e groupe, placé à contre-pente, s'enterre ; le 1er groupe n'édifie que des abris légers. Des postes d'observation sont installés, l'un à la cote 180, l'autre à la cote 160. Les missions de chaque batterie sont définies : elles consistent en contre-batterie et interdiction sur les pistes, routes (Ripont, Rouvroy, la Dormoise). Une antenne réceptrice de télégraphie sans fil installée au poste de commandement du colonel permet d'effectuer des réglages nombreux par avion à partir du 12. Les tirs sont contrôlés par des photos d'avions. A partir du 22, des tirs de contre-batterie sont entrepris et menés sur toutes les batteries ennemies placées au Sud de la Dormoise ; les pistés, routes et ponts sont battus sans répit. Enfin, le 25 septembre, à 9 h. 15, l'attaque d'infanterie progresse sans pertes jusqu'à Maisons-de-Champagne. Vers 11 heures, les régiments divisionnaires se portent en avant, le régiment prend ses missions au pied levé. Un ouvrage construit en contrepente au Sud de la Dormoise, « l'ouvrage de la Défaite », arrête les progressions. Il est attaqué à 15 heures, après une concentration de feux très violente des six batteries du 60e, conquis et dépassé, mais une contre-attaque les rejette sur la ligne Maisons-de-Champagne - tête du ravin de l'Etang. L'aviation signale des colonnes ennemies dans Ripont et Rouvroy ; une dispersion est effectuée mais la nuit arrive sans que la progression ait pu être reprise. L'artillerie allemande s'est repliée au Nord de la Dormoise et couvre de projectiles nos nouvelles conquêtes. Le 26, la 2e batterie est portée à la borne 4 du ravin de Marson, d'où elle peut atteindre le parc de Fontaine-en-Dormois. Les autres batteries, constamment alertées, sont à la disposition des avions de surveillance pour battre tous les objectifs qu'ils signalent dans la zone du corps d’armée Les tirs d'interdiction sont poursuivis de nuit. La consommation journalière est de 800 coups par pièce. Le mont Têtu, pris le 28, leur donne un excellent poste d'observation sur les pentes de la Dormoise. Malheureusement, il est à 20 mètres des tranchées allemandes et en butte au tir incessant des minenwerfer. Une ligne de 4 kilomètres le relie aux batteries ; son entretien nécessite un effort magnifique de la part de nos braves téléphonistes. Jusqu'au 30 septembre, une série d'attaques partielles, ayant pour objectif principal l'ouvrage de la Défaite, sont menées journellement sans résultat. L'artillerie ennemie réagit avec violence, surtout en obus à gaz, et cherche les batteries. La traversée de la vallée du Marron, constamment infectée, ne peut se faire qu'avec le masque sur la figure. L'attaque de l'ouvrage de la Défaite doit être reprise, le 6 octobre. La préparation de l'opération commence le 4 et est continuée de jour et de nuit jusqu'au 6, à 5 h. 20. Les 1er et 2e groupes exécutent un barrage ininterrompu toute la nuit sur la Dormoise. L'attaque échoue. A partir du 8 octobre, les attaques d'infanterie sont suspendues, mais de nombreuses batteries allemandes ont repassé la Dormoise et sont attaquées méthodiquement par les tirs. Le 21 octobre, les 1er, 2e et 66 batteries, sont mises à la disposition pour participer, avec le 86 régiment, à une attaque sur la butte du Mesnil. Cette attaque échoue (25 octobre). Le 25 octobre, les batteries reçoivent l'ordre de s'installer pour hiverner. L'artillerie allemande, devenue très nombreuse, bombarde toute la région avec violence. Le secteur reste agité pendant tout le mois de novembre, puis le calme s'établit avec le mauvais temps. C'est alors, jusqu'au 24 décembre, la lutte sans gloire contre les tranchées qui se bouchent, les abris qui s'effondrent, les chemins où s'enlisent les convois, et le cafard qui accompagne les merveilleux espoirs déçus. Le 25 décembre, le régiment quitte le secteur, s'embarque les 28 et 29 dans la région de Blesme - Vitry-le-François et débarque, les 30 et 31 décembre dans la région de Vézelise, où il prend ses cantonnements de repos (Chaouilley, Eulmont, Battigny).

Le 31 janvier 1916, le régiment va cantonner dans la région de Rambervillers (Roville-aux-Chênes et Saint-Maurice-sur-Mortagne). Le 12 février, la 5e batterie est détachée au 86e régiment d'artillerie et se rend à Neuviller-sur-Moselle. Le 18 février, enfin, le régiment reçoit l'ordre d'aller cantonner à Bainville-aux-Miroirs et Roville-devant-Bayon. Le 22 février, un ordre urgent de l'armée fait embarquer le régiment, par alerte à Bayon. Débarquement dans la nuit du 22 au 23 à Longeville (près de Bar-le-Duc), cantonnement à Montplonne (17 kilomètres Sud de la voie ferrée). Mais la préparation d'artillerie allemande sur la rive droite de la Meuse est commencée ; le 60e est appelé en toute hâte dans la région du fort de Douaumont. Le 1er groupe se met en route le 23, à la nuit, par un froid intense et une route couverte de verglas ; les chevaux glissent, tombent ; les voitures roulent dans les fossés. Il marche toute la nuit ; arrivé à 7 heures du matin à Courouvre, il en part à 16 heures ; l'ordre de reconnaissance atteint le commandant vers minuit, près d'Ancemont. Le groupe traverse au trot ce village bombardé de cinq minutes en cinq minutes et reprend sa marche sur où il arrive à 3 heures. Il a couvert 110 kilomètres en 51 heures et se met immédiatement en batterie à 800 mètres Ouest du fort de Douaumont (ravin de la Mort). Le 2e groupe le suit à vingt-quatre heures de distance et prend position en bordure du bois de Vaux-Chapitre, à 200 mètres Sud-Est de Souville. La journée du 25 est extrêmement calme. La reconnaissance des lignes faite dans la matinée par les commandants de groupe et de batterie n'est pas inquiétée. Les Allemands avancent leurs batteries. Le 26 au petit jour, les capitaines du 1er groupe se rendant au fort de Douaumont pour y installer leur poste d'observation sont reçus à coups de fusil ; le fort a été pris dans la nuit. Le bombardement par tous les calibres reprend. Le 1er groupe tire à vue sur le fort et interdit toute progression à l'ennemi. L'attaque du village de Douaumont est brisée par les barrages et une contre-attaque de l’infanterie leur rend un petit ouvrage perdu la veille. A 23 heures, le 1er groupe, trop aventuré, reçoit l'ordre de prendre immédiatement position au Sud de Souville, à 200 mètres est de la batterie de l'hôpital. Le 27, dans l'après-midi, l'ennemi s'acharne sur le village de Douaumont, qu'il veut prendre à tout prix ; il déclenche attaque sur attaque et le bombardement s'intensifie encore pour détruire ces batteries de campagne dont les barrages contiennent ses assauts. Pas un instant les tirs ne s'arrêtent. Jusqu'au 8 mars, l'ennemi lance de perpétuels assauts de nos tranchées ébauchées et subit de perpétuels échecs malgré la densité de ses formations d'attaque. Pendant dix jours de lutte par un froid intense et sous un bombardement infernal, sans abri, les artilleurs tirèrent jour et nuit. Le 8 mars au soir, le 12e régiment d’artillerie de campagne vient relever le régiment au cours d'une préparation d'attaque allemande. On décide de laisser les pièces, en place pour ne pas interrompre le tir ; les pièces démolies seules sont remplacées. Les batteries quittent les positions à pied vers 22 heures et se rendent aux casernes Chevert. Elles traversent Verdun, désert, et se rassemblent près de Landrecourt où elles attellent les canons, du 12e. Le 10, le régiment va cantonner à Beuray et en repart le 13 pour Seraucourt et Courcelles-sur-Aire, où il reçoit des renforts en officiers, hommes et chevaux. Les Allemands poursuivent l'exécution de leur plan d'attaque sur Verdun en passant à une nouvelle offensive déclenchée sur le front Avocourt - Cumière. Une notable partie de leur artillerie de la rive droite a été transportée sur ce nouveau front, sur lequel ils vont tenter d'obtenir cette « décision » qui leur a échappé jusqu'à présent. Le 29 mars, le régiment vient cantonner à Jubécourt. Les reconnaissances sont faites le 30 dans la région Esnes – Montzéville et les positions occupées dans la nuit du 30 au 31. Les 1er et 2e batteries au Nord de la cote 310, la 3e batterie en deux sections, l'une au calvaire d'Esnes, l'autre à 500 mètres à l'Ouest du calvaire, près de la route Esnes - Avocourt. Le 26 groupe au Sud-Est de la cote 310, où il relève le 2e groupe 53e régiment d’artillerie de campagne. La 11e division tient le secteur. Les Allemands exécutent chaque jour des tirs sur zones très intenses ; leur aviation très active, repère les batteries qui sont soumises à des tirs de 300 coups de gros calibre. Des drachens nombreux (et sans doute l'observatoire de Montfaucon) déclenchent une riposte immédiate à toute manifestation de notre part. Cependant, tous les barrages demandés par fusée ou télégraphie optique sont exécutés instantanément ; leur densité et leur précision permettent à l’infanterie, surmenée, d'organiser la résistance. Dès le 3 avril, nos postes d'observation sont poussés à la cote 304, à 5 kilomètres des batteries. Il faut organiser des relais téléphoniques et un poste optique sur les pentes Sud de la cote 304. Les téléphonistes qui occupent ces postes, sont soumis, de jour et de nuit, à l'arrosage intensif des gros calibres ennemis. Le 8 avril, le 37e régiment d’infanterie est obligé d'évacuer Béthincourt. Le 9, les Allemands attaquent les ouvrages de Lorraine et d'Alsace dont ils s'emparent, mais les barrages du 60e les empêchent d'en déboucher. Toute la journée et toute la nuit, les batteries reçoivent de véritables trombes d'obus de gros calibres, mais, par leur travail acharné, elles ont construit en huit jours des sapes à l'épreuve, et les pertes sont légères. Le 1er groupe effectue seize barrages de 6 à 23 heures. Le 15, nouvelle attaque allemande écrasée par le feu. Le 29 mai, l'artillerie de corps 20 fait mouvement pour se rendre à Plachy-Buyon et Nampty. Le 30, les deux groupes vont à Glizy, les reconnaissances partent le même pour la région Nord de Suzanne. Comme en Artois, en Champagne et à Verdun, les positions de batterie sont à créer en entier. Les travaux commencent le 2 juin ; le 1er groupe se place en bordure de la route Suzanne - Maricourt, sur l'emplacement qu'il avait occupé en septembre 1914 ; le 2e groupe au Sud-Ouest de Maricourt. Les batteries sont armées le 9 juin. La mission du Régiment est de contre-batterie et d'interdiction. Les réglages commencent le 12 juin et sont poursuivis avec discrétion jusqu'au 25 juin, presque tous par avion. L'attaque en liaison, à gauche avec l'armée anglaise est fixée au 1er juillet. La préparation d'artillerie commence le 25 juin. Elle consiste, pour le 60e, en tirs de neutralisation sur les batteries, en tirs de nuit sur les routes de ravitaillement ennemi et en tirs d'entretien de destruction. Les 29 et 30 juin, les tirs sont menés alternativement en obus explosifs et en obus spéciaux. Le 1er juillet, l'attaque des 118e et 396e division d’infanterie part à 7 h. 30. La 2e batterie est à la disposition de son capitaine pour tirer sur les objectifs fugitifs dans la zone de la 11e division (carrière du Fond, calvaire du Curlu, carrière d'Eulembourg, Curlu). Les autres batteries exécutent des tirs de neutralisation sur les batteries signalées en action. Tous les objectifs sont atteints dans la matinée, sauf le village de Curlu, qui ne tombe qu'à 18 h. 30, après une intense préparation d'artillerie. Les 2 et 3 juillet, la chasse aux batteries allemandes continue. Le 4 juillet, le 2e groupe est mis à la disposition de l'artillerie de division 11. Le 5, le 1er groupe est mis à son tour à la disposition de l'artillerie de division 11 pour préparer l'attaque de Hem et du bois du Sommet. Ils reçoivent une mission de barrage pendant le déplacement des batteries du 8e. Le 7, le 2e groupe se porte en avant au Sud de la Somme et prend position au Sud du bois de Méréaucourt, d'où il prend en enfilade les tranchées ennemies de la zone Nord. Le 1er groupe, tout en conservant sa mission de barrage, tire en contre-batterie et se porte le 11 en avant du bois Y (Nord du moulin de Fargny). Du 12 au 30 juillet, la lutte d'artillerie continue violente et sans répit. De nombreuses concentrations de batteries de tout calibre, sont exécutées de jour et de nuit sur les nids de batterie, les villages et les bois. L’infanterie atteint les lisières de Maurepas et prend la ferme Rouge. Le 30, à 4 h. 45, une attaque des 78e et 20e corps enlève la halte de Maurepas, le bois de Hem et celui de la Pépinière. Les batteries prennent par roulement un repos de deux jours au camp du Hamelet. Puis, ce sont, les 11, 12, 13 et 14 août, des attaques successives qui les rendent maîtres d'une partie de Maurepas et d'un certain nombre de tranchées, attaques que le 60e appuie. Le nombre de canons mis hors service dans les batteries du régiment entre le 1er juin et le 14 août est de trente-neuf. Le 16 août, l'artillerie de corps 20 passe sous le commandement de l'artillerie lourd 1. Le 18 août, attaque par le 1er corps qui progresse au-delà de Maurepas et sur la rive Nord de la Somme. Le 24, attaque anglo-française qui progresse peu. Le 25 août, les deux groupes du régiment sont relevés et vont cantonner à Blangy-Tronville. Pendant toute cette période, les officiers et les hommes, dominant une fatigue physique et nerveuse écrasante, n'ont cessé de remplir avec précision les missions variées qui leur ont été confiées. Pas un instant, leur ardeur n'a faibli. Le 20e corps est mis au repos dans la région d'Eu- Le Tréport, après long effort sur la Somme. Du 29 août au 8 octobre, le régiment se repose, se complète et se remet au travail, instruisant les officiers, les cadres, les pointeurs, les téléphonistes, soignant les chevaux. Un cours destiné à former les détachements d'observation et de liaison est installé pour toute l'artillerie du corps d'armée à Eu, sous la direction du commandant la 2e batterie. Le 12 octobre, le régiment va cantonner à Poix, où l'instruction continue. Le 26 octobre, le régiment se transporte à Amiens et Saint-Martin-le-Pauvre (20 kilomètres de Poix). Le 13 novembre, l'artillerie de corps 20 reçoit l'ordre d'aller cantonner à Nampty et Neuville-sous-Loeuilly et part le 17 pour le camp du Hamelet, d'où les reconnaissances partent pour relever les deux groupes du 46e. Le 1er groupe à la chapelle de Combles ; Le 2e groupe au bois du Mouchoir. Les positions disparaissent sous la boue, les abris sont à peine ébauchés, car la progression des troupes vient de finir ; les postes d'observation n'existent pas, le camouflage est nul. Le 1er groupe, aux ordres de l'artillerie divisionnaire 39, a une mission de barrage devant Saillisel et une mission d'interdiction sur les arrières. Le 2e groupe, sous les ordres de l'artillerie lourde 20, a une mission de contre-batterie et d'interdiction. Les échelons sont dans le ravin de Suzanne - Maricourt, sur un terrain couvert de 15cm de boue et sans abris. L'artillerie allemande est très active. La bataille de la Somme touche à sa fin. Une attaque du 9e zouaves sur le bois de Saint-Pierre-Vaast échoue. Le temps et l'état du terrain rendent toute opération impossible. Les avant-trains eux-mêmes ne peuvent accéder aux positions de batterie. Les munitions sont apportées par des chevaux munis de sacs et transportant huit cartouches par cheval. Les batteries ennemies, craignant toujours une attaque, exécutent des tirs d'interdiction très nourris de jour et de nuit.  Le 26 novembre, l'artillerie de corps 20 reçoit l'ordre de s'installer pour une période de stabilisation en attendant que le temps permette la reprise des attaques. Le 12 décembre, l'artillerie anglaise vient relever les deux groupes, elle trouve une route solide conduisant aux batteries, des abris à munitions étanches et des abris sérieux pour les hommes. Les commandants de batterie règlent les barrages anglais et les batteries sont relevées par section dans les nuits du 12 au 13 et du 13 au 14 décembre 1916. L'artillerie de corps 20 embarque à Couty dans la nuit du 18 au 19 et débarque le 20 à Jarville. Pendant cette période, le commandement du régiment a été exercé par le chef d'escadron Vellicus. Du 21 décembre 1916 au 13 janvier 1917, le régiment prend part à des exercices de cadres et à des manœuvres avec l'infanterie au camp de Saffais. Un cours d'observation et de liaison est organisé à Xeuilley.

