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GENETRE Raoul Fernand

Le 17/04/2018 0

Dans Les Poilus du Monument

Genetre raoul

Il né le 9 octobre 1886 à Chevannes (89), fils de GENETRE Armand et GODARD Elisa. Marié le 12 septembre 1911 à Fleury avec BONNEROT Jeanne Alice Fernande. Avant la guerre, il travaillait comme tourneur de bois.

Raoul arrive le 3 août 1914 au 146e régiment d’infanterie, qui est partie au front depuis début août et se trouve dans le secteur Haraucourt. Le 19, il gagne Chicourt, détache le 1er bataillon à Château-Bréhain. Le 20, au matin, après une nuit calme, les obus ennemis pleuvent sur la ville et une fusillade nourrie crépite subitement. La retraite ennemie n’était qu’une feinte. Des hauteurs qui environnent Chicourt, des nuées de fantassins allemands surgissent. Deux compagnies sortent du village et de déploient immédiatement. Les projectiles ennemis prennent déjà le village d’enfilade. Les autres compagnies occupent rapidement leurs positions pour combattre tandis que les trains et convois se replient sur la route d’Oron, déjà accompagnés par les obus ennemis. Les soldats préfèrent se faire tuer sur place plutôt que de reculer, les pertes augmentent à vue d’œil. Une section de la 3e compagnie qui combat avec acharnement depuis le matin, est presque anéantie. Les flots ennemis semblent sortir de terre, leur supériorité numérique est écrasante. Il faut, la rage au cœur, se résoudre à l’inévitable. Déjà, sur la route de Château-Salins, affluent, pêle-mêle, voitures et blessés. C’est la retraite. Reformé à Fléville, le régiment se reporte en avant le 24, pour réoccuper sa position de couverture. L’ennemi s’est avancé jusqu’aux abords de Haraucourt qui est bombardé et bientôt en flammes. Le 25, le régiment repousse devant Haraucourt une forte attaque ennemie, en lui infligeant de graves pertes. Mais, lui-même est réduit à 1650 hommes. Quelques jours après, l’arrivée de renforts porte son effectif à 32 officiers et 2260 hommes. A ce moment, le régiment avait glissé vers la droite et organisait la cote 316 au Nord-Est de Crévic. Le 1er septembre, attaque française. Le régiment qui avait été envoyé dans la nuit précédente se reposer à Sommerviller, est rappelé presque aussitôt, pour former réserve de division, à la lisière Est du bois d’Einville. L’objectif est la brasserie de la ville. L’attaque est dure. Les 5e et 6e compagnies, engagées, se heurtent à de solides positions et subissent de fortes pertes. Le 3, dans le bois de Maixe, une attaque ennemie est repoussée par le 1e bataillon, pendant une relève par un autre régiment. Le 4, après cette relève, le régiment occupe une ligne de tranchées sur le plateau au-dessus de Drouville. Malgré un furieux bombardement de nos positions, l’ennemi échoue, à 21 heures, dans son attaque sur Gellenoncourt. Le bombardement reprend, acharné, sur Haraucourt, le 5, dès le matin. Gellenoncourt est en flammes. Depuis la veille au soir, l’ennemi renouvelle obstinément ses attaques, sans obtenir le moindre avantage. Partout sur le front, le régiment lui oppose une barrière infranchissable, mais cadres et hommes sont exténués. Des éléments d’autres régiments du corps d’armée viennent le renforcer. La bataille continue sans que l’ennemi puisse mordre en un seul point. La lutte est tout aussi acharnée le 8. De part et d’autre se sont des attaques sans répit. L’ennemi a réussi à se rapprocher un peu de Haraucourt, après une légère avance, vite enrayée et le 10, par une attaque heureuse, le régiment dégage Haraucourt. Mais pendant la nuit, l’ennemi contre-attaque, et un repli du 1e bataillon oblige toute la ligne à rétrograder. Il faut attaquer à nouveau. Les restes du régiment, renforcés des chasseurs à pied et d’un bataillon du 26e, tentent un nouvel effort, le 11 septembre. Dès les premiers bonds, les mitrailleuses ennemies entrent en action. L’ennemi s’est solidement retranché et échappe à l’artillerie. A 16 heures, nouvel assaut, arrêté par les mitrailleuses ennemies placées à Gellenoncourt, d’où elles prennent les lignes d’enfilades. Il faut se dégager à la nuit. A ces furieux combats succède, le 12, un calme inattendu. Au petit jour, les patrouilles qui recherchent le contact rendent compte que l’ennemi s’est replié. Gellenoncourt est immédiatement occupé. Dans le clocher, dans les arbres, on retrouve des emplacements de mitrailleuses ennemies. Les tranchées contiennent des garnisons de cadavres. Des blessés prisonniers déclarent n’avoir pu être ravitaillés pendant quatre jours à cause des tirs d’artillerie. Le terrain est couvert de matériel abandonné. De Gellenoncourt, Haraucourt et Drouville, il ne reste que des pans de murs brulants et des débris qui achèvent de se consumer. L’ennemi s’organise en arrière, sur les pentes à l’Ouest de Serres et semble vouloir adopter une attitude défensive. Le 13, l’ennemi continue à rompre. L’aspect du terrain qu’il abandonne permet de constater les terribles pertes qu’il a éprouvées : des cadavres partout ; des pièces d’artillerie détruites, des mitrailleuses jonchent le sol de leurs débris. Le régiment arrive au terme de ses opération