BERTRAND Désiré

Le 17/04/2018 0

Dans Les Poilus du Monument

Bertrand desire

Il est né le 24 mars 1888 à Fleury, fils de BERTRAND Amédée Gustave et RENAUD Anne. Marié le 25 octobre 1913 à Fleury avec LETORD Mariette. Avant la guerre, il travaillait comme ouvrier de culture.

Désiré arrive au 356e Régiment d'infanterie le 3 août 1914 qui est basé à Troyes, il va par la suite se rendre progressivement à Toul où il est affecté à la défense mobile de la place. Après avoir séjourné quarante-huit heures à Limey, le régiment reçoit l'ordre de marcher sur Pont-à-Mousson, d'occuper et d'organiser défensivement le mamelon Sud-Ouest de Montrichard et le saillant Nord de la forêt de Puvenelle ; il tient ce front les 21 et 22 août et y exécute des travaux de retranchement ; ses compagnies de réserve, au centre du dispositif, stationnent à Montauville. Le 23 août, par Mamey, Martincourt et Gézaincourt, il fait mouvement sur Rogéville ; sa mission générale est de tenir le plateau de Saizerais et de creuser des Tranchées au Sud de l'Ache ; il organise des centres de résistance avec le souci scrupuleux d'une défense méthodique et jusqu'au 31 août il transforme les points d'appui autour de Rogéville et la localité elle-même en réduits solides; au début de septembre, il se porte sur Toul par Royaumeix, puis il est embarqué à destination de Ludres et Jarville ; le 4 septembre, il est à Lupcourt ; le lendemain, par voie ferrée, il est transporté à Toul. Le régiment est cependant arrêté par un ordre pour prendre position en réserve face à Laneuville-devant-Nancy et au canal de la marne au Rhin. La période des combats approche ; les marches, les déplacements, les travaux de campagne que la défense mobile de la place de Toul avait nécessités ont pris fin ; le régiment participe activement d'abord à la bataille du Grand couronné qui délivre Nancy, ensuite aux attaques sur la Meuse qui dégagent le fort de Troyon. Le 5 septembre, dans l'après-midi, le régiment est tenu prêt à entrer en action, comme troupe réservée, sur les collines de la rive gauche de la Meurthe dans la zone ferme la grange, la Broyère, le Châlet. Dans cette situation, il organise un repli de position et reste en alerte de jour et de nuit; le 6 septembre, il cantonne à Gondreville et Fontenoy ; le lendemain, placé en réserve des troupes qui se battent dans le bois de la Côte-en-Haye, il est exposé au feu violent et continu des batteries lourdes allemandes ; le 8 septembre, il vient s'établir à Avrainville et en part vingt-quatre heures après pour Lérouville et Mécrin ; le 10 septembre, au petit jour, il vient occuper Apremont, et le soir, il prend les avant-postes à Saint-Mihiel. Les allemands attaquent le fort de Troyon qui est tout proche, un bataillon du régiment est envoyé en renfort et attaque le 13 septembre ; le fort reste français. Pendant ce temps le reste du régiment, un autre bataillon protège l’artillerie qui attaque la cote 337 où l’artillerie allemande tir sur le fort ; le 13 il se repli et cantonne à Lavignéville. Le 15, le régiment est regroupé au Deuxnouds-aux-bois ; le 17, il cantonne à Hattonchâtel. Le 20 septembre et pendant plusieurs jours, il traverse le bois de la Voisogne et participe à la prise du village de Limey puis continue l’avancée avant de se replier sous la pression allemande, aux positions de départ.  Jusqu'au commencement du mois de mars 1915, le Régiment occupe et organise les positions comprenant le bois de la Lampe, le bois dit le brûlé et le bois des Chambrottes. Aucun événement notable ne marque cette période faite uniquement de durs travaux et de bombardements intermittents. Pendant tout un hiver rigoureux il lutte dans des conditions précaires contre les intempéries particulièrement pénibles sur ce sol humide de Lorraine.