Le 13 janvier, le régiment cantonne à Jarville et Houdemont ; le 14, les reconnaissances partent de Tomblaine : Le 1er groupe relève le 3e groupe du 86e près de Jeandelaincourt (Sud de Nomeny) ; Le 2e groupe est dans la région d'Amance. C'est un secteur calme tenu par une brigade d'infanterie territoriale. Les batteries, le plus souvent en deux sections séparées, sont fort éloignées les unes des autres. Chaque pièce a trois ou quatre barrages ; le front est très étendu. Les positions de batterie sont parfaitement aménagées. Le froid, est extrêmement vif (de -15 à -18°c). Le service de guetteur aux fusées, organisé pour chaque section dans des guérites juchées dans les arbres, revient pour chaque homme tous les deux ou trois jours. Les alertes par officier d'état-major sont fréquentes ; enfin il tire très peu cinq coups par batterie et par jour. La présence du 20e corps, connue des Allemands par un prisonnier, les tirs de vérification des barrages exécutés par les capitaines habitués à de grosses consommations de munitions, agitent le secteur. Les Allemands font un coup de main sur Létricourt. Les barrages rapides, serrés et précis, exécutés à cette occasion par le 1er groupe, font dire à nos braves territoriaux « qu'ils se sentent en parfaite sécurité avec une telle artillerie ». Le 1er groupe quitte ses positions le 17 février, à 4 heures, et arrive aux échelons, à Montenon, à 7 heures. Le 2e groupe est relevé par le 4e groupe du 12e. Le régiment part pour Jarville le 19 et y embarque en chemin de fer dans la nuit du 19 au 20. Débarqué à Mézy, près Château-Thierry, dans la nuit du 20 au 21, l'artillerie de corps 20 va cantonner : le 1er groupe à Chézy-en-Orxois, le 2e à Saint-Gengoulph. Les commandants de groupe sont appelés à Vauxcéré le 22 près du commandant de l’artillerie lourde 20, pour y recevoir leur future mission et reconnaître les positions de leur groupe. Le 1er groupe sera à la lisière Nord-Ouest du bois Boyer, dans le ravin de Venderesse, à 700 mètres des premières lignes. Le 2e groupe près du moulin Gillot, à la même distance des lignes. Du 23 février au 15 mars, le régiment attend son entrée en ligne et met ce temps à profit pour continuer les instructions commencées (gradés et spécialistes). Le 15 mars, des travailleurs partent organiser les positions reconnues le 22 février. Le reste du régiment vient bivouaquer à l'Ouest de Barbonval le 26 mars et les batteries sont armées dans la nuit du 26 au 27 mars. Du 27 mars au 9 avril, les travaux sont continués de nuit. Il est interdit de bouger dans la journée. L'eau, proche du sol, empêche de creuser des abris à l'épreuve, et les Allemands, inquiets, arrosent fréquemment routes et vallées. Un réseau téléphonique très complet, placé dans des tranchées spéciales, est monté ; des points d’observation sont organisés ; trois jours de feu sont amenés sur les positions. Les officiers, enfin, munis de plans directeurs très complets et de nombreuses photographies aériennes, étudient le terrain de l'attaque. Le 9 avril, les réglages sont commencés par l'aveuglement des observatoires ennemis. Les groupes ont une mission de contre-batterie et d'interdiction. Les tirs de nuit, à raison de cinquante coups par batterie et par heure, sur les routes et pistes, sont ouverts dans la nuit du 10 au 11 avril. Leur position avancée permet aux batteries d'atteindre le mouvement ennemi dans sa région sensible, mais nos ravitaillements ne peuvent se faire que la nuit et en passant à quelques mètres des tranchées de première ligne. Il faut entourer les chaînes de chiffons, passer voiture par voiture et en silence. A partir du 12 avril, la préparation d'artillerie commence formidable. Les réglages par avion et ballon sont rendus impossibles par le mauvais temps. Il faut agir par réglage sur but auxiliaire et transport de tir. Les batteries ennemies sont prises à partie les unes après les autres et soumises à des concentrations violentes, les tirs de nuit intensifiés. Le 15, le déplacement vers l'avant de l'artillerie de corps 20 est préparé et sa future position fixée au Nord de Crandelain-Malval. Le 16 avril, à 6 heures du matin, notre infanterie se porte à l'attaque. Elle progresse de 200 mètres, puis est arrêtée par des mitrailleuses nombreuses et le tir d'une artillerie qui s'est dissimulée jusqu'alors. Le tir de contre-préparation allemand, très dense, s'est déclenché une heure avant l’attaque. Le commandant la 2e batterie, parti avec l'infanterie pour installer un poste d'observation sur le Chemin-des-Dames, voit un de ses téléphonistes tué d'une balle de mitrailleuse à la tête et ne peut progresser. La mission du 8e régiment d’artillerie de campagne, qui est sur roues, est prise par le 60e, qui exécute, en plus de sa mission, de nombreux tirs d'appui et de barrage malgré le tir sur zone allemand très violent. Quatorze hommes sont tués ou blessés au 1er groupe. Des avions allemands volant très bas mitraillent nos ravitaillements qu'on a dû demander en raison de la consommation. Au cours d'un de ces ravitaillements, une colonne revenant à vide de la position, sous les ordres du maréchal des logis Kennel de la 6e batterie, est atteinte par une salve de gros calibre. Un canonnier est tué, ainsi que de nombreux chevaux. La colonne s'arrête. Le tir ennemi ne cessant pas, il faut alors faire partir les voitures restantes. La nuit du 16 au 17 fut dure, la journée du 17 plus dure encore. Il faut reconstituer les approvisionnements en munitions par des routes encombrées et battues de tirs incessants, répondre aux nombreuses demandes de barrage, effectuer des tirs d'interdiction, renouer les communications téléphoniques hachées, neutraliser les batteries ennemies. Du 17 au 23 avril, les tirs se poursuivent méthodiques, précis, rapides toute la journée. L'infanterie progresse lentement au prix de pertes lourdes. Le mauvais temps complique tout. Le 23 avril, le 2e groupe, réglé par avion, reçoit 300 coups de 15 centimètres (deux canons et trois abris à munitions écrasés). Les 28, 29 et 30 avril, le 1er groupe est soumis à un tir violent de très gros calibre, visiblement destiné à une batterie du 39e qui s'est placée devant lui, et perd cinq hommes et deux canons. Du 1er au 5 mai, les tirs se ralentissent. Une attaque menée le 5 mai pour rectifier notre première ligne échoue. A partir du 10 mai, les deux groupes reçoivent une mission de barrage et d'appui direct devant la tranchée de la Pie et Les Vauxmairons. L'infanterie reçoit avec joie la visite des officiers des batteries en première ligne ; les barrages sont fixés et vérifiés devant les commandants de compagnie. L'activité du combat diminue. Le 20 mai, le régiment est relevé. Les commandants de groupe et de batterie sont enlevés en camionnette et vont reconnaître de nouvelles positions de batterie à La Montinette, près de Margival. La mise en batterie s'effectue dans la nuit du 22 au 23 mai. Les troubles qui sévissent dans certains régiments n'effleurent même pas le 60e. Les groupent ont pour mission l'appui direct devant les tranchées du moulin de Laffaux, occupées par l'infanterie du 37e corps. Ils relèvent deux groupes d'artillerie coloniale artillerie de corps 1 ; positions à peine ébauchées très peu camouflées, postes d’observations inexistants, munitions en vrac. Le secteur est calmé. Pendant la période du 22 mai au 8 juin, les batteries exécutent de nombreux tirs de harcèlement. Des barrages fréquents sont demandés entre le 2 et le 8 juin. Le tir ennemi s'acharne sur la 2e batterie, qui doit changer de position. Les sapes qu'elle a construites en cinq jours lui évitent toute perte humaine. Les capitaines, toujours à l'affût, découvrent des entrées de creutes qui sont attaquées à obus spéciaux. Le 9 juin, les groupes sont relevés par le 62e régiment d’artillerie de campagne. Ils embarquent à Villers-Cotterêts le 13 juin, embarquent à Vézelise le 14 et vont cantonner à Xeuilley, Parey-Saint-Césaire et Thélod. Le 30 juin, le 2e groupe va relever des batteries du 110e régiment d’artillerie lourde dans le secteur d'Aboncourt-sur-Seille, tenu par les 82e régiment d’infanterie territoriale et 83e régiment d’infanterie territoriale. Le 1er juillet, le 1er groupe relève dans le bois de la Lampe (Ouest de Mamet, secteur Ouest du Bois-le-Prêtre) le groupe Allemandet, du 260e. Les tranchées sont tenues par la 153e division d’infanterie. Le secteur du 2e groupe est moins calme. On y pratique les réglages journaliers et le jeu des représailles. Le secteur du 1er groupe devient un peu plus agité. L'ennemi tente de connaître nos intentions par de nombreux coups de main (14, 15, 19, 20, 25 juillet). Une préparation violente précède toujours ces coups de main. Le régiment y répond coup pour coup. Le 26 juillet, le 1er groupe, relevé par le groupe Allemandet, va retrouver à Villers-Saint-Etienne le 2e groupe, relevé le 19. Le 60e régiment d'artillerie est classé à la réserve générale d’artillerie. Le régiment embarque à Toul le 29 juillet et débarque le 30 à Villers-Doncourt où il reçoit l’ordre que le régiment est à disposition du 13e corps d’armée pour une action offensive au bois d’Avocourt. Le régiment bivouaque le 31 dans le bois Le Comte, au Sud de Brabant-en-Argonne. Le temps est abominable, l'arrivée et l'installation de nuit sont pénibles. Les commandants de groupe partent en reconnaissance et choisissent des positions dans la zone indiquée par l’artillerie divisionnaire 25 : Le 1er groupe en pleine forêt, à 100 mètres Ouest de la Croix-Prêcheur ; Le 2e groupe, à cheval sur la route-carrefour de Santé-Avocourt, à 2.500 mètres au Sud du village. Ce sont des positions à créer. Le 1er groupe n'a ni route ni chemin et la pluie a tout détrempé. L'approvisionnement à constituer est de 14.000 coups par groupe. La mission du régiment est de préparer et d'accompagner l'attaque du bois d'Avocourt. Dès le 2 août, une équipe de travailleurs par batterie commence l'aménagement des positions. Il faut se procurer, du matériel de voie de 40cm sans lequel l'accès des positions serait impossible (800 mètres pour le 1er groupe), monter la voie, la camoufler, déboiser dans la mesure strictement indispensable, amener à pied d'œuvre les matériaux, les munitions, le matériel monter les liaisons. Tous ces travaux, par une pluie incessante, sont extrêmement pénibles. Le montage-de la voie, en particulier, nécessite des prodiges d'ingéniosité en raison de la diversité des éléments récoltés un peu partout et plus ou moins abîmés. Les routes sont battues par des tirs allemands d'interdiction à obus explosifs et à obus à gaz. Le 10 août, les batteries sont armées et prêtes. Les barrages, préparés avec soin, sont vérifiés à 16 heures et donnent entière satisfaction. L'approvisionnement est porté à 6.400 explosifs, 900 à balles et 750 spéciaux par batterie. Le mauvais temps persistant rend les réglages difficiles. Le personnel et les chevaux sont très fatigués. Les tirs d'interdiction et de harcèlement commencent le 15 août. L'ennemi y répond avec violence. Toutes les nuits, les routes se garnissent de cadavres de chevaux qui gênent la circulation. L'aviation ennemie, très active, cherche les batteries, mais celles du régiment échappent complètement à ses vues. Le 18 août, on procède à un simulacre de préparation d'attaque de 17 heures à 18 heures. Les Allemands y répondent en inondant les batteries d'obus à gaz (2 officiers, 9 hommes évacués) ; le 53e régiment est très éprouvé. L'attaque systématique par le feu des boyaux et tranchées ennemies est entreprise le 19 au matin et dure toute la journée ; elle est suivie, la nuit, par des concentrations en obus spéciaux à dose massive. Le 20, à 3 h. 10, la préparation commence, formidable, et, à 4 h. 40, l'infanterie bondit hors des tranchées derrière notre barrage roulant. Tous les objectifs sont atteints, le feu est arrêté à 5 h. 50. Des reconnaissances protégées par des tirs d'encagement vont reconnaître les tranchées de seconde ligne et les trouvent occupées. Une épaisse fumée règne sur tout le champ de bataille, empêchant les communications optiques. Le barrage roulant est repris à 8 h. 45 et se fixe à 9 h. 40. A 12 h. 20, l'ennemi contre-attaque, mais ne peut progresser. Il lance de nouvelles contre-attaques à 14 h. 25, 15 h. 35, 17 heures, 18 h. 40, 20 heures et 21 heures, qui, toutes, échouent. Pendant la nuit, barrages et contre-préparations se succèdent presque sans arrêt. Il faut ravitailler dans la nuit, sous un tir qui tue ou blesse 9 hommes et 24 chevaux. La journée du 21 août est marquée par de nombreuses réactions ennemies, toutes sans succès (consommation moyenne, 1.500 coups par batterie). Le 22, l’infanterie organise ses conquêtes et demande de nombreux tirs de contre-préparation et de représailles. Le 24 août, les divisions placées à notre droite prennent la cote 304 et le Mort-Homme. Le régiment exécute pendant cette action la même préparation et les mêmes barrages roulants que les corps d’attaque pour tromper l’ennemi sur notre intentions (consommation moyenne, 1.100 coups par batterie). Du 25 août au 10 septembre, la lutte continue violente et acharnée de la part des Allemands, qui veulent reprendre les positions conquises. Les groupes qui entourent le régiment sont successivement écrasés. Grâce à une discipline exemplaire et à une science du camouflage, les groupes du régiment ne subissent pas de tirs réglés. Le 11 septembre, le régiment est relevé et se regroupe aux échelons bombardés de Bois-le-Comte et se dirige par étapes sur Cheminon-la-Ville. A Cheminon, le régiment se sépare de ses chevaux. Le 21 octobre, le régiment, enlevé en camions, est transporté à Chancenay et Beaudonvillier, près Saint-Dizier. L'instruction reprend. Le 17 novembre, le 2e groupe est transporté par l'unité de transport à Baroué. Les 1er et 2e groupes, embarqués en chemin de fer à Eurville, débarquent à Bayon le 19 et sont menés à leur cantonnement par l’unité de transport. Les reconnaissances sont effectuées dans la région de Lunéville en vue d'un renforcement éventuel. Le 18 décembre, le régiment est mis à la disposition de la célèbre division marocaine, qui occupe le secteur Flirey - Seicheprey, en vue d'un coup de main de grande envergure préparé par un certain nombre de régiments d'artillerie automobile de tout calibre entrant en action presque sans réglages préalables. Le 1er groupe est en batterie au bois de la Voisogne, les 2e et 3e groupes sont à cheval sur la route de Bernécourt à Beaumont. La vie journalière est assurée par des voitures hippomobiles prêtées par l'artillerie de la division marocaine. Les travaux et approvisionnements sont menés rapidement.