en Lorraine et le 14, après plusieurs jours de marche arrive le 20 à Domgermain, où il cantonne en vue d’un embarquement en chemin de fer. L’embarquement commence dans la nuit du 20 et se termine pendant la journée du 21. Le débarquement à lieu le 22 à Poix et le 25, le régiment marche de nouveau à l’ennemi. Il est arrivé au lever du jour à Rouvroy-en-Santerre. Il s’agit de reprendre Fouquescourt, dont l’ennemi s’est emparé la veille. La formation d’approche est prise. Aussitôt Rouvroy-en-Santerre dépassé, le régiment tombe dans une zone violemment battue par l’artillerie. La progression n’en continue pas moins par échelons ; le régiment se déploie et ne tarde pas à être pris sous les terribles gerbes de mitrailleuses ennemies qui bordent Fouquescourt. Il avance toujours et parvient à une centaine de mètre du village, mais c’est en vain qu’il essaie d’aller plus loin. Le 1e bataillon subit des pertes particulièrement cruelles. L’artillerie tire sans discontinuer ; elle hache des renforts ennemis qui sont venus se masser dans le verger du château, derrière l’église, mais elle n’arrive pas à briser l’obstacle et à ouvrir la voie. Fouquescourt est en flammes. A la tombée de la nuit, un assaut est tenté mais ne permet qu’une brève progression. Le 26, l’ennemi a évacué Fouquescourt pendant la nuit, y laissant de nombreux morts ; la ville est immédiatement occupée. Il y a un nombre considérable de blessés allemands. Les jours suivants, l’ennemi compense son échec par de violents bombardements. Le 29 au soir, le régiment est relevé et fait mouvement vers le Nord et cantonne le 30 à Etinehem, sur la Somme. Il est en réserve et dans cette position il exécute divers déplacements en arrière du front. Vers l’avant, la bataille ne s’apaise pas. Le 3 octobre, le mouvement vers le Nord continue en auto. Le régiment s’embarque à Morlancourt, où il est cantonné et débarque à Mailly-Maillet, d’où le 4 au matin, il se rend à Colincamps. Ce même jour, il entre à nouveau sur le champ de bataille. A midi, départ pour consolider une partie du front, occupée par des régiments territoriaux. Le régiment s’établit sur le front Lassigny – Hébuterne. Les bombardements sont fréquents et intenses, l’ennemi agressif. Le 6, à 2h30, alerte. Le tumulte d’une vive fusillade s’élève vers la droite. C’est Gommecourt qui vient d’être repris par les Allemands. Puis c’est Hébuterne qu’ils attaquent, mais là ils sont tenus en respect par le régiment, dans un combat qui dure toute la matinée. Devant cette résistance inébranlable, il se retranchent devant le village et se bornent l’après-midi à un furieux bombardement. Le 7, le bombardement sur nos positions reprend plus violent et une attaque se dessine sur Hébuterne. L’artillerie répond énergiquement. L’ennemi renonce à attaquer. Il occupe Hébuterne, qu’il organise fortement avec les 2e et 3e bataillons. Le 1er bataillon est détaché vers la gauche. Le 12 octobre, ce bataillon participe à l’attaque de Hannescamps. Malgré des pertes élevées, il progresse notablement. Un peloton de la 3e parvient à s’établir à 400 mètres de la lisière. Le 14, Hannescamps, évacué par l’ennemis, est occupé par le bataillon avec deux compagnies du 69e et une demi-compagnie du génie. En vain, l’ennemi tente un nouvel effort le soir, à 20 heures, pour leur disputer ce point d’appui. Son attaque dirigée sur le front Est est repoussée. Jusqu’à la fin d’octobre, c’est la guerre de tranchées avec ses épisodes divers si souvent vécus depuis : travaux d’organisation, bombardements et accalmies, coups de main de part et d’autre. A noter seulement une forte attaque ennemie le 21 à minuit. A 2 heures, le calme renait. Toutes nos positions ont été maintenues. Appelé sur un autre point de l’immense champ de bataille, le régiment est relevé le 31 octobre et le 1er novembre. Le 2, il part de Couin pour se rendre à Doullens, où il sera embarqué en chemin de fer. Embarquement, trajet, débarquement à Steenwerke remplissent la journée du 3. Du wagon on saute dans les autos anglaises et le mouvement continue jusqu’à Elverdinge, où s’écoulent les journées des 4 et 5 novembre. Le 6, on part vers 2 heures, par des chemins devenus de véritables bourbiers. Il faut aider les Anglais à rétablir leur situation. Au point du jour, le régiment est rassemblé dans un vallon entre le Kemmel et le Cabaret du Pompier. La brigade a l’ordre d’attaquer en partant de Luidenhock sur Kruistraat. Le combat dure le 6 et le 7. Les 1er et 3e bataillons sont en première ligne, le 2e en soutien. Le 6, l'attaque du 146e débouche à midi ; nos bataillons, malgré de lourdes pertes n’avancent que faiblement ; mais le 7, l’attaque est reprise et la progression est plus accentuée ; nous parvenons à proximité de Messines. Le régiment a pleinement rempli sa mission. La ligne est complètement et solidement rétablie. D’ailleurs il ne s’en tient pas là. Il renouvelle ses assauts les jours suivants et réalise de nouvelles avances le 9 et le 10, jusqu’au moment où l’ordre arrive le 11 de suspendre les attaques. Il avait ainsi non seulement repris le terrain antérieurement abandonné, mais progressé au-delà.