Le 1er mars, un bataillon part pour le Bois-le-Prêtre qui domine Pont-à-Mousson et un autre reste au bois dit le brûlé. De part et d'autre, il n'y a aucune opération importante, mais les unités en ligne doivent subir souvent les bombardements intenses que les Allemands déclenchent sur tout le front lorsqu'une action se déroule vers la Croix des Carmes ou la lisière Ouest de la forêt. Début avril, tout le régiment se rend au Bois-le-Prêtre pour prendre la tranchée « hors bois », l’artillerie prépare l’attaque puis l’infanterie s’élance avant de tomber sur un barrage allemand, devant les pertes il faut renoncer à l’assaut et pendant les jours suivants, le régiment s’emploie à l’organisation du terrain sous un tir d’artillerie ininterrompu. Le 10 avril, l’ordre est donné de reprendre l’offensive, l’objectif est atteint et trois mitrailleuses ennemies sont capturées. Les allemands commencent aussitôt une contre-attaque et malgré de nombreuses pertes elle est repoussée. A partir du 11 avril, le 356e régiment d’infanterie organise sans répit le terrain qu'il a enlevé, le 1er mai une tentative allemande pour reprendre la tranchée échoue. Le 30 mai, une attaque est montée dans le secteur du quart en réserve et hors bois, la préparation de l’artillerie commence à 10h00 et c’est à 12h15 que le régiment franchi le terrain libre et atteint la première partie des objectifs et engage un combat à la grenade et à la baïonnette. A la suite d'un violent corps à corps l'ennemi évacue la position, laissant sur place un grand nombre de tués, de blessés et une trentaine de prisonniers. A partir de ce moment l'attaque se fixe sur les tranchées conquises. Des barrages sont établis aux endroits critiques et l'organisation du terrain commence. Le 31 mai, après une canonnade de plusieurs heures, les Allemands attaquent et ce n’est que dans la nuit que la contre-attaque française repousse l’ennemi ; le jour suivant il y a les mêmes combats qui finit par la défaite allemande. Pendant un an encore, le 356e régiment d’infanterie reste dans ce Bois-le-Prêtre où tant d'efforts sanglants ont déjà été dépensés. A part quelques coups de main ou reconnaissances, il n'y a plus de ces combats exaspérés et sévères qui ont marqué la fin de l'année 1914 et le commencement de l'année 1915. Mais aucun répit n'est laissé aux défenseurs de la forêt. Tous les jours les mines et les obus s'écrasent sur les différentes parties du secteur. La zone des Petites et Grandes carrières connaît en particulier des pertes journalières et nombreuses.