Le 6 janvier 1918, les barrages très compliqués attribués au 60e sont vérifiés (au cours de l'attaque, le 1er groupe doit faire sauter son barrage roulant par-dessus les troupes d'assaut et le continuer ensuite sans changer sa cadence). Le 7, la préparation est mise en train dans la matinée et l'attaque par la légion et le 8e tirailleurs sort à 12 h. 45. Tous les objectifs sont rapidement atteints et les légionnaires, à leur retour des lignes, acclament les batteries. L'ennemi ne réagissant pas, les groupes sont enlevés en autos le 10 et sont transportés au camp de Nixéville (Nord de Souilly), où ils arrivent le 12. Les reconnaissances partent le 13. Le 1er groupe relève un groupe du 41e au Nord des bois Bourrus, les 2e et 3e groupes au Nord du bois d'Haudromont, où ils relèvent l'artillerie de corps 1. Relève d'hiver pénible avec nos moyens de transport encore peu nombreux, par des routes couvertes de verglas où les camions glissent et culbutent (7 blessés). Du 14 janvier au 24 février, ce qu'il y a de nouveau dans le personnel ; du 60e s'entraîne. Les coups de main sont nombreux de part et d'autre, les tirs répétés, l'agitation constante. Les abris sont améliorés, des positions de repli amorcées, des observatoires créés. Les groupes sont relevés dans les nuits du 23 au 24 et du 24 au 25 février par le 272e, puis sont transportés à Givry-en-Argonne, où ils restent en réserve d'armée jusqu'au 7 mars. Le 8 mars, le régiment est mis à la disposition de la IVe armée, qui l'affecte au 30e corps pour des travaux à exécuter sur le front de Champagne. Le 28 mars, les groupes sont dotés de leurs moyens de transport presque complets. Le régiment se rassemble à Bouy et part le 1er avril pour la région de Conty (Sud d'Amiens). Il cantonne le 6 à Monsures et reçoit, à 16 heures, l'ordre de se préparer à faire mouvement la nuit suivante. A 18 h. 15, nouvel ordre : « Dès le reçu du présent ordre, les commandants de groupe et de batterie se porteront en reconnaissance à Fouencamps, près de Boves, à l’artillerie divisionnaire 29, pour effectuer une mise en batterie le 7 au matin près du bois de Gentelles. » La mission est donnée par le général Rebillot au détachement duquel le régiment est affecté : « Tirer sur les Allemands. » Les routes sont encombrées de paysans fuyant l'envahisseur dû à une grande offensive et au repli anglais. Les reconnaissances sont impossibles de nuit. Les batteries arrivent à Fouencamps vers 2 heures et sont mises en batterie au jour en rase campagne : les 1er et 2e groupes, au Sud de la grande route de Péronne ; le 3e groupe au Nord et à l'Est du bois de Gentelles. Quelques batteries anglaises sont près d’eux, protégées par des paquets, d'infanterie anglaise. La position de Gentelles, clef d'Amiens, doit être défendue à tout prix. Les munitions sont apportées, les lignes téléphoniques posées, les postes d'observation installés sans autre gêne que le mauvais temps. Les tentes sont montées et des tranchées abris amorcées. Le 8, la ligne de résistance Berteaucourt - Thennes est précisée et les accrochages faits immédiatement. Des observatoires, on peut voir les Allemands circuler vers le bois de Mareuil. Ce furent de beaux objectifs pour l'antique « tir aux lapins ». Le 9 avril, les Allemands entrent dans Hangard. Le 10, les 1er et 3e groupes se portent dans le ravin Ouest de Berteaucourt (à 600 mètres des lignes. Le 11 avril, les 1er et 3e groupes tirent toute la journée sur les petits paquets d'infanterie allemande qui circulent dans la vallée de l'Arve. A 16 heures, on ne voit plus personne. Le tir allemand est incessant (7 tués, 11 blessés). Dans la nuit, les fusiliers marins, qui sont devant eux, livrent des combats mouvementés ; des ombres s'agitent près des batteries. Le 12, la 4ème batterie où se trouve Raymond subit un bombardement par obus de gros calibre et les artilleurs de la 3ème pièce sont tués : Raymond et 2 autres soldats.

Gentelles

Raymond est mort le 12 avril 1918, au bois de Gentelles, sur la commune de Boves. Il repose aujourd’hui à la nécropole Saint-Acheul d'Amiens mais une tombe est présente avec son nom au cimetière de Fleury.