Le régiment passe en Belgique l’hiver 1914-1915, occupant tour à tour dans la région d’Ypres divers secteurs, dans lesquels l’accalmie est inconnue. Il faut lutter en outre contre les forces les plus irrésistibles et les plus hostiles de la nature. L’hiver, ce terrible ennemi, déchaine ses éléments, et cette nouvelle lutte provoque chez nos soldats des efforts surhumains et des prodiges d’endurance et d’opiniâtreté. Une relève par les Anglais était prévue pour le 15 novembre, mais nos alliés ne sont pas prêts ; ils arrivent que pendant la nuit du 16 au 17, et, tandis que la bataille – la bataille pour Calais – continue à faire rage autour d’Ypres, nos soldats cinglés par le froid, fouettés par la pluie, luttant contre la boue qui décuple la fatigue, arrivent à Elverdingerempli de troupes, où il est presque impossible de se loger. Et c’est ensuite la vie de secteur qui continue sur cette terre de désolation, où il semble qu’on vit dans un cataclysme permanent de la nature. Le froid raidit les membres, l’eau envahit tout, les tranchées s’éboulent, la boue règne partout. On dirait un immense naufrage. Jusqu’au 9 avril 1915, le régiment occupe diverses parties du front, tantôt en première ligne, tantôt en réserve de secteur ou d’armée. Partant d’Elverdinge le 20 novembre, il vient occuper le secteur dit « des Cuisiniers », près de Langemarck. Le froid commence à attaquer les effectifs ; les premiers pieds gelés apparaissent. Le bombardement d’Ypres  continue ; le 22, les halles et la cathédrale sont en flammes. Puis, par suite de l’extension du front de la division vers la droite, il vient plus au sud dans le secteur de Fortuin, le 6 décembre, relevant des unités du 114e et du 125e. Le changement n’est pas avantageux ! De l’eau, toujours de l’eau ! On passe le temps à vider les tranchées ; les évacuations pour œdème augmentent. Nouveau secteur le 13, après un court stationnement à Elverdinge. C’est celui de Saint-Julien, qui parait un peu moins inhospitalier au début, mais ce n’est qu’une illusion vite dissipée. La pluie ne tarde pas à le rendre affreux et l’ennemi s’y montre plus actif. Nos soldats supportent les averses d’eau et d’obus avec le même stoïcisme. On recherche tous les moyens d’améliorer leur condition. Mais que faire contre les éléments implacables ? Le régiment revient dans le secteur des « Cuisiniers » le 1er janvier 1915, qui est un peu moins en effervescence ; puis le 9, dans le secteur de Fortuin où l’activité de l’aviation ennemie est croissante. Le 17, retour dans le secteur de Langemark, où le régiment demeure jusqu’au 25 février. Le séjour prend fin le 4 mars après un départ pour Vlamertinge puis le 5 à Zonnebeke ; le secteur s’étend de cette localité à gauche, au bois du Polygone à droite. Les trois bataillons sont en ligne. Les tranchées allemandes sont très rapprochées et le secteur est constamment en éruption. L’ennemi, largement pourvu de minenwerfer (mortier de 76mm), en fait un usage continuel qui inflige des pertes sensibles. Une des compagnies est durement éprouvée le 14. Le régiment est exposé à la guerre des mines et réplique par des tirs d’obusier Aasen, des pétards de cheddite, des mortiers de tranchées. L’occupation de ce secteur se poursuit jusqu’au 9 avril, avec des alternatives de première ligne et de cantonnements, à Saint-Jean-d’Ypres, à Vlamertinge, à Saint-Julien et à Ypres. Le 9 avril, le régiment est relevé dans les secteur de Zonnebeke par les anglais. L’obscurité est complète et les remplaçants sont en retard. L’état du terrain ajoute des difficultés sans nombre mais l’opération s’exécute sans incidents, et le régiment quitte la Belgique. La première étape le conduit en autos à Bombecque où le 12, il reçoit la visite du président Poincaré, du ministre de la Guerre et du général Gallieni. Le mouvement reprend le 14, avec cantonnement à Staple. Le 15, il entre dans le Pas-de-Calais, pour venir à Thérouanne. Les étapes suivantes conduisent à Pernes, d’où le 19, le régiment, embarqués en autos, roule par Valhuon, La Thieuloye, Monchy-Breton, Tincques, Savy et Aubigny, pour débarquer à Hautes-Avesnes. Le cantonnement est à Marœuil, où se trouve une forte agglomération de troupes. Il y a deux régiments territoriaux et un régiment d’artillerie. C’est les préparatifs de la bataille d’Arras qui va embraser le front, depuis Neuville-Saint-Vaast jusqu’à Notre-Dame-de-Lorette. Le régiment procède à l’organisation offensive du secteur et y déploie une grande activité jusqu’au 28, date à laquelle il est relevé pour aller au repos à Savy-Berlette où les préparatifs continuent : construction de passerelles de franchissement, distribution de vivres, de munitions, etc. Le 5 mai, le régiment est à Aubigny. Partout les troupes affluent pour l’attaque fixé au 7, puis retardé de quarante-huit heures. Le 8, le régiment se porte à Marœuil. Déjà, l’artillerie française commence une lente préparation. Le 9, dès l’aube, les bataillons occupent leurs positions de départ. Un bataillon se porte à Marœuil sur la cote 84 ; un deuxième dans la tranchée au Nord-Est de Marœuil ; le dernier est en position depuis deux jours dans la tranchée de première ligne. Vers 5 heures, le bombardement atteint une violence inouïe. A 6 heures, les soldats s’élancent, précédés de l’explosion de mines, sous les tranchées allemandes. Trois lignes de tranchées allemandes sont enlevées d’un seul élan. Des canons, des mitrailleuses, de nombreux prisonniers tombent entre les mains des français. L’artillerie de campagne se porte en avant. A la gauche du régiment, se trouve une division marocaine. A droite, un régiment progresse laborieusement et la bataille continue toute la journée. Les compagnies arrivent aux lisières de Neuville-Saint-Vaast où elles s’accrochent vigoureusement. L’attaque est reprise le 10, à 10 heures. Le 11, l’attaque continue et le cimetière de Neuville tombe. A partir du 15, la lutte tourne au combat de rues. Il faut conquérir Neuville, maison par maison, cave par cave, mur par mur. L’ennemi, qui s’accroche désespérément, est traqué partout sans répit. L’artillerie de tranchées le harcèle. La lutte devient effroyable et incessante. Le 19, les lignes sont furieusement bombardées. La lutte dans Neuville continue. Pendant la nuit du 20, le régiment enlève deux maisons, et le lendemain, dans la soirée, l’ennemi attaque sans résultat. Le régiment qui se trouve à droite, tente une attaque le 22 au soir mais lui aussi rencontre une résistance opiniâtre. Le même jour, à 17 heures, le 146e régiment d’infanterie essuie dans Neuville une attaque ennemie qui provoque un fléchissement momentané : toutes les positions sont bientôt rétablies. Deux nouvelles attaques, le lendemain, sont arrêtées net. Le 23, le régiment a pour mission de résister sur place et de redresser sa ligne pendant que d’autres attaque la cote 123 