Le 20 juillet 1916, le 356e est transporté au camp de Saffais où, jusqu'au 10 août, il procède à l'instruction des cadres et de la troupe, à l'amalgame des renforts et à l'entraînement progressif de ses unités par des exercices et des manœuvres fréquents et bien étudiés. Le 11 août, il embarque à Ludres pour la région de Verdun. Le 28 août, il relève un régiment dans le secteur de la Lauffée et de la tranchée du Chenois-la-Montagne. Le 4 septembre, les allemands donnent l'assaut, après un écrasement préparatoire de l'objectif par des batteries de gros calibres et des lance-mines, des tranchées au Nord du fort de Tavannes, dans la zone du Chenois et du fortin barrant la route de Vaux. Durant toute la journée, le régiment résiste, perd les tranchées et les reprend, en fin d’après-midi, les Allemands se vengent de leur insuccès par un bombardement terrible ; ce n’est que le soir que le régiment prend le temps de reconstruire les tranchées. Vers 21h15 une grande explosion se produit à la sortie Ouest du tunnel de Tavannes, ; un quart d'heure après, une vague épaisse de fumée remplit le tunnel jusqu'au-delà de la cheminée centrale et gagne rapidement la sortie Est. La nappe de gaz est intense et chargée d'oxyde de carbone ; il est impossible, même avec des masques et des appareils respiratoires, pour opérer le sauvetage de la garnison et des services qui s'y trouvent, de pénétrer dans le souterrain. Quelques dizaines de minutes après, demis asphyxiés et à demi vêtus en surgissent par groupes affolés ; ils sont recueillis par l’équipe médicale du régiment qui est venu occuper des abris disponibles à proximité de la fontaine de Tavannes ; ils ne savent pas ce qui s'est passé et ne peuvent fournir aucune explication ni sur les causes de cette formidable explosion, ni sur les effets de l'incendie qu'elle a allumé. Les nappes de fumée, en brouillard opaque, se répandent au loin et montent très haut dans le ciel ; elles provoquent de la part de l'ennemi un redoublement du tir de son Artillerie ; les obus interdisent complètement les accès du tunnel ; lorsque, dans la nuit, les premiers secours essaient d'y entrer, ils se heurtent à d'effroyables décombres et à des monceaux de cadavres calcinés. Le 6 septembre, une attaque est lancée et l’ennemi s’enfuit sans résistance ; les jours suivants il y a un duel d’artillerie. Le 11 septembre, le régiment est relevé et cantonne à Combles et Véel. D'octobre à Noël, il tient le secteur de Blémerey, Domèvre et Marainvilliers ; fin décembre, il cantonne à Laronxe et Lunéville.

En janvier 1917, le régiment se rend dans le secteur de la forêt de Parroy. Il est chargé de tenir les centres de résistance d'Emberménil, des Arrieux, de Gouteleine et les ouvrages des Bouleaux. Il travaille avec une activité inlassable à l'entretien des Tranchées, des réseaux de fils de fer, des boyaux et des voies de communication, à l'amélioration des abris et des sapes. Le 3 février, un Nieuport s'abat devant Emberménil ; les aviateurs sont écrasés sous l'appareil et les Allemands tirent au canon sur les débris pour en achever la destruction. Le 6 février, les Allemands essaient un vigoureux coup de main ; Les îlots de résistance s'organisent et une contre-attaque menée par la section de réserve arrête définitivement l'incursion ennemie, refoule les allemands sur la route de Xousse et reprend possession intégrale de la ligne un instant perdue. Le 6 mars, le régiment tente à son tour un coup de main et réussi rapidement. Après une quinzaine de jours passés au repos à Marainvilliers, Manonvilliers et Crion, le régiment reprend ses positions de première ligne en forêt de Parroy ; le 16 avril attaque une tranchée allemande qui est évacuée dans la foulée par l’ennemi. De fin avril au 19 juin, le régiment part en entraînement au camp de Saffais et embarque le 20 juin à destination de Verdun. Le 25, il prend position sur le pentes Sud de la cote 304 où les allemands se montrent très actifs : luttent à la grenade, à la torpille et à la mine. Les jours suivants sont ponctués par de nombreuses attaques à l’artillerie, aux lance flammes et l’infanterie, le régiment subit de nombreuses pertes mais ne lâche pas son secteur jusqu’au 30 juin où il se fait relever. Après un court repos à Autrecourt, le régiment part faire des travaux au bois bourrus et au Mort-Homme. Fin juillet, il est transporté dans la région de Belfort puis le 10 août entre en secteur dans la zone de Pfetterhouse, Seppois-le-Bas, Courtelevant où il reste jusqu'à la fin de l'année.