Hory raymond necropole

LESOUPLE Georges

Le 17/04/2018

Lesouple georges

Il né le 20 janvier 1894 à Fleury, fils de LESOUPLE Emile Alfred et de LETOT Marie Eugénie. Jamais marié. Avant la guerre, il travaillait comme maçon.

La composition du régiment de génie est très complexe, chaque compagnie peut être dans un lieu différent et ne connaissant pas sa compagnie dans les deux régiments, il est impossible de retracer son parcours.

Georges devait commencer la guerre en août 1914 mais dû à une faiblesse, il commença la guerre le 11 août 1916 au 1er régiment de génie comme sapeur mineur puis passa le 12 juillet 1917 au 3e régiment de génie.

Il arrive dans le 2ème bataillon, 51ème compagnie pendant leur bivouac à la cote 309 où des travaux sont en cours dans le bois d’Avocourt. Elle quitte l’emplacement le 22 pour aller par chemin de fer et arrive le lendemain à Vitry-le-François pour aller cantonner à Frignicourt. Des sections sont par la suite mises à disposition de divers commandements sur les jours suivants, jusqu’au 2 août où le régiment se rend par camion à Sorcy-Saint-Martin, dans la Meuse, où elle arrive le 5. Les cantonnements vont changer pendant le mois d’août et c’est début septembre que la compagnie va devoir faire des travaux à la cote 304, pour construire des passerelles et réaliser divers travaux dans le secteur. La compagnie reste dans le secteur durant plusieurs mois.

Ce n’est qu’en avril 1918 que le régiment change de cantonnement plusieurs fois et arrive à Trouville le 8 avril. Mi-avril, la compagnie part pour l’Oise et fait divers cantonnements avant d’aller en ligne dans le secteur de Chirmont pour des travaux au poste de commandement et des boyaux. Le 23 mai, la compagnie subit un bombardement par Ypérite et plusieurs soldats sont évacués.  Durant plusieurs jours les bombardements continuent et entrainent des évacuations à cause des gaz mais également pour éclats d’obus malgré tout, les travaux continuent. Ce n’est que le 4 août que le secteur change pour se rendre à la sapinière Est du bois de Mongival et l’installation est effective le 5 août.

Mongival

Lesouple georges

George est mort le 5 août 1918 à Mongival dans la Somme. Il est enterré à la nécropole nationale de Montdidier, tombe 2652, où repose plus de 8000 soldats.

Montdidier Necropole lesouple georges 3

Necropole lesouple georges 2 Necropole lesouple georges 1

Merci à DESMET Marie Pierre pour les photos

LESOUPLE Jules Serge

Le 17/04/2018

Lesouple jules serge

Il né le 7 octobre 1875 à Fleury, fils de LESOUPLE Maximilien et de GOUSSE Mélanie. Marié le 26 novembre 1904 à Sèvres (92) avec MERGNAT Marie. Avant la guerre, il travaillait comme cultivateur.

Jules arrive le 3 août 1914 au 38e régiment d’infanterie territoriale qui se trouve alors à Montargis et attend le 5 au soir pour partir au front. Il quitte Montargis par trois échelons d’enlèvement, pour être dirigés sur la place d’Epinal. Il est cantonné le 7 à Chaumousey, Girancourt et Roulon. Il s'occupe à l'organisation complémentaire de la défense du secteur qui lui est confié et exécute, sous la direction du génie, des travaux de fortification (tranchées, redoutes, réseaux de fil de fer, etc.), prête son aide aux cultivateurs pour la moisson et la rentrée des récoltes, et prend part à des exercices de détails ayant pour but la remise en main. Le 22 août, la voix du canon se fait entendre dans le Nord ; l'ennemi s'avance. Les travaux de défense reprennent ; la canonnade se rapproche, les Allemands tentent de prendre Épinal à revers, ils échouent dans la forêt de Charmes. L'état-major, la compagnie hors rang et les 1er et 3e bataillons exécutent à Charmois-l'Orgueilleux, Mesnil, Harol et Agémont une manœuvre de deux jours ayant pour but de les aguerrir et de faire fonctionner les différents services. Du 20 septembre au 12 octobre, le 2e bataillon est détaché du corps ; la 3e compagnie est détachée au Void de Girancourt pour assurer les services qu'assurait ce bataillon. Le 20 septembre, le 2e bataillon (moins la 2e section de mitrailleuses et une section de la 8e compagnie restée au fort du Tiéra), s'embarque à Épinal : il est rattaché à la 2e division d'infanterie du corps d'armée provisoire de la 1re Armée pendant huit jours, puis à la 41e division d'infanterie du groupement des Vosges, et cantonne à Etival, près Raon, puis à La Neuveville-lès-Raon. Sous la direction du génie, il exécute des travaux de défense sur la rive gauche de la Meurthe, sur le front de Saint-Rémy-la-Salle, les Jumeaux, puis sur le front Thiaville – La Pierre-d'Appel. Le 12 octobre, il reprend son cantonnement du Void de Girancourt. Le régiment continue les travaux de défense et d'entraînement. Du 25 octobre au 29 novembre, la 9e compagnie a été détachée du corps, rattachée à la 66e division d'infanterie pour exécuter des travaux rudes et pénibles de déboisement, établissement de tranchées dans le roc, déblaiement de neige d'abord à l'Altenberg (Alsace), puis à la Schlucht. Elle a eu la joie de présenter les armes au poteau frontière et de fouler la terre d'Alsace reconquise. Du 27 novembre au 2 janvier 1915, le 1er bataillon est détaché du corps. Le 27 novembre, ce bataillon, gagne par étapes La Neuveville-lès-Raon. Pendant deux jours, rattaché à la 41e division d'infanterie, il exécute des travaux sur la rive gauche de la Meurthe, au Sud de la tête de pont de Raon-l'Étape. Puis, passant à la 71e division d'infanterie, il exécute avec la 151e brigade, puis avec la 141e brigade, des travaux de défense sur la rive gauche de la Meurthe, de Thiaville jusqu'à Moncel, près Baccarat. Le 20 décembre, il relève un bataillon du 37e régiment d'infanterie territoriale au Nord de Baccarat, cantonne à Badonviller, Vacqueville, Brouville et Hablainville, et coopère avec les régiments actifs au service des avant-postes, prend part à des patrouilles et à des reconnaissances. La 1e compagnie, en collaboration avec le 309e régiment d'infanterie, prend part à cinq reconnaissances à Fomboulard, la Boudouse et Bousson, faisant un prisonnier à l'ennemi. La 2e compagnie aide le 217e régiment d'infanterie à assurer le service des avant-postes. La 3e compagnie, en collaboration avec le 221e régiment d'infanterie, prend part à deux opérations de ravitaillement à Saint-Martin et Blémerey, à deux reconnaissances et à une importante opération sur Chazelles et le château de la Grande-Seille.

Le 31 décembre, il est relevé par un bataillon du 43e régiment d'infanterie territoriale et regagne par étapes Chaumousey, le 2 janvier, ayant fait bonne contenance sous le feu, montré beaucoup d'entrain et de fermeté, et conservé un moral excellent en dépit des fatigues réelles. A leur tour, l'état-major du régiment, la compagnie hors rang et le 3e bataillon sont détachés pour un mois et quittent Chaumousey et le Roulon le 23 décembre, et sont rattachés à la 71e division d'infanterie. L'état-major et la compagnie hors rang cantonnent successivement à Clézentaine, Moyen et Saint-Clément. Le 3e bataillon, après avoir cantonné pendant quelques jours à Clézentaine, se partage les cantonnements de Moyen, Fraimbois et Laronxe, exécute des travaux de défense sur la rive gauche de la Meurthe, puis détache aux avant-postes des sections à Bréménil et Manonviller. A Domjevin, un petit poste fourni par une section de la 11e compagnie est attaqué par des forces supérieures ; le sergent CHENU, de la 10e compagnie, chef de poste, met en fuite une patrouille allemande. Le 20 janvier 1915, état-major, compagnie hors rang et 3e bataillon regagnent leurs cantonnements d'origine Chaumousey et le Roulon, après avoir reçu les félicitations du général commandant la 71e division. Le régiment continue son entraînement et des travaux de défense de la place d'Épinal pendant quelque temps, mais il ne tarde pas à rejoindre les régiments de réserve et prendre sa place aux avant-postes en Lorraine. Le 19 janvier, le 2e bataillon va cantonner à Rambervillers, en réserve de la 71e division d'infanterie ; le 8 février, il se joint au 1er bataillon pour aller cantonner le premier à Vacqueville - Sainte-Pôle et le second à Merviller - Montigny (l'état-major et la compagnie hors rang restent à Merviller). Ces deux bataillons relèvent, dans le sous-secteur de la 141e brigade, le 217e régiment d'infanterie. Le 3e bataillon vient à son tour le 28 février. Ce sont alors des reconnaissances quotidiennes, des prises de contact avec l'ennemi. Les 19, 27 et 28 février, le corps fait ses premières pertes ; il est exposé également à de sérieux bombardements. Le 21 mars, le 38e régiment d'infanterie territoriale est rattaché à la 2e division de cavalerie. L'état-major, la compagnie hors rang et les 2e et 3e bataillons glissent un peu sur la gauche, mais reviennent quelques jours après dans leur ancien secteur, à l'exception de l'état-major et de la compagnie hors rang qui vont à Baccarat jusqu'au 2 mai, date à laquelle ils viennent cantonner à Merviller. A cette date, les trois bataillons ont chacun deux compagnies aux avant-postes, une compagnie en soutien à deux kilomètres en arrière, dans les villages évacués, et une compagnie plus à l'arrière au repos. Exposé au feu de l'artillerie ennemie, le corps subit des pertes qui n'entament en rien son moral ; le 25 avril, notamment, un projectile tue à Montigny le sergent-major DUPERRIER, le sergent-fourrier JALUZOT, un homme, POINLOUP, et blesse six militaires, dont un sous-lieutenant et un adjudant.  A compter du 2 mai, le corps est rattaché à la 142e brigade. Le 16 mai, la compagnie de mitrailleuses est constituée au moyen des trois sections de bataillon. Le 1er septembre, un peloton des sapeurs-pionniers bombardiers est mis en place ; les bombardiers restent jusqu'à nouvel ordre dans leurs compagnies, les pionniers sont mis à la disposition des commandants des sous-secteurs pour coopérer aux travaux de défense. Pendant quatorze mois, le 38e régiment d'infanterie territoriale tiendra les tranchées de première ligne en avant de Baccarat : deux compagnies du 3e bataillon au Grand-Bois, deux compagnies du 1er bataillon à Ancerviller et deux compagnies du 2e bataillon au Bois Lecomte ; trois compagnies sont en cantonnement d'alerte à Sainte-Pôle, Montigny et Mignéville, soumis à des bombardements assez intenses ; les autres compagnies sont au demi-repos à Vacqueville, Merviller et Reherrey. Le 1er et le 3e bataillons coopèrent à la défense avec le 221e régiment d'infanterie et le 2e bataillon par alternance avec le 217e régiment d'infanterie et le 309e régiment d'infanterie ; ils sont au point de vue tactique sous les ordres des lieutenants colonels commandant ces régiments. Les relèves ont lieu en moyenne tous les six jours.