et le Labyrinthe. Le 24, quelques maisons sont arrachées à l’ennemi. A 14h30, des masses ennemies sont signalées. Dissociées par le feu de l’artillerie et des mitrailleuses, elles ne peuvent fournir qu’une attaque sans vigueur, facilement repoussée. Les hommes sont à bout de forces, lorsque arrive le 24, l’ordre de relève. Deux bataillons gagnent Frévin-Capelle et sont ensuite embarqués, en autos, au bois d’Habarcq, à destination d’Ivergny où ils trouvent le repos. Le dernier bataillon reste en ligne en réserve de division d’infanterie. Le 9 juin, l’ordre de départ est lancé, des autos le déposent à la fourche des routes Saint-Pol – Avesnes-le-Comte – Arras. A 20 heures, le régiment est en marche vers les premières lignes. Deux bataillons occupent les lisières Nord-Est de Neuville-Saint-Vaast ; l’autre est en réserve. Des bombardements incessants creusent des vides cruels dans les rangs. Le 12, la lutte reprend âpre et sans trêve. Le 14, une compagnie collabore avec un autre régiment sur la gauche et enlève 100 à 120 mètres de tranchées ennemies. Le 16, nouvelle attaque par le régiment, prise dès son débouché, sous les mitrailleuses ennemies. Seules deux compagnies progressent un peu. Aucun répit est donné à l’ennemi, l’attaque se renouvelle dans la soirée. La première vague est bientôt immobilisée, sous un feu terrible. La deuxième vague fait quelques progrès mais subit de fortes pertes qui l’obligent à s’arrêter. Fernand est blessé par un éclat d’obus à la fesse. Pendant la nuit, le régiment se reforme et il attaque à nouveau le 17. Les compagnies d’assaut bondissent dans la tranchée ennemie et poussent des éléments en avant. Mais ceux-ci, exposés au feu de l’artillerie française, sont obligés de se replier. C’est le signal d’une contre-attaque de l’ennemi qui enlève deux parallèles. Il n’y reste pas longtemps, une contre-attaque immédiate l’en chasse. Pour la deuxième fois, le régiment est désorganisé. Les hommes sont à bout de résistance physique et nerveuse. Les restes du régiment sont rassemblés et reformés les 18, au chemin des Pylônes, puis dirigés le 19 sur Ecoivres et Izel-les-Hameaux. Il revient de Neuville 31 officiers sur les 46 et 1631 soldats sur les 3140. Le régiment reste au cantonnement jusqu’au 27 juin. A cette date, il revient pour la dernière fois sur le champ de bataille de Picardie, dans le secteur du Labyrinthe. Il est d’abord placé derrière un autre régiment et le relève le 1er juillet. Les lignes sont bombardées continuellement ainsi que Marœuil et Etrun. L’incendie d’Arras s’allume à l’horizon. Le 4, une attaque à la grenade sur deux compagnies est repoussée, mais est suivie par un redoublement du bombardement. La relève a lieu le 5 et le 6 ; un bataillon vient cantonner à Ivergny et les deux autres à Izel-les-Hameaux. Le régiment ne tarde pas à quitter la Picardie. Transporté le 13 en autos, dans la région d’Abbeville, il s’embarque le 14 en chemin de fer à Pont-Rémy et roule vers la Lorraine. Le régiment débarque à Charmes, le 15 juillet, est cantonne dans les casernes de Lunéville. La ville est souvent survolée par les avions ennemis, et reçoit même quelques bombes le 27. De nouveau, il faut repartir, il s’embarque et arrive à Blesmes le 27. De Blesmes, le régiment se rend de nuit dans ses cantonnements de Vanault-le-Châtel et Doucey. Les plus grandes précautions sont prises contre les avions ennemis, et les marches nocturnes continuent dans le but de dérober à l’ennemi les mouvements de troupes. Le 30, le régiment bivouaque dans les bois entre Somme-Bionne et Somme-Tourbe jusqu’au 25 septembre. Le 25, le régiment s’élance sur son objectif en quatre vagues sur le bois de la Demi-Lune. Un bataillon, gêné par le tir de sa propre artillerie, appuie à gauche et entraîne dans cette déviation un second bataillon qui est à droite. A 10h30, deux bataillons s’emparent de Maisons-en-Champagne ; mais le bataillon désorienté est désorganisé par la lutte reflue jusqu’à la route de Cernay. Un bataillon gagne péniblement du terrain. Pris sous les feux de flanc venant de la main de Massiges, il s’infléchit à gauche. Divers éléments du régiment sont arrêtés devant la tranchée dite des 500. Cette tranchée finit par être prise à revers et à 18 heures, 180 à 200 allemands en sortent en se rendent. L’attaque fut rude avec 25 officiers et 528 hommes morts. L’attaque de l’ouvrage de la Défaite doit avoir lieu dans la journée du 26. Elle part à 15 heures et réalise une progression appréciable. Mais la capacité offensive de la troupe s’épuise rapidement à cause de manque de cadres. A 18 heures, l’arrêt est définitif et l’objectif n’est pas atteint. Le lendemain, à 16 heures, reprise de l’attaque. Ce qui reste du régiment est renforcé par deux bataillons d’un autre régiment. Les éléments de droite progressent assez facilement en repoussant une contre-attaque ennemie. Le centre et la gauche réussissent aussi à gagner sensiblement du terrain. Quelques groupes pénètrent même dans l’ouvrage, mais exposés au feu de son artillerie, ils ne peuvent s’y maintenir. Un repli s’exécute jusqu’à la route de Cernay. Le 28 s’écoule en réorganisation et travaux, tout en se tenant prêt à tout évènement. Des tirs de démolition sont exécutés sur l’ouvrage de la Défaite que le corps colonial doit attaquer. Le soir du 29, le régiment cède la place et se rend dans les abris voisins de la Borne 16, pour procéder hâtivement à une réorganisation. Un petit renfort arrive et le 1er octobre le régiment vient relever ceux du 29. Il place six compagnies en première ligne et deux compagnies en soutien et un bataillon en réserve. Le soir même, ils se mettent au travail pour creuser une nouvelle parallèle de départ en vue d’une attaque par une brigade marocaine, qui doit avoir lieu le 6. Vingt-quatre heures après, cette parallèle a déjà un mètre de profondeur. Les nombreux bombardements ennemis n’arrivent pas à ralentir les travaux, qui sont complètement achevés, gradins de franchissement compris, le 5, au moment où le régiment revient aux abris de la Borne 16. Le jour de l’attaque par les marocains, le régiment alerté occupe le bastion et le fortin. Il vient de recevoir un renfort de 400 hommes. Le soir il réoccupe le secteur et jusqu’au 9, date de sa relève, il exécute d’importants travaux de terrassement et de construction de réseaux afin d’assurer la possession définitive du terrain conquis. Le 11, étape à Dommartin-su-Yèvre, le 20 sur Valmy. Les opérations du régiment en campagne se poursuivent jusqu’au 21 décembre par une série de relèves, l’occupation du secteur de Maisons-en-Champagne alterne avec le cantonnement à Valmy. Le 28 décembre, le régiment monte en chemin de fer à Blesmes où quatre mois auparavant il débarquait. Il débarque le 29 décembre à Diarville, il fait un nouveau séjour en Lorraine à Praye-sous-Vaudémont et Saint-Firmin.