Au commencement de l’année 1918, le régiment est toujours en Alsace. Malgré la mauvaise saison, le régiment ne reste pas inactif ; il continue à améliorer l'organisation défensive du terrain confié à sa garde. Chaque jour, des reconnaissances offensives sont poussées sur divers points, jusqu'aux lignes ennemies et rapportent de précieux renseignements. De leur côté, les Allemands gênent les travaux en exécutant nuit et jour des tirs de harcèlement et en bombardant à gaz. Le 29 mars, à la suite d'une violente préparation, ils font un coup de main sur l'Entre-Largue. Pris sous le feu des mitrailleuses et des fusils mitrailleurs, ils sont obligés de refluer en désordre dans leurs tranchées. Dans la première quinzaine de mai, le régiment est mis à l'arrière. Le 19 mai, il est embarqué à Fontaine à destination de la Somme. Il arrive à Serqueux le 21 mai et se porte, par étapes de nuit, à Fourdrinoy et Saisseval. Jusqu'au 27 mai, l'instruction est poussée à fond dans les unités qui s'exercent aux manœuvres en liaison avec les chars d'assaut. Le 27 mai, l'alerte est donnée. Les allemands attaquent sur un large front et enfoncent les lignes du plateau du Chemin des Dames ; le 30, le régiment est enlevé en camions et transporté rapidement dans la région de Château-Thierry. Il est immédiatement mis en première ligne pour faire barrage aux allemands qui durant les jours suivants vont faire reculer le régiment mais arrive tout de même à stopper l’avance après plusieurs jours de combat. Le 4 juin, il est relevé par les américains et passe en réserve à Vendrest avant d’être rappelé dans l’urgence aux environs du village de Gandelu où il opère une contre-attaque qui permet de libérer Vinly et Veuilly-la-Poterie. Le 1er juillet, le régiment bivouaque aux environs de Montreuil-aux-Lions ; du 2 au 14, il est placé en réserve, au Sud de Château-Thierry, dans la région de Montmirail. Le 15 et 10 jours durant, les allemands attaquent, progresse dans le bois de Condé, victoire et défaite se suivent mais au bout de plusieurs jours d’intenses combats l’ennemi recule après de lourde perte ; 3 kms sont gagnés. Le 25, le régiment part au repos et est placé en réserve à Fontenelle, Villemoyenne et Bailly. A partir du 25 août, il occupe le secteur de Vauquois et essuie de nombreuses attaquent. Le 20 septembre, le régiment est transporté en Champagne, arrive le 3 octobre à Sommepy où l’ennemi résiste éperdument. Dans la journée des tranchées sont prises et le lendemain l'engagement est repris avec une vigueur nouvelle ; l'ennemi inonde le terrain de gaz vésicants; le bombardement redouble de fureur et empoisonne le sol d'ypérite dont la vapeur sournoise et invisible s'attache aux vêtements et brûle les poumons, les yeux et la peau ; sans trêve, obus explosifs et toxiques s'abattent sur les premières vagues ; héroïquement, elles font tomber l'un après l'autre tous les centres de résistance sur le terrain ravagé par la mitraille et arrosé d'une pluie de balles. Le 6 octobre, il doit atteindre la lisière Nord du bois du Château de Bémont, appuyé par les artilleries de plusieurs divisions et un bataillon de chars blindés. Les batteries françaises exécutent leurs tirs destructifs qui durent toute la journée du 7 octobre ; le 8, un bataillon attaque le retranchement d'Orfeuil et avance jusqu’au baraquements Nord du Wallemuller Lager ; le 9 la résistance acharnée des allemands empêche de continuer la progression. Le 10 octobre, sous la poussée continuelle des compagnies de première ligne dont l'intrépide élan ne faiblit pas, malgré l'ouragan de fer qui s'abat sur elles, l'ennemi enfin cède et bat en retraite vers l’Aisne. Mais Désiré n’aura pas la chance de continué. Il meurt le 10 octobre 1918 à la ferme Médéhat, 1 mois avant la fin de la guerre alors qu’il est au front depuis a mobilisation.

Ferme medeah

Il repose aujourd'hui à Sommepy-Tahure, à la Nécropole Nationale, tombe 838 au côté de 4067 soldats.

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Merci à Alain MORISOT pour les photos à la nécropole

Les déplacements de Désiré durant la guerre

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