A compter du 8 janvier 1916, le dispositif varie : Un bataillon aux avant-postes dans le sous-secteur de droite : Grand-Bois et Ancerviller ; Un bataillon dans le sous-secteur de gauche : Bois Lecomte et Bois Banal : Un bataillon au repos ; relève tous les six jours. Le commandement désirant voir les bataillons territoriaux prendre un repos complet, ce repos est pris à Glonville, sur la rive gauche de la Meurthe : dix jours pour le 2e bataillon, vingt jours pour le 1er bataillon et quinze jours pour le 3e bataillon. L'état-major et la compagnie hors rang y cantonnent également du 30 janvier au 7 mars. La relève de la 3e compagnie, dans la nuit du 30 au 31 janvier, à Ancerviller, se fait sous un violent bombardement ; La période de repos partiel est terminée le 7 mars et, après quelques fluctuations, les trois bataillons reprennent leurs anciens emplacements d'avant janvier. Le 10 février, le corps passe au 7e bataillon du 85e régiment d'infanterie territoriale (bataillon d'étapes) et le 30 mars les militaires des classes 1890, 1891 et 1892 sont envoyés au 87e régiment d'infanterie territoriale en échange des militaires des classes 1893 à 1897. Du 27 mai au 3 juin, le corps est retiré par bataillon du front de la 71e division pour être mis, au Nord de Lunéville, à la disposition de la 6e division de cavalerie (3e corps de cavalerie). Du 3 juin au 20 juillet, le régiment, tient les tranchées : les 1er et 2e bataillons dans le secteur de Bathelémont et le 3e bataillon dans le secteur d'Athienville. Le 20 juillet 1916, le régiment est rattaché à la 59e division d'infanterie, 117e brigade. Les 1er et 3e bataillons occupent les tranchées du quartier de Bauzemont et se relèvent entre eux ; le 2e bataillon est à la disposition du régiment actif du quartier de Valhey et tient les tranchées. Les relèves ont lieu en moyenne tous les dix jours. Le 24 août, la 10e compagnie fait prisonnier au point d’appui de Bures, un soldat du 7e Landwher bavarois. Le 26 août, l'ennemi tente un coup de main sur le point d’appui de la Marne, tenu par la 12e compagnie ; grâce aux dispositions judicieusement prises, cette attaque échoue, ne leur coûte que trois blessés. Le 22 septembre, création d'un groupe franc composé de deux sous-officiers, quatre caporaux et trente-six hommes, volontaire, dans le but de harceler l'ennemi et tenter des coups de main. Le 1er octobre, la 59e division d'infanterie est relevée par 68e division d'infanterie, à laquelle se trouve rattaché le 38e régiment d'infanterie territoriale (136e brigade). Le 11, deux prisonniers russes s'échappent des lignes ennemies et se présentent au point d'appui de Bures. Le 18, les Allemands tentent un coup de main sur le point d'appui de Bures tenu par la 10e compagnie, coup de main minutieusement préparé. Devant le calme et le sang-froid des défenseurs, qui ont appliqué rigoureusement les consignes et fait un emploi rationnel des engins nouveaux, ce coup demain échoue. Le 24 novembre, le groupe franc tente un coup de main pour l'enlèvement d'un poste ennemi ; reçu à coups de grenades, il ne peut réussir. Pendant quatorze jours, le 38e régiment d'infanterie territoriale est rattaché au 40e corps d'armée ; mais à la date du 26 décembre, la 68e division d'infanterie, à laquelle est rattaché le 38, devient à nouveau indépendante et relève directement du détachement d'armée de Lorraine, plus tard dénommé VIIIe Armée.

Le 3 janvier 1917, le groupe franc tend une embuscade, surprend, en avant de Parroy, un poste d'écoute allemand et fait prisonnier deux hommes, dont le gefreite qui le commandait. Le 17 janvier, le point d'appui de la Digue et, le 31, le point d'appui des Jumelles sont soumis à de très violents bombardements ; l'attitude des troupes occupantes : 4e compagnie, d'une part, 5e et 8e, d'autre part, leur vaut de chaleureuses félicitations du chef de corps. Le 6 févrie, après un violent bombardement, l'ennemi, par surprise, en empruntant la glace de l'étang de Parroy, parvient à s'infiltrer dans les boyaux du point d'appui de la Digue, tenu par la 4e compagnie et une section de la 2e compagnie de mitrailleuses. La 4e compagnie réoccupe promptement les tranchées de première ligne momentanément conquises par l'ennemi, dont les forces ont été évaluées à deux compagnies. Le 16 mars, avec un effectif sérieux, l'ennemi tente un nouveau coup de main sur la point d'appui de la Marne, tenu par la 1re compagnie et une section de la 2e compagnie de mitrailleuses.

Chemin des dames premiere guerre mondiale site histoire historyweb 8

image d'illustration. Front du chemin des Dames.

Jules est mort le 16 mars 1917 au point d'appui de Bures par un obus reçu à la tête, qui le tua, ainsi que trois hommes. Son lieu de sépulture reste inconnu.

Il est cité à l’ordre de l’infanterie divisionnaire n°60 du 9 mai 1917 : « Le caporal LESOUPLE remplissant les fonctions de sergent au moment d’une alerte le 16 mars 1917, s’est porté sous un violent bombardement plusieurs fois dans la tranchée du poste téléphonique pour renseigner son chef de section. A été tué par éclat d’obus au moment où il sortait du poste pour se rendre à la tranchée. Très bon gradé dévoué. » Il a reçu pour ce fait une croix de guerre avec étoile de bronze (exemple ci-dessous).

Citation pour la médaille militaire au journal officiel du 5 novembre 1920 « très bon gradé, dévoué. Remplissant les fonctions de sergent au moment d'une alerte, le 16 mars 1917, s'est porté sous un violent bombardement plusieurs fois dans la tranchée au poste téléphoniste pour renseigner son chef de section. A été tué par un éclat d'obus au moment où il sortait du poste téléphoniste pour se rendre à nouveau à la tranchée ». 

Cdg 1 etoile bronzeMedaille militaire

LESOUPLE Lucien Cyriaque

Le 17/04/2018

Lesouple lucien cyriaque

Il né le 15 mars 1895 à Fleury, fils de LESOUPLE Paul Henri et DUPIN Ferdinande. Jamais marié. Avant la guerre, il travaillait comme cultivateur.

Lucien arrive le 20 décembre 1914 au 89e régiment d’infanterie. De son arrivée au régiment jusqu’en janvier 1915, la situation est la suivante : le premier bataillon se trouve au saillant Nord à l’Ouest de la Haute chevauchée avec trois compagnies en lignes et une en réserve ; le deuxième tient la croupe 263 avec trois compagnies et demies en ligne et un peloton en réserve ; le troisième avec trois compagnies à cheval sur la Haute-Chevauchée, une autre en réserve au poste de commandement, trois compagnies en ligne et une en réserve. Le 8 janvier, l’ennemi prononce une violente attaque préparée par l’artillerie sur la Haute Chevauchée et sur la cote 263. A la gauche du 3e bataillon, les bataillons du 46e régiment d’infanterie sont repoussés sur le ravin des Meurissons découvrant ainsi la gauche du régiment. L’ennemi se rabat ensuite face à l’Est et prend à revers le 3e bataillon. Les compagnies se défendent de leur mieux. L’ennemi remonte des Meurissons sur les Six Chemins, attaque deux compagnies à revers qui sont obligées de se retirer sur les pentes de la cote 285. Du côté de la cote 263, l’ennemi attaque en forces après avoir fait sauter une fougasse. La lutte est désespérée devant le front de deux compagnies, on se bat à coup de grenades. La défense de ce secteur est renforcée par une compagnie du 4e régiment d’infanterie et une de la légion. L’ennemi après de grosses pertes parvient à s’installer dans la première ligne mais ne peut en déboucher. Sur ce front, les fusillades durent toute la nuit. Le lendemain, une vigoureuse contre-attaque rétablit la situation. Le 15 janvier, le régiment est relevé et se rend au Claon, transporté par une section de convois automobiles ; deux bataillons avec l’état-major se trouve à Ville-sur-Cousances et le dernier bataillon à Julvécourt qui y reste jusqu’au 9 février. Le premier bataillon est mis à la disposition du 15e corps d’armée pour l’exécution de travaux de défense.  Il se rend par voir de terre à Julvécourt où il est embarqué en automobiles pour Parois. Les deux autres partent le 14 février pour relever un régiment qui se trouve dans le secteur du Bois Noir – Vauquois. Les allemands ont organisé minutieusement la butte du Vauquois et des travaux d’approche permettent d’avancer jusqu’au pied des pentes de Vauquois. Le 28 février, l’attaque est lancée, après la préparation d’artillerie, le régiment attaque trois objectifs différents de la région Ouest de Vauquois. Quatre fois la butte est gravie mais quatre fois, il faut la redescendre sous le coup de contre-attaques violentes. Le lendemain, 1er mars, ordre est donnée à nouveau d’attaquer et cette fois, ce fut un succès. Pendant la nuit, il faut organiser la position. Le 3 mars, le régiment part cantonner à Courcelles jusqu’au 14 mars où il reçoit l’ordre d’être prêt à prendre les armes à partir de 10 heures mais à cause d’un brouillard intense, l’attaque n’a pas lieu. Le régiment part que le 16 mars relever un régiment aux avant-postes et occupe les secteurs du chemin creux à l’Est de Vauquois et l’Ouest de Vauquois. Dans la nuit du 22 au 23, vers minuit, les allemands aspergent les tranchées situer à la lisière Sud de l’église, de liquide incendiaire. Elle est suivie d’une violente attaque de crapouillots. La réponse est énergique mais sous l’action de l’incendie des sacs, il faut reculer quelques mètres en arrière. Vers 11 heures, une attaque française est lancée et est brillamment conduite car à 13h20, le terrain perdu est reconquis. Les tranchées sont remises en l’état et dans l’après-midi, le calme est rétabli. Le régiment est relevé aux avant-postes, dans la nuit du 23 au 24. Le régiment va alterner tranchées et cantonnement jusqu’à fin mai.

Lucien part le 28 mai pour le 4e régiment de zouave. Faisant partie du 1er bataillon, il part pour les Dardanelles car le 1er bataillon est rattaché au 1er régiment de marche d’Afrique. Les renforts s’élèvent à 528 hommes. Le 30 mai, au cours d'une relève, un combat très chaud est livré au fortin Le Gouez, ouvrage avancé battant le ravin creux par le premier affluent de droite du Kérévès-Déré. Les troupes du 4e Colonial occupant le fortin Le Gouez, enlevé la veille par ce régiment, sont relevées par la Compagnie Salomon, du 1e régiment de marche d’afrique. La Compagnie est à peine installée que les Turcs attaquent l'ouvrage par sa partie Nord-Ouest ; à trois reprises, l'ennemi est rejeté hors du fortin grâce à l'héroïque défense des Légionnaires qui se font tuer sur place plutôt que de céder du terrain. La garnison réduite à quelques hommes valides va inévitablement succomber sous le nombre, lorsqu'un peloton de renfort contre-attaque l'ennemi et le rejette hors de l'ouvrage. A minuit, l'ennemi fait une nouvelle tentative en attaquant à la grenade. Les Légionnaires exécutent une nouvelle charge à la baïonnette et chassent définitivement l'ennemi de la partie de l'ouvrage où il se maintient encore. L'ennemi après une forte préparation d'artillerie, essaye à nouveau d'enlever l'ouvrage qui a été presque entièrement détruit par les projectiles de gros calibre. La 3e compagnie fait échouer cette nouvelle tentative el répare au cours de la nuit les dégâts occasionnés par le bombardement. La progression des troupes alliées vers Krithia et Ie Haut-Kérévès continue. La brigade métropolitaine doit occuper les tranchées turques comprises entre deux points et ultérieurement le « Rognon », sorte de mamelon isolé sur la rive du Kérévès-Déré. Le 1e régiment de marche d’Afrique a comme objectifs le lit du ruisseau qui constitue une ligne de retranchements très solides ; il devra ensuite prendre pied sur la rive gauche et se mettre en liaison avec le 175e régiment d’infanterie qui opère plus à l'Ouest vers les points E. F. 