Il arrive ensuite le 1er février 1916 à son cantonnement de Bertrichamps, NeufMaisons et baraquements du bois Viombois, pour exécuter des travaux d’organisation défensive dans la région de Baccarat. Le 18 février, les travaux terminés, le régiment part à pied et arrive le 20 dans les cantonnements de Méhoncourt, Brémoncourt, Einvaux où il a ordre de se tenir prêt à un embarquement éventuel. L’embarquement a lieu le 21, à Charmes, et le débarquement le 22, à Revigny. La ruée allemande sur Verdun s’est déchaînée la veille et la situation menace de devenir grave. Le 25, le régiment se trouve à Chaumont-sur-Aire et Courcelles-sur-Aire. Il se hâte vers le champ de bataille. Le même jour, il s’embarque en autos, débarque à Regret et vient cantonner à la caserne Marceau, tandis que les mitrailleurs font la route à pied. Le 26 février, alerté, il part de la caserne à 3h15, un bataillon se place dans le ravin situé au Sud de la croupe du carrefour Ouest de Douaumont. L’ennemi multiplie ses attaques ; au commencement de l’après-midi, il bouscule la ligne de zouaves et tirailleurs qui est devant un bataillon du régiment. Deux compagnies le contiennent et au moment où il atteint le Calvaire, une autre compagnie se lance à la baïonnette. Les allemands, surpris, s’arrêtent, les deux compagnies saisissent immédiatement l’occasion et chargent, mettent l’ennemi en fuite et le poursuivent avec les tirailleurs, dépassant même la ligne précédemment occupée. A 16 heures, tout danger est écarté mais 10 minutes après, une nouvelle tentative mais est vite avortée par le feu de l’artillerie. A 16h30, pour la troisième fois et après une nouvelle préparation, l’ennemi s’élance sur les lignes : les tirailleurs commencent à fléchir. En un clin d’œil, la réserve avance et la première ligne se lance baïonnette au canon. L’ennemi qui arrivait à la crête est surpris, frappé de terreur, il oscille, lâche pied et fuit précipitamment. Le soir, le secteur est organisé, il se limite à droite par le Calvaire et à gauche par la ferme Houdremont. Les attaques ennemies se renouvellent les jours suivants mais sans provoquer une crise comparable au 26. Fernand est blessé par balle mais cela lui provoque qu’une contusion au coude gauche. Le 3 mars s’écoule dans un calme relatif mais le 4, l’artillerie ennemie fouille le ravin Sud du Calvaire et bombarde les deuxièmes lignes. L’attaque allemande a lieu à 18h mais est maîtrisée. Le soir, deux bataillons sont relevés et les jours suivants, les éléments du régiment rejoignent successivement les baraquements Aviation où un bataillon se tient en état d’alerte. Dans l’intervalle, il cantonne à Saint-Dizier du 10 au 21 mars, puis à Haironville et Rupt-aux-Nonains jusqu’au 31. Ces jours sont marqués par diverses prises d’armes pour remise de récompenses. Le 31 mars, le régiment débarque des autos à Dombasle-en-Argonne et le 5 avril, il retourne à la bataille en alerte. Partant à minuit de Dombasle, il arrive à Montzéville le 6 à 2h30. Un bataillon repart peu de temps après pour Esnes, il se rend le lendemain à la cote 304, pour combler un vide qui s’est produit entre deux régiments. Les allemands ayant enlevé, le 7, les ouvrages dénommés : Vassincourt, Peyrou et Palavas, la reprise de ces deux derniers est décidée pour le 8 au matin et dans ce but un groupement formé d’unités du 146e et deux bataillons d’un autre régiment est formé. Cette contre-attaque ne peut développer sa pleine puissance. Les éléments opérant la nuit, sur un terrain inconnu, au milieu des difficultés sans nombre n’arrivent qu’entre 4h30 et 5h30 ; seul un bataillon est face à son objectif, les autres, surpris par le petit jour, ne peuvent agir ; il en résulte que l’action du bataillon est très limitée. La remise en ordre est une opération des plus laborieuses. Les mouvements prescrits dans ce but ne sont exécutés qu'en partie le 9. Cependant trois attaques de l'ennemi : 12h35, 13 heures, 14h45, ne sont pas moins brisées par nos feux de barrage et nos feux d'infanterie. La remise en ordre continue. Il en résulte que le front du régiment est limité à gauche par la corne nord-est du bois Camard à droite par le fond du ravin descendant de la cote 304. Ce front est tenu par les 1er et 3e bataillons du 146e et le bataillon Beurrier du 160e régiment d'infanterie. L'activité des jours suivants (12 et 13) se limite à l'artillerie. Le 14, le régiment, relevé par le 2e B.C.P., gagne Béthelainvilleet Vignéville où il reste en réserve de Division d’infanterie jusqu'au 19. A cette date, il s'éloigne des champs de bataille de Verdun, séjourne quelques jours aux environs de Saint-Dizier et s'achemine par voie ferrée, le 25 avril, vers la Somme où une nouvelle bataille ne tardera pas à éclater Le Commandement français a résolu, en effet, d'ouvrir un nouveau champ de bataille sur cette partie du front en collaboration avec nos alliés britanniques. Notre offensive libérera une nouvelle partie du territoire national et, en aspirant les réserves allemandes, achèvera le dégagement de Verdun. Quittant les environs de Saint-Dizier, le régiment s'embarque, le 25 avril, à Saint-Eulien, et vient débarquer dans la région de Montdidier ; il y séjourne jusqu'au 8 mai, exécute divers déplacements qui l'amènent dans la région de Poix et à partir du 29, se rapproche progressivement du théâtre de la prochaine bataille. Le 1er juin, il aboutit à Méricourt-sur-Somme et vient s'installer dans la zone Suzanne-Bray. Le régiment commence alors la période de secteur qui précède toute attaque, pendant laquelle les chefs font les études et les reconnaissances préparatoires, les troupes exécutent les travaux et se familiarisent avec le terrain. Pendant cette période, l'ennemi, qui sans doute « flaire quelque chose », exécute le 12 juin un tir inaccoutumé de