MULLER Antoine

Le 17/04/2018 0

Dans Les Poilus du Monument

Muller antoine

Il est né le 6 janvier 1887 à Plauzat (63), fils de MULLER Paul et BERGER Catherine. Marié le 26 avril 1911 à Auxerre avec STADELMANN Julie. Ils auront un fils et une fille avant leur mariage : Henri né STADELMANN le 15 mars 1909 (décédé à Epineau-les-Voves le 11 mars 1959) ; et trois filles après leur mariage : Marthe Pauline née MULLER le 24 août 1911 (décédée à  Sens le 8 juin 1960), Marguerite, née le 15 février 1914 et Eugénie, née le 4 mai 1915 (décédée à Charbuy le 28 décembre 1985). Avant la guerre, il travaillait comme Vannier.

Antoine arrive le 4 août 1914 au 82e régiment d'infanterie qui dispose de deux garnisons, l’une à Montargis et l’autre à Troyes. Il débarque entre le 5 et le 6 août sur les bords de la Meuse, à Lérouville. Le 21 août au matin, le régiment, qui cantonne à Gremilly, reçoit l'ordre de se mettre en marche par Longuyon sur la région de Tellancourt. Il passe la nuit du 21 au 22 août, en cantonnement d'alerte à Fresnois-la-Montagne, d'où il voit l'incendie embraser la forteresse de Longwy et principalement Longwy-Haut. Le 22 août, tout le corps d'armée dont fait partie le régiment, franchit la frontière et attaque l'ennemi mais subit de très lourdes pertes à cause de tranchées très organisées. Il faut donc se replier dans le Sud de l’Othain mais les allemands ne lâchent rien. Le 24, le régiment part en repos pendant quelques jours. Le 26, sur ordre, le régiment passe la Meuse à Vilosnes, dont le génie fait sauter les ponts aussitôt après le passage. Le régiment s'établit défensivement, entre Doulcon et Cunel. Du 29 août au 1er septembre se déroulent une série de combats défensifs très durs, très meurtriers et l'ennemi réussit à passer la Meuse. Une retraite stratégique est alors lancée, le régiment traverse l’Argonne et s’établit défensivement sur une ligne au Nord de Vaubecourt. Par la suite et durant plusieurs jours, le régiment creuse des tranchées et organise sa position, au Nord-Est de Rembercourt avant de subir des attaques et réaliser des contre-attaques. Le 12 septembre, les Allemands se retirent rapidement à cause de la victoire de la Marne, un gain de terrain de 60 kilomètres est réalisé et le régiment arrive à Boureuilles et durant plusieurs jours effectue des attaques sur plusieurs villages. Le 23, il faut se replier à cause d’une attaque ennemie, retour à Boureuilles avant de partir en repos trois jours plus tard. Les jours suivants, retour au front, il faut creuser des fortifications avant de rattaquer la ville et une légère avancée est faite.

Antoine change le 14 octobre 1914 de régiment et passe au 231e régiment d’infanterie qui est dans la région de Soissons depuis le 18 septembre. Il est appelé soit à tenir le front en avant de Vauxrot, depuis l’Aisne jusqu’à la ferme de la Montagne-Neuve, soit à séjourner à l’arrière où il est employé parfois à établir des positions de deuxième ligne, le régiment se distingue le 29 octobre, il parvient à atteindre les premières maisons du village de Cuffies. Le 5 novembre, il réussit à progresser d’environ 300 mètres et à occuper le cimetière de Cuffies, le bois de ce cimetière, appelé bois Dufour, le bois Vauxrot et le bois Lagrange.

 