Dardanelles tranchees 1

Une flottille de torpilleurs coopère à l'attaque, qui doit commencer par la gauche de la ligne. La préparation d'artillerie commence à 11 heures. Les éléments de gauche quittent leurs tranchées à midi pour enlever E.F. A midi 20, les deux Compagnies de Légion chargées de l'enlèvement de la partie basse du Kérévès, sortent à leur tour. Elles sont immédiatement soumises à des feux de mitrailleuses et à la fusillade des Turcs, retranchés sur la rive gauche du Kérévès. Malgré de lourdes pertes, les Légionnaires parviennent à une cinquantaine de mètres du lit du ruisseau, mais leurs rangs sont littéralement fauchés et cloués au sol. Vers le fortin Le Gouez, la 1e compagnie qui devait déboucher en ce point, est arrêtée par suite de l'échec du 175e régiment d’infanterie qui n'a pu enlever E. F, et où seuls quelques hommes ont pu prendre pied au prix de gros sacrifices. Les attaques enrayées dès le début sont reprises à 16 heures ; la flottille est renforcée par l'arrivée du « Latouche-Tréville », mais malgré des prodiges d'héroïsme, les vagues d'assaut fauchées sur place ne peuvent atteindre les objectifs. Devant les pertes subies, le Commandement ordonne de suspendre l'attaque. Le 6 juin le régiment est envoyé en demi-repos dans les tranchées, vers le monastère d'Eski-Issarlich. Une attaque préparée depuis plusieurs jours a pour but la réduction d'un saillant ennemi dans le secteur de la Brigade Coloniale, voisin de celui de la Brigade métropolitaine. L'attaque est menée par le 6e régiment d’infanterie coloniale. Le 1e régiment de marche d’Afrique est en soutien. Les Bataillons sont prêts à marcher et occupent : le 1e bataillon le ravin Marie-Louise ; le 2e bataillon le ravin des Figuiers ; le 3e bataillon la tranchée du Projecteur. L'attaque du 60e régiment d’infanterie coloniale se déclenche à 6 h. 30, mais ne donne pas tous les résultats espérés. Les Turcs se montrent très agressifs. Le 1e bataillon est déjà engagé en partie pour soutenir les éléments très éprouvés du 6e régiment d’infanterie coloniale, et a ses deux dernières Compagnies à la place d'armes Pla. A midi, le 1e bataillon fort de 800 hommes attaque les tranchées constituant la ligne F. G. G'. Le Bataillon de Légion se met en mouvement vers la place d'armes Pla pour appuyer le 10 Bataillon. Les Zouaves enlèvent d'un seul bond les tranchées F. G., mais une contre-attaque refoula les Compagnies Abadie et de Sivry vers la Place d'Armes. Le Bataillon de Légion, retardé dans sa marche à travers les boyaux encombrés par les blessés du 6e régiment d’infanterie coloniale et les corvées de ravitaillement, ne peut arriver à temps pour soutenir le 1e bataillon qui mène le combat tout seul. De 14 à 17 heures, les unités du 1e bataillon tentent vainement de reprendre F. G. ; les hommes sont épuisés et incapables de continuer la lutte. A 18 h. 45, après un changement de commandement pour l’attaque sur F. G. G’, deux compagnies de Légion doivent reprendre G. G'. avec recommandation de ne pas aller au-delà. A 19 h. 30, le signal de l'attaque est donné. Le départ est pénible, les Légionnaires sont obligés de s'aider les uns les autres pour sortir des tranchées de départ qui ne comportent ni échelles, ni gradins de franchissement. La canonnade et la fusillade font rage. Ce premier mouvement amorcé, le Lieutenant-Colonel Niéger revient vers les Zouaves du 1e bataillon, épuisés par les tentatives répétées de la journée, et leur montrai les Légionnaires qui dans un élan furieux enlèvent deux tranchées il leur désigne deux tranchées et les entraîne au cri de : « En avant les Zouaves ! » Oubliant leurs fatigues et les privations de toute la journée, ceux-ci bondissent hors de la Place d'Armes, se précipitent sur les Turcs qui sont presque tous massacrés dans la ligne F. G. ; la liaison est établie avec les unités de Légion, et les tranchées sont immédiatement retournées pour les mettre à l'abri d'un retour offensif de l'ennemi. Cependant, des fractions de Légionnaires se sont laissées emporter par l'ardeur du combat et se sont avancées au-delà des objectifs fixés ; elles sont ramenées très vivement sur G. G' qui est fortement menacé. Sous l'impulsion du Commandant Waddell, les deux dernières Compagnies de Légion qui viennent de rejoindre rétablissent rapidement la situation. Le 2e Bataillon vient occuper la place d'armes Pla. Les 1er et 3e Bataillons sont en ligne tout entiers encadrés à droite par le Bataillon Nibaudeau, 60e régiment d’infanterie coloniale, à gauche par le 176e régiment d’infanterie (20e division d’infanterie). A 19 h. 45 l'action est terminée, les pertes de l'ennemi sont effroyables, un matériel important est trouvé dans les tranchées conquises, et notamment un énorme lance-bombes. Les travaux sont entrepris pour établir des communications entre les différentes lignes. L'ordre d'opération pour la nuit du 22 prescrit la continuation de la progression vers les premières lignes turques et leur enlèvement avant la fin de la nuit si possible. Mais l'ennemi ne laisse pas le temps de commencer ces opérations et déclenche, à partir de minuit, de très violentes contre-attaques qui obligent à suspendre tous les travaux en cours. L'ennemi est signalé très nombreux dans les ravins aboutissant vers le Kérévès-Déré supérieur. A 2 h. 30, les Turcs sortant des vallées affluent du Kérévès, effectuant une contre-attaque sur toute la ligne commise entre la place d'armes Pla et le fortin Le Gouez. Ils dévalent également en nombre considérable des pentes a. I. J. Le Bataillon Nibaudeau demande des renforts vers le point E. L'ennemi prend pied dans la ligne E. G., abandonnée par les Sénégalais. Plus à gauche les éléments de Légion ont dû céder du terrain et refluer en partie sur la redoute Pla. Deux sections de mitrailleuses restées dans l'ouvrage G. (Légion et 175e régiment d’infanterie) tiennent jusqu'à épuisement de leurs munitions et ne quittent l'ouvrage qu'après un terrible corps à corps. Toute la ligne française est menacée. Le Lieutenant-Colonel Niéger donne alors ordre au 2e bataillon de contre-attaquer sur G. qui est repris après un vif combat à la baïonnette. A 3 heures 30 l'ennemi se maintient toujours en G' et en certains points de la ligne G. E. Français et Turcs occupent la même tranchée séparée seulement par d'étroits barrages construits hâtivement. A 13 h. 45, le Général de Don prescrit de reprendre G' immédiatement ; mais déjà le Lieutenant-Colonel Commandant le R. M. I. et le Commandant Nibaudeau ont pris leurs dispositions pour en finir avec les éléments ennemis qui sont encore dans nos lignes. Le Capitaine Bisgambiglia, à la tête d'éléments de Légion, aidé par une Compagnie blanche du 6e régiment d’infanterie coloniale enlève à nouveau l'ouvrage G'. Cette action détermine le repli de tout le reste des fractions turques. Le jour qui se lève à ce moment permet de voir la ligne turque et son soutien rejoindre ses positions de départ. Fauchés par les mitrailleuses remises en batterie, par la fusillade partant de toutes les tranchées reconquises, ligne et soutien semblent frappés de panique, et, dans une débandade échevelée les Turcs remontent les pentes vers H. I. J. L'artillerie entre en action à ce moment, et la plupart des fuyards sont tués ou blessés avant d'avoir pu rejoindre leurs tranchées. Le terrain est jonché de leurs cadavres ; la position reprise est elle-même tout encombrée de morts et de blessés turcs, à la suite des furieux corps à corps qui s'y sont produits pendant la nuit. Le 22 juin le 1e régiment de marche d’Afrique est relevé et va s'établir aux bivouacs des Oliviers et des Cyprès ; le 2e bataillon, qui a moins souffert, reste en ligne. Dans la nuit du 27 au 28 juin, un détachement de volontaires prélevés sur les Corps de la Brigade Métropolitaine tente d'enlever par surprise la position H. J. Le Lieutenant Estarella, 4 sous-officiers et 75 Zouaves des 1e et 2e bataillons en font partie. Le détachement a pu s'approcher de la position, mais, malgré les efforts les plus héroïques, l'opération échoue devant des difficultés insurmontables et la résistance acharnée de l'ennemi. Les Bataillons sont ainsi répartis : 1e bataillon de la mer à F. I. ; 2e bataillon de ce point à A. 2. Le 3e bataillon occupe les tranchées entre le Kérévès-Déré et le bas des pentes du plateau. Le poste du Lieutenant-Colonel est installé au P. C. Thivol. L'ordre d'opération pour la journée du 18 juillet prescrit une série d'attaques ayant pour but de faire tomber les organisations du Bas-Kérévès, et la progression probable vers la rive gauche du ruisseau. Seul le 20 Bataillon doit être engagé pour attaquer les lignes K. 4-H. I., pendant que le 175e régiment d’infanterie enlèvera 0. 5 L-4. La préparation d'artillerie commence à 4 h. 30, l'ennemi y répond par un bombardement intensif de toutes les positions. A 7 h. 20, l'artillerie française allonge le tir ; la 6e compagnie, qui a évacué momentanément les tranchées de départ, est entraînée par le Lieutenant Neyret et se précipite d'un seul bond dans la tranchée K. 4-H. Le nettoyage de la tranchée commence aussitôt, et les sections de la 6e arrivent rapidement vers I. où se trouve un réduit très fortement organisé. Dans le même temps le 175e régiment d’infanterie est entré sans coup férir dans la ligne 0. 5-L. 4. Cependant le combat suit son cours et le 2e bataillon tout entier a atteint les objectifs assignés sans subir des pertes bien sérieuses, mais dès qu'il est dans la position ennemie, il est soumis à des feux d'enfilade qui éclaircissent rapidement ses rangs. La section de mitrailleuses du Lieutenant Godin, qui s'est avancée au-delà des tranchées pour rendre son tir plus efficace et protéger son Bataillon, voit ses deux pièces mises hors de service ; contre-attaquée presque au même moment, le Lieutenant tombe frappé mortellement, et, avec lui, 14 de ses hommes sont mis hors de combat. Cependant les Zouaves survivants restent sur les positions où ils avaient pris pied, et y demeurent toute la journée sans céder un pouce de terrain à l'ennemi. Les Turcs contre-attaquent sans cesse. Par ordre supérieur la position doit être conservée à tout prix en attendant de nouveaux ordres. Les 1e et 3e bataillons occupent toujours les tranchées entre la mer et F. I. ; ils neutralisent par une fusillade très nourrie les tranchées adverses, et notamment celles de I. J. K., ainsi que celles de la rive gauche du Kérévès-Déré, entre K. 8 et le Tchatal-Déré. Ils sont soumis eux-mêmes à une canonnade très vive qui leur fait éprouver des pertes sensibles. A la demande du Commandant du 1e régiment de marche d’Afrique, ordre est donné de poursuivre l'attaque sur « Le Rognon ». Le Lieutenant-Colonel Niéger est désigné comme Commandant du secteur d'attaque ; il dispose de son régiment, du 4e régiment d’infanterie coloniale, d'un Bataillon du 70e régiment d’infanterie coloniale, ainsi que des éléments disponibles du 175e régiment d’infanterie. Les 1e et 3e Bataillons du 1e régiment de marche d’Afrique sont relevés de leurs emplacements entre F. I., le fortin Le Gouez et la mer par des unités du 4e régiment d’infanterie coloniale, et forment les troupes d'attaque, soutenues par deux Compagnies du 4e régiment d’infanterie coloniale. L'après-midi est employée aux préparatifs d'attaque. L'artillerie commence le bombardement des positions I. J. K. à 18 h. 30. L'assaut est déclenché à 19 h. 30 ; il est conduit par le Commandant Waddell. La première vague est formée de deux Compagnies de Zouaves et deux Compagnies de Légionnaires ; les deux dernières Compagnies de Zouaves appuient la première vague et comblent les vides créés par les pertes et par l'élargissement du front d'attaque, qui est presque double du front de départ. Grâce à la diligence du Commandant Waddell, la distance considérable qui sépare les deux lignes est franchie d'un seul bond. Les Turcs surpris par la promptitude de l'assaut défendent néanmoins leur tranchée avec une énergie farouche. Après un terrible corps à corps à l'arme blanche et à la grenade, la position I. J. K. est définitivement enlevée à 19 heures 50 ; elle est complètement nettoyée des derniers occupants qui y résistent encore et qui se font tuer sur place plutôt que de céder du terrain. Zouaves et Légionnaires s'emploient hâtivement à retourner les parapets et à construire des traverses pour se garantir des feux d'enfilade très meurtriers, provenant des tranchées ennemies de la rive gauche du Kérévès-Déré. Des contre-attaquent violentes se produisent vers le milieu de la nuit, mais malgré leur violence, toutes les tranchées conquises restent en leur pouvoir. Les pertes éprouvées sont très sensibles, mais bien inférieures encore à celles de l'ennemi. Dans la soirée du 13 juillet le régiment est mis au repos aux bivouacs des Oliviers et des Figuiers. La deuxième quinzaine de juillet est très mouvementée ; les Turcs renouvellent sans cesse des attaques partielles. A la date du 23 on s'attend à une attaque générale de l'armée turque. Le régiment occupe son secteur habituel. Il coopère à la construction de positions nouvelles et au renforcement des anciennes. Mais l'attaque attendue ne se déclenche pas et les Turcs se bornent à des bombardements violents et intermittents. Les évacués, très nombreux, sont remplacés par des renforts venus de Moudros et du dépôt de Tunis. Une Compagnie de mitrailleuses est constituée par la réunion des trois sections déjà existantes au régiment et par l'arrivée d'une 4e section venue de Rosny. Un détachement de volontaires helléniques est rattaché tactiquement au 1e régiment de marche d’Afrique et participera aux diverses actions du régiment jusqu'au départ des Dardanelles. A partir du 1er août, les bataillons stationnés aux Dardanelles vont à tour de rôle passer huit jours au repos dans l'île de Ténedos où des camps ont été installés. Le 5 août, le 1er bataillon débarque à Seed-el-Bahr où il occupe deux tranchées.