minenwerfer. Le lendemain, à 23h 30, après une rapide préparation, il tente un vigoureux coup de main qui donne lieu à une lutte corps à corps. A 24 heures, le calme renaît, nos lignes sont intactes et l'ennemi n'est certainement pas plus avancé. La VIe armée doit attaquer prochainement de concert avec les armées anglaises ; le 146e aura pour objectif la lisière est du bois Favières. Travaux et reconnaissances continuent. Le régiment a reçu 72 fusils mitrailleurs qui vont faire leur début sur le champ de bataille. Le 27 juin, les deux bataillons de première ligne sont en place : 2e à droite, 1er à gauche. Le 28 on achève de prendre le dispositif. Le jour de l'attaque fixé au 29 est reporté au 1er juillet, par suite du mauvais temps. Le 1er juillet à 7 heures, les troupes sont en place : à gauche le 153e , à droite la 78e brigade. H = 7h 30. Au moment précis fixé pour l'attaque, les bataillons de première ligne (1er et 2e ) franchissent le parapet et marchent droit sur le bois Favières, leur objectif. Vingt minutes après, ils atteignent la lisière ouest et pénètrent à l'intérieur. Notre préparation d'artillerie, complète au sud du bois, a été insuffisante au nord. Il en résulte que le bataillon de droite (2e ) peut arriver sur son objectif à la lisière est, tandis que celui de gauche (1er) trouve à la corne nord-est une forte résistance qui n'a pas été très ébranlée par le canon et qui oblige notre ligne à s'infléchir. L'ennemi, solidement retranché en ce point dans un fortin, est vigoureusement attaqué à la grenade, mais malgré un renforcement par des éléments du 3e bataillon, on n'arrive pas à l'en déloger. Il faut monter une action plus puissante : elle est décidée pour 16 heures et sera confiée au commandant Jacquesson. Mais au cours de la reconnaissance préalable, ce brave officier est blessé, et l'attaque est remise au lendemain. Les pertes s'élevaient à 2 officiers, 45 hommes de troupe tués; 6 officiers, 222 hommes blessés. Parmi les tués se trouvait le capitaine Jean, qui malgré deux blessures n'avait pas voulu quitter le commandement de sa compagnie. La réaction ennemie se produit le 2 juillet., Dès 3h30 il pousse de nombreuses reconnaissances vers notre front. Puis des groupes importants débouchent et parviennent jusqu'à nos réseaux. C'est une véritable contre-attaque. Balayés par nos mitrailleuses, isolés par un tir de barrage qui interdit l'arrivée de tout renfort, ces groupes n'ont d'autre ressource que de se rendre : 150 prisonniers dont 6 officiers tombent entre nos mains, ainsi que deux mitrailleuses Maxim. Le fortin tient toujours et devient un foyer de lutte intense. Le coup de main projeté est repris le 2, à 20 heures, sous la direction du capitaine Gauche. Nos soldats s'élancent et abordent les défenseurs du fortin, mais ils sont rejetés par une contre-attaque immédiate suivie d'un tir violent d'artillerie sur nos positions. Le combat ne s'éteint qu'à 1 heure du matin. Nous perdons en outre 3 officiers blessés. 15 tués, 30 blessés. Le 4, au matin, nouveau combat à la grenade. A la nuit, nos éléments, qui combattent sans relâche depuis plusieurs jours devant le fortin, sont relevés par un bataillon du 153e; le lendemain, le 3e bataillon du 146e relève le 2e. L'offensive générale doit être reprise le 8 juillet. A gauche, la 21e brigade anglaise attaquera le bois des Trônes, puis la ferme Malzhorn. L'attaque est fixée à 9h 30. A ce moment précis, nos bataillons de première ligne (2e et 3e) partent avec le même entrain que le 1er juillet : ils ont comme objectif la croupe est de Hardecourt et parviennent un quart d'heure après, sans trop de pertes, au village, capturant, chemin faisant, trois mitrailleuses. L'armée anglaise ne réalise pas l'avance prévue. Le 2e bataillon ne peut atteindre complètement son objectif. Il prend position, sa droite dans les vergers du village, sa gauche à 80 mètres de la cote 123. Le 3e bataillon vient occuper la cote 123 par sa droite, sa gauche en direction de la ferme Malzhorn. Le tir trop court de notre artillerie oblige notre compagnie de gauche, la 12e, à rétrograder d'une cinquantaine de mètres. Aussitôt l'ennemi contre-attaque. Le capitaine Cochin, commandant la 9e compagnie, voit le danger et entraîne sa compagnie en avant, secondé par le sous-lieutenant Imbault. Ces deux vaillants officiers sont tués à la tête de leur troupe. On comptait en outre, pour la journée : les sous-lieutenants Disson et Burlat tués, 6 officiers blessés ; 45 tués et environ 150 blessés. Pendant la nuit, le calme succède à la lutte. On le met à profit pour s'occuper de travaux et d'approvisionnements. La nuit suivante, du 9 au 10, le 4e Bataillon de chasseurs à pied vient relever le 146e auquel sont assignés les cantonnements de Chipilly  et l'Etinehem. Le régiment reviendra en ligne le 26, pour la reprise d'offensive du 30. Dans les cantonnements, où il reste jusqu'au 23, puis au camp de Bouzencourt, le temps est employé à l'instruction et aux mesures de réorganisation. Parmi ces dernières, il faut citer la constitution du dépôt divisionnaire et l'organisation des bataillons à trois compagnies et une compagnie de mitrailleuses. Le 26, le 146e, quittant le camp de Bouzencourt,, se porte en position d'attente à l'ouest de Bray, en vue de la relève qu'il doit effectuer le soir même. A la nuit, il vient occuper le secteur est de Hardecourt, 1er bataillon à droite, 3e à gauche, le 2e en réserve dans le bois Favières. Il est encadré entre le 160e à droite et le 153e à gauche. Le régiment doit attaquer le 27 les positions au nord de Maurepas, mais l'attaque est différée et ce délai est employé à pousser les travaux et à des tirs de destruction par l'artillerie. L'opération est fixée au 30 juillet, 4h 45. A 3h 30, les bataillons sont prêts. Pendant la nuit, le 2e