Le 8 janvier 1915 commence une opération, toute locale, mais néanmoins d’une certaine envergure, entreprise dans le but d’enlever à l’ennemi la ligne de hauteurs de la rive droite de l’Aisne qui entoure et domine Soissons. La première phase consiste dans l’enlèvement d’un saillant formé par la ligne ennemie vers la cote 132. Le 55e bataillon de chasseurs et un bataillon marocain, qui attaque le 8 au matin, doit être relevé le 8 au soir, sur les positions conquises par un bataillon du régiment. Le jour de l’attaque, dans la matinée, le bataillon marocain exécute son attaque avec succès. A 19 heures, le 5e bataillon du régiment vient le relever et prend la garde des tranchées conquises. Un bombardement très violent marque la réaction de l’ennemi qui devient de plus en plus vive.  Le 5e bataillon subit plusieurs contre-attaques dans la nuit du 8 au 9 et dans la matinée du 9. Avec une ténacité et un esprit de sacrifice admirables, il arrive dans la nuit du 10 au 11 janvier, à fournir un peloton de 30 travailleurs qui reçoit la mission de remettre en état les tranchées conquises. Le travail de ce détachement est rendu très difficile par le bombardement ennemi. Deux compagnies du 5e bataillon sont placées sous les ordres du 289e régiment d’infanterie. Pendant la journée du 11 janvier, le 6e bataillon reste en ligne dans les tranchées conquises à l’Ouest de la cote 132. Il éprouve des pertes sérieuses. Dans la nuit du 11 au 12 janvier, le 6e est relevé et le régiment, à l’exception du détachement à la disposition du 289e, vers Crouy, va à Berzy-le-Sec. Le 12 à 13 heures, le régiment est rappelé à Soissons et il reçoit l’ordre d’occuper les tranchées établies à la lisière Nord-Ouest de Soissons. Le 6e renforcé par deux compagnies territoriales, occupe la lisière formée par Maison-Rouge, faubourg Saint-Christophe, Saint-Crépin-en-Chaie. Le 5e occupe la lisière formée par Venizel, Villeneuve-Saint-Germain et la Sucrerie. Le régiment reste sur ses positions jusqu’au 13 janvier et, dans la nuit du 13 au 14, est relevé et va se reformer à l’arrière dans la région de Rozières et Buzancy. Pendant ce temps, le détachement part occuper les tranchées tenues par le 289e au Nord de la voie ferrée, afin de permettre aux deux compagnies qui les tiennent de se porter à l’attaque d’un chemin creux organisé, situé à environ 200 mètres de notre ligne. L’attaque effectuée à la tombée de la nuit par les deux compagnies du 289e ne réussit pas. Il est alors décidé que l’attaque sera reprise le lendemain matin, 12 janvier, et qu’elle sera effectuée par un peloton du régiment et une compagnie du 246e appelé en renfort dans la nuit. A 8 heures du matin, la nouvelle attaque est déclenchée et le chemin creux est enlevé d’un seul bond. L’ennemi ayant évacué la position sans attendre le choc, un seul prisonnier est fait. Le détachement s’occupe aussitôt de retourner la position sous une grêle de balles qui partent des tranchées de soutien allemandes. A 11 heures, commence un bombardement très violent qui cause des pertes élevées et qui laisse prévoir une réaction sérieuse. En effet, à la nuit tombée, une attaque ennemie se produit sur tout le front de la division et cette attaque réussit non seulement à reprendre toutes les tranchées allemandes conquises depuis quatre jours, mais encore à enlever toutes les tranchées françaises de première et de deuxième ligne, rejetant la première ligne au bas des pentes de la rive droite de l’Aisne. Toutefois, le village de Crouy n’est pas tombé entre les mains de l’ennemi et la position occupée par le détachement est toujours tenue par lui. Seulement la situation de ce détachement est devenue fort précaire : il n’est plus relié aux troupes que par un chemin creux. Sa position devient de plus en plus critique, mais il tient toujours. Et ce n’est que dans la nuit du 13 au 14 janvier, sur un ordre, qu’il se décide à évacuer sa position. Le 14, le détachement réussit, au lever du jour, à se dégager de l’étreinte ennemie et se replie sur la rive gauche où il rejoint le régiment le jour même, dans la région de Rozières et Buzancy. Après la bataille de Crouy, le régiment reste encore quelque temps dans la région de Soissons. Il est tout d’abord employé à tenir la lisière Nord-Ouest de Soissons, sur le front de Maison-Rouge, faubourg Saint-Christophe, Saint-Crépin-en-Chaie et l’île située au Sud de la Verrerie. Puis à partir du 27 février, il séjourne à l’arrière dans les régions de Vivières, Puiseaux, Dommiers où il travaille à l’organisation d’une position de deuxième ligne ; Grand-Rozoy ; Launoy ; Couvrelles, Serches et