Caphelles Canada

Carte des Dardanelles : http://www.naval-history.net/WW1Book-RN2-P04.jpg

Lucien sera blessé et évacué avant de succomber à ses blessures, le 5 août 1915, dans le navire hôpital « Canada » au cap Helles. Son corps a très certainement été jeté par-dessus bord pour éviter les épidémies pendant le voyage ramenant le navire en France.

Citation pour la médaille militaire au journal officiel du 3 juin 1922 : « bon et brave soldat. Mort pour la France le 5 août 1915 des suites de blessures militaires reçues en accompliussant son devoir en orient. Croix de guerre avec étoile de bronze ».  :

Note : le récit commence à la date de sa mobilisation mais il a très certainement connu le front après sa période d'instruction, en général 7 mois.

Cdg 1 etoile bronze

LESOUPLE Ludovic Eusèbe

Le 17/04/2018

Lesouple ludovic eusebe

Il né le 25 août 1882 à Fleury, fils de LESOUPLE Eusèbe et LORY Eugénie. Marié avec BROUET Victorine. Avant la guerre, il travaillait comme cultivateur.

Ludovic arrive le 12 août 1914 au 146e régiment d’infanterie, qui est partie au front depuis début août et se trouve dans le secteur Haraucourt. Le 19, il gagne Chicourt, détache le 1er bataillon à Château-Bréhain. Le 20, au matin, après une nuit calme, les obus ennemis pleuvent sur la ville et une fusillade nourrie crépite subitement. La retraite ennemie n’était qu’une feinte. Des hauteurs qui environnent Chicourt, des nuées de fantassins allemands surgissent. Deux compagnies sortent du village et de déploient immédiatement. Les projectiles ennemis prennent déjà le village d’enfilade. Les autres compagnies occupent rapidement leurs positions pour combattre tandis que les trains et convois se replient sur la route d’Oron, déjà accompagnés par les obus ennemis. Les soldats préfèrent se faire tuer sur place plutôt que de reculer, les pertes augmentent à vue d’œil. Une section de la 3e compagnie qui combat avec acharnement depuis le matin, est presque anéantie. Les flots ennemis semblent sortir de terre, leur supériorité numérique est écrasante. Il faut, la rage au cœur, se résoudre à l’inévitable. Déjà, sur la route de Château-Salins, affluent, pêle-mêle, voitures et blessés. C’est la retraite. Reformé à Fléville, le régiment se reporte en avant le 24, pour réoccuper sa position de couverture. L’ennemi s’est avancé jusqu’aux abords de Haraucourt qui est bombardé et bientôt en flammes. Le 25, le régiment repousse devant Haraucourt une forte attaque ennemie, en lui infligeant de graves pertes. Mais, lui-même est réduit à 1650 hommes. Quelques jours après, l’arrivée de renforts porte son effectif à 32 officiers et 2260 hommes. A ce moment, le régiment avait glissé vers la droite et organisait la cote 316 au Nord-Est de Crévic. Le 1er septembre, attaque française. Le régiment qui avait été envoyé dans la nuit précédente se reposer à Sommerviller, est rappelé presque aussitôt, pour former réserve de division, à la lisière Est du bois d’Einville. L’objectif est la brasserie de la ville. L’attaque est dure. Les 5e et 6e compagnies, engagées, se heurtent à de solides positions et subissent de fortes pertes. Le 3, dans le bois de Maixe, une attaque ennemie est repoussée par le 1e bataillon, pendant une relève par un autre régiment. Le 4, après cette relève, le régiment occupe une ligne de tranchées sur le plateau au-dessus de Drouville. Malgré un furieux bombardement de nos positions, l’ennemi échoue, à 21 heures, dans son attaque sur Gellenoncourt. Le bombardement reprend, acharné, sur Haraucourt, le 5, dès le matin. Gellenoncourt est en flammes. Depuis la veille au soir, l’ennemi renouvelle obstinément ses attaques, sans obtenir le moindre avantage. Partout sur le front, le régiment lui oppose une barrière infranchissable, mais cadres et hommes sont exténués. Des éléments d’autres régiments du corps d’armée viennent le renforcer. La bataille continue sans que l’ennemi puisse mordre en un seul point. La lutte est tout aussi acharnée le 8. De part et d’autre se sont des attaques sans répit. L’ennemi a réussi à se rapprocher un peu de Haraucourt, après une légère avance, vite enrayée et le 10, par une attaque heureuse, le régiment dégage Haraucourt. Mais pendant la nuit, l’ennemi contre-attaque, et un repli du 1e bataillon oblige toute la ligne à rétrograder. Il faut attaquer à nouveau. Les restes du régiment, renforcés des chasseurs à pied et d’un bataillon du 26e, tentent un nouvel effort, le 11 septembre. Dès les premiers bonds, les mitrailleuses ennemies entrent en action. L’ennemi s’est solidement retranché et échappe à l’artillerie. A 16 heures, nouvel assaut, arrêté par les mitrailleuses ennemies placées à Gellenoncourt, d’où elles prennent les lignes d’enfilades. Il faut se dégager à la nuit. A ces furieux combats succède, le 12, un calme inattendu. Au petit jour, les patrouilles qui recherchent le contact rendent compte que l’ennemi s’est replié. Gellenoncourt est immédiatement occupé. Dans le clocher, dans les arbres, on retrouve des emplacements de mitrailleuses ennemies. Les tranchées contiennent des garnisons de cadavres. Des blessés prisonniers déclarent n’avoir pu être ravitaillés pendant quatre jours à cause des tirs d’artillerie. Le terrain est couvert de matériel abandonné. De Gellenoncourt, Haraucourt et Drouville, il ne reste que des pans de murs brulants et des débris qui achèvent de se consumer. L’ennemi s’organise en arrière, sur les pentes à l’Ouest de Serres et semble vouloir adopter une attitude défensive. Le 13, l’ennemi continue à rompre. L’aspect du terrain qu’il abandonne permet de constater les terribles pertes qu’il a éprouvées : des cadavres partout ; des pièces d’artillerie détruites, des mitrailleuses jonchent le sol de leurs débris. Le régiment arrive au terme de ses opération en Lorraine et le 14, après plusieurs jours de marche arrive le 20 à Domgermain, où il cantonne en vue d’un embarquement en chemin de fer. L’embarquement commence dans la nuit du 20 et se termine pendant la journée du 21. Le débarquement à lieu le 22 à Poix et le 25, le régiment marche de nouveau à l’ennemi. Il est arrivé au lever du jour à Rouvroy-en-Santerre. Il s’agit de reprendre Fouquescourt, dont l’ennemi s’est emparé la veille. La formation d’approche est prise. Aussitôt Rouvroy dépassé, le régiment tombe dans une zone violemment battue par l’artillerie. La progression n’en continue pas moins par échelons ; le régiment se déploie et ne tarde pas à être pris sous les terribles gerbes de mitrailleuses ennemies qui bordent Fouquescourt. Il avance toujours et parvient à une centaine de mètre du village, mais c’est en vain qu’il essaie d’aller plus loin. Le 1e bataillon subit des pertes particulièrement cruelles. L’artillerie tire sans discontinuer ; elle hache des renforts ennemis qui sont venus se masser dans le verger du château, derrière l’église, mais elle n’arrive pas à briser l’obstacle et à ouvrir la voie. Fouquescourt est en flammes. A la tombée de la nuit, un assaut est tenté mais ne permet qu’une brève progression. Le 26, l’ennemi a évacué Fouquescourt pendant la nuit, y laissant de nombreux morts ; la ville est immédiatement occupée. Il y a un nombre considérable de blessés allemands. Les jours suivants, l’ennemi compense son échec par de violents bombardements. Le 29 au soir, le régiment est relevé et fait mouvement vers le Nord et cantonne le 30 à Etinehem, sur la Somme. Il est en réserve et dans cette position il exécute divers déplacements en arrière du front. Vers l’avant, la bataille ne s’apaise pas. Le 3 octobre, le mouvement vers le Nord continue en auto. Le régiment s’embarque à Morlancourt, où il est cantonné et débarque à Mailly-Maillet, d’où le 4 au matin, il se rend à Colincamps. Ce même jour, il entre à nouveau sur le champ de bataille. A midi, départ pour consolider une partie du front, occupée par des régiments territoriaux. Le régiment s’établit sur le front Lassigny – Hébuterne. Les bombardements sont fréquents et intenses, l’ennemi agressif. Le 6, à 2h30, alerte. Le tumulte d’une vive fusillade s’élève vers la droite. C’est Gommecourt qui vient d’être repris par les Allemands. Puis c’est Hébuterne qu’ils attaquent, mais là ils sont tenus en respect par le régiment, dans un combat qui dure toute la matinée. Devant cette résistance inébranlable, il se retranchent devant le village et se bornent l’après-midi à un furieux bombardement. Le 7, le bombardement sur nos positions reprend plus violent et une attaque se dessine sur Hébuterne. L’artillerie répond énergiquement. L’ennemi renonce à attaquer. Il occupe Hébuterne, qu’il organise fortement avec les 2e et 3e bataillons. Le 1er bataillon est détaché vers la gauche. Le 12 octobre, ce bataillon participe à l’attaque de Hannescamps. Malgré des pertes élevées, il progresse notablement. Un peloton de la 3e parvient à s’établir à 400 mètres de la lisière. Le 14, Hannescamps, évacué par l’ennemis, est occupé par le bataillon avec deux compagnies du 69e et une demi-compagnie du génie. En vain, l’ennemi tente un nouvel effort le soir, à 20 heures, pour leur disputer ce point d’appui. Son attaque dirigée sur le front Est est repoussée. Jusqu’à la fin d’octobre, c’est la guerre de tranchées avec ses épisodes divers si souvent vécus depuis : travaux d’organisation, bombardements et accalmies, coups de main de part et d’autre. A noter seulement une forte attaque ennemie le 21 à minuit. A 2 heures, le calme renait. Toutes nos positions ont été maintenues.

Hebuterne

Ludovic est probablement mort le 9 octobre 1914, la date de décès a été fixé par jugement le 20 mai 1920. Il repose aujourd’hui à la nécropole Albert, dans la Somme, tombe 1573 bis. Une plaque se trouve également sur le caveau familial.

Lesouple ludovic ensebe necropole 2 Lesouple ludovic ensebe tombe

Lesouple ludovic ensebe necropole 1

Merci à DEWITTE Micheline pour les photos à la nécropole

Citation au journal officiel du 12 août 1922 : « brave soldat. A fait vaillamment son devoir dès les premiers combats de la campagne. Mort pour la France le 9 octobre 1914 à Hébuterne. Croix de guerre avec étoile de bronze ». 

Cdg 1 etoile bronze

LETOT Jules

Le 17/04/2018

Letot jules

Il est né le 14 octobre 1887 à Fleury, fils de LETOT Isidore Télémaque et NEVERS Elise, frère de LETOT Louis. Jamais marié. Avant la guerre, il travaillait comme cultivateur.