bataillon a serré et occupe, en réserve, les tranchées et talus intérieurs de Hardecourt. Les bataillons de tête partent à vive allure à l'heure fixée, à travers un épais brouillard, auxiliaire précieux pour une attaque, qui masque leurs mouvements et leur évite le barrage ennemi. A 5h 25, le 1er bataillon atteint le bois du Quesne. Le 3e, trompé par le brouillard, a fortement dévié vers la droite et empiète sur la zone de marche du 1er bataillon. Il arrive à se redresser et à s'établir à gauche du 1er bataillon, mais ne trouvant aucune liaison vers le 153e, sa gauche s'échelonne face au nord. Pour étayer la position trop en flèche de ces deux bataillons, les 5e, 7e et deux sections de mitrailleuses de la Compagnie de Mitrailleuses 2 sont poussées en avant. La 5e vient s'intercaler dans le 3e bataillon au sud du bois de l'Angle, la 7e se place en réserve du 1er bataillon. Ces mouvements survenant pendant que le 3e bataillon rectifie son erreur de direction provoquent un mélange de compagnies auquel il est remédié par une répartition du commandement entre les trois chefs de bataillon. Telle est la situation à 5h 45, elle ne changera plus pendant la journée. La possession de la ferme Faffémont est indispensable pour progresser et les Anglais n'arrivent pas à l'occuper. Les mitrailleuses ennemies prennent tout mouvement sous leur feu. L'ennemi essaie de s'approcher par infiltration ; il est vite arrêté par nos feux. Ne pouvant avancer, les bataillons commencent à s'organiser sur place en aménageant les trous d'obus. L'action de l'artillerie est nulle sur notre ligne avancée. Elle se concentre sur les tranchées de départ de Hardecourt dès 5 heures, lorsque les Allemands se rendent compte de l'attaque. La situation du régiment demeurait tactiquement défavorable. Aussi ne fut-elle pas conservée. Le soir, l'ordre est donné de reprendre les positions de départ. Pendant toute cette journée, la liaison par avion avait donné des résultats remarquables. On s'attend à reprendre l'attaque. « On va remettre ça », disent les hommes. Mais il n'en est rien. Le 146e a donné trois fois depuis le commencement de l’offensive. Il sera bientôt retiré de la lutte. En attendant il poursuit énergiquement les travaux malgré les bombardements ennemis qui depuis le 30 juillet deviennent plus fréquents et plus nourris. La relève s'opère le 7 au soir par un bataillon du 1er mixte et le 2e Bataillon de chasseurs à pied et c’est le départ du secteur de Hardecourt en traversant le terrain ravagé par la bataille : tranchées écroulées à peine reconnaissables parmi les trous d'obus, abris défoncés qui ne sont plus qu'un amas informe d'où surgissent des madriers déchiquetés et des tôles tordues, bois saccagés où il ne reste que des troncs d'arbres de différentes hauteurs, suivant le point où ils ont été frappés, se terminant par un faisceau de fibres disjointes, réseaux détruits, jonchant le sol de leurs débris épars. Un court séjour au camp du bois Gressaire et le régiment, enlevé en autos, vient s'embarquer en chemin de fer à Boves pour une destination inconnue qui devait être une halte rafraîchissante sur la route ardue du sacrifice. Il débarque le 12 août à Incheville et se rend aussitôt dans ses cantonnements : Criel, Heudelimont, Saint-Remy, à proximité du Tréport. Cette fois nous sommes bien hors de la guerre ! Le Tréport, avec ses hautes falaises, d'où la vue met de l'infini dans la pensée, est à ce moment très animé par la saison balnéaire. Les régiments du 20e corps lui apportent un contingent important de baigneurs assidus. Des baignades et des promenades au bord de la mer sont organisées dans les régiments. Mais Le Tréport ne sera pas une Capoue. L'avenir, c'est toujours la grande œuvre à accomplir : rejeter l'ennemi hors de France. On travaille ferme. L'instruction reprend dès l'arrivée : exercices des petites unités, manœuvres de régiment et de brigade, exercices de liaison avec l'artillerie et par avion sont exécutés avec méthode et application et quand le 8 octobre le moment du départ arrive, le régiment terminé une période des plus salutaires pour sa bonne santé morale et physique et pour son instruction. Il est parfaitement « en forme ». En quittant la Seine-Inférieure le régiment se rend à Lœuilly  et Tilloy-lès-Conty   (à l'est de Poix). Il fait la première partie du trajet (jusqu'au 12 octobre) par étapes et le reste en autos le 13. C'est une nouvelle période d'instruction qui s'ouvre, à l'issue de laquelle il part le 16 novembre, pour occuper un secteur du front de la Somme. Enlevé en autos, il s'installe au camp 13 (nord-est de Chipilly). Le lendemain 17, le 1er bataillon part à 23 heures pour Frégicourt où il sera en réserve de corps d'armée. Les autres bataillons se rendent le 21 à la halte de Maurepas, également en réserve de Corps d’Armée, et le lendemain relèvent le 160e à Sailly-Saillisel tandis que le 1er bataillon devient réserve de régiment à la Carrière. Depuis nos attaques de juillet, un nouveau lambeau du territoire a été arraché à l'ennemi par les régiments qui ont suivi, au prix d'une lutte dont l'aspect du terrain atteste l'acharnement. De Hardecourt, de Maurepas il ne reste aucun vestige. Partout le chaos de l'œuvre de destruction. Il semble que la terre ait été secouée par un de ces cataclysmes des premiers âges géologiques. La mission du régiment est d'organiser le secteur. Le mauvais temps sévit depuis plusieurs jours. Sur le terrain bouleversé les travaux sont à peine commencés. Les deux bataillons en ligne se mettent à l'œuvre sous la pluie tyrannique et obsédante qui oblige à chaque instant à recommencer un travail à peine terminé. Le transport du matériel, qui ne peut se faire que par corvées, exténue les hommes, qui s'engluent dans la boue et trébuchent dans les trous d'obus.