Ciry-Salsogne om il est employé à des travaux défensifs ; Billy-sur-Ourcq et Rozet-Saint-Albin. Le 9 mai, le régiment se dirige sur Longpont om il s’embarque pour une destination inconnue qui sera celle de l’Artois. C’est en effet, le 9 mai que la brillante offensive d’Artois parvient jusqu’à Givenchy et un certain nombre de divisions françaises sont immédiatement dirigées de ce côté. La 55e division en fait partie et le régiment, embarqué à Longpont le 9, débarque à Doullens et à Frévent le 10. Il est ensuite dirigé sur Acq om il se tient prêt à être employé dans la région comprise entre Ablain-Saint-Nazaire et Neuville-Saint-Vaast. Tout d’abord, il est mis à la disposition des divisions qui ont conquis les positions ennemies pour les aider à aménager leur nouveau secteur, à rechercher le matériel abandonné et à enterrer les cadavres trouvés sur le champ de bataille. Pendant huit jours, le régiment va se livrer à ce travail, si obscur mais si pénible, d’aménagement du champ de bataille, qui se fait de nuit. Les soldats ne peuvent dormir ; ils ont beaucoup de difficultés pour se rendre sur la partie du champ de bataille où ils doivent travailler et là, au milieu du sifflement des balles et des éclatements d’obus, ils sont obligés de procéder, presque à tâtons, à leur pénible et lugubre besogne. Pendant ces huit jours, il y eu 48 pertes dont 13 tués. Après cette période de travail de nuit, le régiment est employé à tenir le secteur dans la région d’Ablain-Saint-Nazaire, Neuville-Saint-Vaast. Bien entendu, les périodes de séjour en ligne sont coupées par des périodes de repos passées à l’arrière et qui, suivant les circonstances, sont plus ou moins longues. Les séjours à l’arrière se passent dans la région de Camblain-l’Abbé, Cambligneul, Mingoval, Cancourt, Frévillers où les villages sont pauvres et offrent peu de ressources. En ce qui concerne les séjours en ligne, il y a lieu de considérer deux périodes : du 24 mai au 29 mai et du 1er juin au 23 septembre. Du 24 au 26 mai, le régiment tient le front en avant d’Ablain-Saint-Nazaire, sa gauche appuyée au cimetière et sa droite au ruisseau de Carency. Le 60 bataillon exécute le 27, une attaque locale qui est couronnée d’un plein succès. L’opération est effectuée par les 23e et 24e compagnies, qui s’emparent de la tranchée ennemie des Saules et du fortin des Quatre-Boqueteaux. Du 1er juin au 23 septembre, le régiment est ensuite appelé, chaque fois qu’il doit servir en première ligne, à tenir le front au Sud du village de Souchez, sa gauche placée du côté du Cabaret-Rouge. Une attaque française suivie d’une réaction ennemie ayant eu lieu au milieu de juin, le front subit différentes fluctuations entre le 1er juin et le 23 septembre, le secteur est très agité du 16 juin au 14 juillet et à certains moments, les deux lignes adverses se trouvent très rapprochées l’une de l’autre. Parfois, les deux adversaires tiennent la même tranchée ou le même boyau et ils ne sont séparés que par des barrages de sacs de terre. D’où lutte continuelle à coups de grenades. Le régiment est constamment obligé d’effectuer de gros travaux pour aménager les fronts successivement occupés. En outre, à partir de fin août, des travaux sont effectués en avant du front, dans le but de créer une base de départ en vue d’une prochaine attaque française. Le 24, le régiment qui se trouve à Camblain-l’Abbé, se porte en réserve de division, dans les ouvrages du bois de Berthonval. L’offensive générale française est commencée et celle de l’armée est décidée pour le lendemain. La préparation d’artillerie commence dans la nuit. De très grandes quantités d’obus à gaz sont lancées sur les batteries ennemies. L’horizon se trouve bientôt couvert d’un nuage de fumée de poussière qui ne tarde pas à cacher les positions ennemies. Au cours du 25 et 26 septembre, le régiment progresse légèrement vers l’Est à la suite des régiments de la division qui ont attaqué. Le lendemain, le régiment relève en première ligne le 204e. Il occupe, à peu de choses près, le secteur qu’il tenait lors de son précédent séjour aux tranchées, en avant de la cote 123. Le 6e bataillon est en première ligne et le 5e en deuxième. Les attaques des jours précédents n’ont pas obtenu un bien grand succès. Au lever du jour, les patrouilles de la 110e brigade sont vues à la gauche, sur les pentes du bord Est du ravin de Souchez, et elles semblent circuler librement sur ces positions qui, hier encore, étaient tenues par l’ennemi. Pendant la nuit, l’ennemi, gêné par l’avance réalisée à la gauche par la 110e brigade, s’est replié sur le front : le 6e bataillon