Jules arrive le 4 août 1914 au 60e bataillon de chasseurs à pied. Le 8, il part à pied cantonner à Rouilly-Sacey et embarque le lendemain en chemin de fer à la gare de Troyes ; il arrive le 11 au cantonnement de Brouvelieures (Vosges) et repart le 12 à Saint-Dié dans le casernement du 10e bataillon de chasseurs. Le 15, il arrive à Saales en Alsace et garde le quartier général du 21e corps d’armée avant de repartir le 17 pour cantonner à Saint-Blaise. Le lendemain, le bataillon part pour Grandfontaine où il arrive le 19 et voit des troupes françaises battent en retraite de Wisches et Schirmeck. Dans l’après-midi, les derniers éléments étant passés et personne ne couvrant plus le bataillon, celui-ci quitte le village et occupe avec les trois compagnies restantes les hauteurs Sud, Ouest et Nord de Grandfontaine ; la 9e compagnie est partie à minuit pour Schirmeck où elle a dû venir soutenir l’artillerie. Le 20, à 14 heures, la compagnie d’avant-poste signale une colonne ennemie forte d’un bataillon, les éléments de droite ouvrent le feu sur un flanc de la colonne. A 15 heures, elle est attaquée par une colonne venant de la direction de Schirmeck au Donon, elle est contrainte de se replier à l’Est de Grandfontaine. A 18 heures, l’ennemie occupe les maisons du village et cherche à se glisser dans la direction du Donon. Une batterie d’artillerie ennemie qui appuie l’attaque est réduite au silence par l’artillerie française. A 21 heures, ordre est de tenir pendant la nuit la position de Grandfontaine avec un peloton et un bataillon d’autres régiments en renfort. Grâce à ces renforts, le bataillon veut par une attaque de nuit déloger les troupes allemandes du bois à l’Est de Grandfontaine, le 21e bataillon prononçant un mouvement d’enveloppement par le Nord-Est. En raison de l’obscurité, l’attaque n’a pas lieu. Pendant la nuit, et à la pointe du jour, les allemands essayent de s’emparer de la position de Grandfontaine mais leurs attaques sont repoussées. Le 21, le bataillon reçoit l’ordre de maintenir à la position le plus longtemps possible afin de retarder l’ennemi et doit tenir jusqu’à l’arrivée d’un régiment d’infanterie. Il se retire par la suite sur le Donon par une rupture de combat par échelon sans que l’ennemi ne tente aucune poursuite. Il est par la suite rassemblé au Nord du Donon, couvert par les troupes de la défense du Donon. Il part cantonner sur Vexaincourt. Le 22, le bataillon est en réserve au village ; il reçoit l’ordre d’envoyer une compagnie à la Croix Brignon pour barrer se couloir et établir la liaison entre les avants postes qui sont au Donon et l’aile gauche du 14e Corps qui occupe le col du Prayé. La 8e compagnie est désignée pour remplir la mission, le reste aide dans les travaux défensifs. La compagnie atteint la Croix Brignon sans encombre, elle y trouve une section du 52e de ligne. La liaison est donc établie et les travaux d’organisation commencent immédiatement. Dans la journée, le bataillon se porte au Sud-Est de Luvigny puis au Sud de Vexaincourt. Il reçoit une salve d’artillerie allemande ; la 7e compagnie, où est Jules, doit organiser défensivement le plateau Sud de Vexaincourt : la 10e compagnie fait les mêmes préparatifs mais à la lisière du bois qui se trouve plus au Sud. La 8e compagnie se retire de la Croix Brignon où elle s’est trouvée aux prises avec un détachement ennemi évalué à un bataillon et une compagnie de mitrailleuses. Deux compagnies sont poussées dans la vallée de la Croix Brignon : la 10e sur la route principale, la 9e au chemin de la maison forestière. Les patrouilles rapportent aucun renseignement sur l’ennemi mais des blessés isolés de la 8e disent qu’il poursuit sa marche. Dans la vallée de la Plaini, un violant combat se déroule jusqu’à la nuit. La liaison des troupes qui combattent dans cette vallée est assurée par deux compagnies du 20e bataillon de chasseurs qui se retranche sur l’éperon, à l’Est de Vexaincourt. Le 24, le bataillon se porte sur Celles-sur-Plaine où il occupe la lisière des bois Sud-Est de la ville de façon à être en mesure d’arrêter tout mouvement offensif de l’ennemi sur le plateau. Il reçoit ensuite l’ordre d’attaquer le village en liaison avec une attaque exécutée sur la partie Ouest, elle progresse assez rapidement malgré le feu d’une batterie ennemie que l’artillerie n’arrive pas à abattre. Elle atteinte ensuite le chemin de Celles avant un repli du bataillon qui sous la protection de la 7e compagnie qui était en réserve, vient établir un barrage à la tranchée où se trouve le général de Division. Dans l’après-midi, le bataillon se met en marche afin de maintenir provisoirement la 3e compagnie pour battre les débouchés de la route de Badonvilliers. Le 26, le bataillon occupe la Rappe pour surveiller et tenir le couloir dans la direction d’Etival, il se retranche et se met en liaison avec le bataillon du col de trace avant de partir dans la direction du col de la Chipotte. Arrivée sur place, une compagnie part dans la forêt de la Sainte-Barbe sur la croupe Ouest du ruisseau. Les compagnies 7 et 8 partent cantonner. Le 27, une grande attaque en direction de Lunéville est en cours, le bataillon est envoyé en soutien d’artillerie à Lary Fontaine ; les 7e et 8e compagnie et la section de mitrailleuse rejoignent le bataillon dans l’après-midi. Le 29, l’artillerie prépare l’attaque du col de la Chipotte, le bataillon pousse une compagnie aux Fermes du Haut des Chênes, à 1500m à l’Est de Lary Fontaine, qui a pour mission d’occuper les clairières et de s’opposer à toute incursion de l’ennemi de ce côté. Dans la soirée le bataillon les rejoint. Le 30, le bataillon se porte à la passée du renard où il reste en réserve ; le lendemain il part s’établir au Nord du Haut du bois, à cheval sur la tranchée des fermes du Haut des Chênes puis le 1er septembre, occupe les fermes du Château et est en liaison avec deux bataillons de chasseurs. Le 2, la 7e et 8e compagnies partent au Haut du bois où il vient d’arriver un détachement de 250 hommes pour renforcer le bataillon. Il est chargé de la défense des cols du Haut du Bois et de Barrémond. Le 3, le bataillon assure la sécurité du Haut du Bois, deux compagnies (8e et 9e) partent aider à l’offensive du col de Barrémond, la batterie qui occupe le col est canonnée par des obusiers, aucun dégât matériel n’est à déploré et il y a quelques blessés. L’ennemi semble cependant progresser sur le col de Barrémond, toutes les troupes présentent dans le secteur sont engagées et l’ennemi est enfin repoussé dans la direction de Neuf Etang. Vers minuit, une fusillade sur tout le front se fait entendre ainsi qu’une canonnade dans la direction de Bru et une attaque à la baïonnette en direction de la Salles, Saint-Rémy. La nuit est passée dans les tranchées, vers midi, la 10e compagnie est envoyé aux Basses Pierres ; la journée est passée à réaliser des travaux de défenses sur les tranchées. Le 5 septembre, une violente fusillade se fait entendre en direction de La Salle, une compagnie qui est alors à Basses Pierres doit se replier avant de reprendre ses emplacements au carrefour des chemins de La Salle – Haut du Bois – Basses Pierres. Le 6, le groupe auquel appartient le bataillon est chargé d’arrêter les tentatives de l’ennemi dans la direction de l’Ouest ; la 10e compagnie disposant d’un peloton de la 7e reçoit l’ordre de rejeter l’ennemi au-delà des Basses Pierres de façon à pouvoir occuper le hameau. La 10e et 7e compagnie partent dans la direction de La Salle et se heurte, à deux kilomètres du Haut du Bois, à un détachement allemand fortement retranché. Après plusieurs tentatives pour enlever ces retranchements, elles ne peuvent conserver que les portions d’approche. Deux compagnies sont alors en soutien d’artillerie au col du Haut du Bois et deux autres sont pour la sécurité éloignée. Le bataillon qui devait aller cantonner à Autrey est maintenu au col du Haut du Bois. Le 8 septembre, l’ordre du jour est de coopérer à une action du 14e corps d’armée vers La Salle pour enlever à l’ennemi Tibonpré, la maison forestière des Basses Pierres, l’Ouest de la maison forestière de La Salle. Le bataillon attaque alors de l’Ouest à l’Est, la lisière Ouest des Basses Pierres ; un bataillon du 159e régiment d’infanterie s’occupe de la maison forestière des Basses Pierres et un autre bataillon le hameau Le Rin en avant de La Salle. La 8e compagnie est laissée comme garnison au col, les 9e et 10e compagnies occupent la partie Ouest de Basses Pierres face à l’Est, la 7e est en réserve au Châlet. Le détachement des patrouilles détermine une violente canonnade sur tout le front ; l’attaque qui devait être exécuter par la 53e brigade n’a pas lieu et deux compagnies sont laissées en surveillance aux Basses Pierres et une autre ramenée au col.

Vosges haute alsace w 1

Jules est mort le 8 septembre 1914 au col du Haut-du-Bois d’après un jugement déclaratif du 12 mai 1921. Rien n’indique, sur le journal de marches et d’opérations ce qu’il s’est passé et de quoi il est mort. Il repose au cimetière de Fleury avec son frère dans le caveau familial. 

Le 31 janvier 1916, un secours de 150 francs est accordé à sa mère. A titre de comparaison, un obus de 120, en mai 1917 coûte 120 francs et équivaut à 30 861 € d’aujourd’hui.  

Letot jules louis tombe 2

A noter que les photos de Jules et Louis n'ont malheureusement pas survécu au temps.

LETOT Louis

Le 17/04/2018

Letot louis

Il est né le 2 septembre 1890 à Fleury, fils de LETOT Isidore Télémaque et NEVERS Elise, frère de LETOT Jules. Avant la guerre, il travaillait comme jardinier.

Louis arrive le 3 août 1914 au 82e régiment d’infanterie qui dispose de deux garnisons, l’une à Montargis et l’autre à Troyes. Il débarque entre le 5 et le 6 août sur les bords de la Meuse, à Lérouville. Le 21 août au matin, le régiment, qui cantonne à Gremilly, reçoit l'ordre de se mettre en marche par Longuyon sur la région de Tellancourt. Il passe la nuit du 21 au 22 août, en cantonnement d'alerte à Fresnois-la-Montagne, d'où il voit l'incendie embraser la forteresse de Longwy et principalement Longwy-Haut. Le 22 août, tout le corps d'armée dont fait partie le régiment, franchit la frontière et attaque l'ennemi mais subit de très lourdes pertes à cause de tranchées très organisées. Il faut donc se replier dans le Sud de l’Othain mais les allemands ne lâchent rien. Le 24, le régiment part en repos pendant quelques jours. Le 26, sur ordre, le régiment passe la Meuse à Vilosnes, dont le génie fait sauter les ponts aussitôt après le passage. Le régiment s'établit défensivement, entre Doulcon et Cunel. Le 30, le 1e bataillon reçoit l’ordre de se placer entre l’Andon et le ravin de Narantasson, de manière à être prêt à contre-attaquer l’ennemi dans la direction de Cléry-le-Petit. Le 3e bataillon est porté à la lisière Ouest du Bois de Forêt, en réserve. L’ennemi essaie de traverser la Meuse à Dun et couvre d’obus toute la rive gauche jusqu’à Cunel. A 14 heures, ordre est d’attaquer par la route Aincreville – Doulcon, le régiment doit appuyer le flanc droit, dans la partie Est du mamelon et la cote 161. Un bataillon doit rester en réserve et se porter à l’origine du ravin de Narantasson. L’action est à peine engagée que le 3e bataillon revient à 17 heures à son point de départ.

Cunel

Jules est disparu au combat, son décès est fixé le 30 août 1914, durant les combats de Cunel d’après un jugement déclaratif du 28 octobre 1920. Une plaque mémorielle est au cimetière de Fleury sur caveau familial.   

Letot jules louis tombe 2

A noter que les photos de Jules et Louis n'ont malheureusement pas survécu au temps.