Le 13 octobre, le régiment débarque à Lœuilly pour y cantonner plusieurs jours. Le 26, alors que le 146e est toujours en cantonnement, un accident survient, Raoul a reçu une balle tirée par un garde, à 3 mètres de distance. Il est transporté à l’hôpital n°105 d’Amiens. L’orifice d’entrée est sur la face postéro externe de la cuisse gauche et celui de sortie est sur la face antero postéro externe. Il fait une hémorragie interne et reçoit une injection de caféine, de l’huile camphré, de l’adrénaline ainsi que de l’éther mais il décède trois quart d’heure après son entrée. Le journal de marches et d’opérations ne permet pas de savoir exactement ce qu’il s’est passé et quand il a été évacué. Il repose au cimetière de Fleury.

Le 8 décembre 1916, un secours de 200 francs est accordé à sa veuve, Jeanne. A titre de comparaison, un obus de 120, en mai 1917 coûte 120 francs et équivaut à 30 861 € d’aujourd’hui.

Citation pour la médaille militaire publiée au journal officiel du 12 juin 1921 : « excellent sous-officier. A toujours fait preuve de courage et de sang-froid. Mort pour la France le 26 octobre 1916 des suites de ses glorieuses blessures. Croix de guerre avec étoile de bronze».

Le 8 décembre 1916, un secours de 200 francs est accordé à sa veuve, Jeanne. A titre de comparaison, un obus de 120, en mai 1917 coûte 120 francs et équivaut à 30 861 € d’aujourd’hui.

Genetre raoul 1

 

Les déplacements de Raoul durant la guerre

Sources

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