se porte en avant. Le 5e bataillon suit la progression du 6e, l’ennemi qui a vu le mouvement, tire avec son artillerie sur le fond du ravin de Souchez et cause quelques pertes. Le fond du ravin est atteint facilement et le 6e continue alors sa progression par vague. Il commence à escalader les pentes de la rive Est du ravin et essuie le feu des mitrailleuses laissées par l’ennemi pour couvrir son mouvement de repli, puis il est pris sous un vif bombardement par shrapnells. La première ligne réussit néanmoins à toujours progresser : elle enlève la tranchée Krupp, celle du Palatinat, puis la tranchée nouvelle et elle continue sa marche sur la tranchée Odin. Mais à la droite, le 282e est légèrement en retrait et à la gauche, le 246e se trouve arrêté devant la tranchée des Walkyries, qui est fortement tenue et il est obligé de se terrer devant cette tranchée, soit environ 150 ou 200 mètres en arrière du front. Pour combler le vide existant sur le flanc gauche, entre la première ligne du régiment et celle du 246e, les unités du 5e bataillon sont utilisés, au fur et à mesure de leur arrivée, pour faire face à gauche. Dans ces conditions, la première ligne est bientôt obligée de s’arrêter et vers 13 heures, elle s’installe à 150 mètres environ de la tranchée d’Odin. Presque aussitôt arrive l’ordre prescrivant de reprendre l’attaque générale sur tout le front de la division. A 13h40, le régiment s’élance à l’assaut de la tranchée d’Odin. La charge est sonnée par tous les clairons, disséminés dans les compagnies ; deux sections de mitrailleuses prennent la tête des troupes d’assaut et, malgré un violent feu de mitrailleuses et un bombardement sévère, la première ligne progresse vivement. Devant cette charge, l’ennemi s’enfuit. Il pénètre en le bousculant, dans la tranchée d’Odin, où le régiment capture une centaine de prisonniers appartenant au 3e grenadiers de la garde, ainsi que 4 mitrailleuses et 1 canon de tranchées. La première ligne commence même à dépasser la tranchée d’Odin. Mais à la droite, il y a un peu de confusion au point de jonction avec le 282e et surtout, à gauche, le 246e est toujours arrêté devant la tranchée des Walkyries. Dans ces conditions, ordre est donné de se rallier dans la tranchée d’Odin et de s’y installer. Dans la nuit du 28 au 29 septembre les alertes sont continuelles, en particulier entre 3 heures et 4 heures du matin. A la droite, vers 4 heures du matin, l’ennemi réussit à gagner du terrain sur le front du 282e. Le flanc droit du régiment se trouve de ce fait momentanément à découvert ; mais un bataillon du 204e est mis à la disposition du 282e qui aidé par ce renfort, réussit dès le lever du jour à se rétablir à peu près sur son ancienne position. La journée se passe dans le calme. Les allemands sont installés à 100 ou 150 mètres, dans des tranchées qu’ils ont aménagées durant la nuit. La relève du régiment est effectuée dans la nuit du 29 au 30 septembre, il va s’installer en deuxième ligne, dans l’ancien secteur qu’il tenait avant l’attaque. La relève s’effectue avec de grandes difficultés, en raison de la fatigue des hommes, de l’état du terrain qui est boueux et glissant, su bouleversement des boyaux et enfin du bombardement presque ininterrompu de l’artillerie ennemie. Du 30 au 3 octobre, le régiment reste en deuxième ligne, cela fait quinze jours qu’il est sur le champ de bataille. Le 3, il quitte le front pour aller s’installer à Camblain-l’Abbé. Antoine passe caporal de réserve le 7 octobre. Puis il reprend, du 10 octobre au 23 novembre, la vie habituelle des troupes de secteur, c’est-à-dire qu’il passe un certain nombre de périodes en première ligne qui sont coupées par des séjours à l’arrière. Le 30 octobre, le régiment relève en première ligne le 276e. Le 6e bataillon se porte en première ligne et le 5e immédiatement derrière.

Souchez

Le village de Souchez en ruines / @Collection Alain Jacques

Antoine est mort le 30 octobre 1915 près de Souchez, au boyau du général, cote 119. Il repose à la nécropole de Neuville-Saint-Vaast, carré 15, rang 1, tombe 3064.

Le 20 janvier 1916, un secours de 150 francs est accordé à sa veuve, Julie. A titre de comparaison, un obus de 120, en mai 1917 coûte 120 francs et équivaut à 30 861 € d’aujourd’hui.

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Merci à LEME Pascal pour les photos

Il est cité au journal officiel du 18 mai 1922 : « Caporal brave et dévoué, tombé glorieusement pour la France le 30 octobre 1915 près de Souchez »

Les déplacements d'Antoine durant la guerre

Sources

 

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