MARY René Emile

Le 01/11/2017 0

Dans Les Poilus de la fanfare

Mary rene emile

Né le 2 février 1889 à Fleury-la-Vallée, fils de MARY Emile et ESNAULT Angèle. Marié le 10 avril 1909 à Paris 13e avec RICHARD Marie. Avant la guerre, il travaillait comme lisseur.

A ses 20 ans, René est appelé pour servir dans la classe 1909 avec le matricule 1825 du 3e Bureau de la Seine (Paris). Il intègre le 20e Bataillon de Chasseurs à Pied le 3 octobre 1910. Passé au 104e Régiment d’Infanterie le 25 novembre 1910. Son service se termine le 26 septembre 1912 et il obtient son certificat de bonne conduite.

René arrive le 3 août 1914 à son régiment, le 152e Régiment d’Infanterie (appelé le 15-2). Après avoir attendu quelques jours les renforts qui viennent des Alpes, le régiment voit enfin venir l'heure de la marche en avant. Le 15 août, il attaque le village de Soultzeren (68), puissamment défendu. Les 1er et 2e bataillons s'élancent à l'assaut et balaient toute résistance devant leurs baïonnettes. Malgré le feu précis et meurtrier de l'artillerie ennemie et l’acharnement des Allemands, qui défendent pied à pied chaque maison comme une forteresse, le village est enlevé vers 19h30. Aussitôt, dans la vallée, sur les hauteurs qui la dominent, le régiment engage une poursuite, pour venger ses premiers morts. Sous la violence de ce premier choc, l'Allemand se replie en hâte, talonné par le régiment. Le soir du 17 août, après un bref combat, le drapeau du 15-2 flotte dans les rues de Munster. Le 18 août, les premières marmites tombent sur la place de la ville et les sonneries d'alerte retentissent partout, le régiment repart à l'attaque. La marche en avant est reprise par les crêtes qui dominent Munster au Nord. Le 3e bataillon a pour objectif les Trois-Épis. Tout à coup, sur une cime escarpée que dominent les ruines sauvages d'un vieux burg féodal, au Grand Hohneck, les Allemands surgissent en nombre à travers les sapins touffus. Aussitôt le combat se déchaîne et les Allemands plient sous le choc. C'est un bataillon de landsturm du 2e saxon, qui a pris la place du 171e, envoyé dans le Nord. Culbuté en un clin d'œil, il laisse le terrain couvert de morts et de blessés ; quelques fuyards à peine parviennent à leur échapper par les Trois-Épis. Mais les deux autres bataillons surviennent et la lutte reprend plus ardente et plus dure. Au bout de six heures de corps à corps et de fusillades à travers les sapins et les rochers, le 15-2 demeure maître du champ de bataille, où gisent 200 cadavres allemands. Enthousiasmés par ce succès, qui ne coûte qu'une cinquantaine d'hommes hors de combat, les soldats atteignent le lendemain tous leurs objectifs, les Trois-Épis, Turckheim, Wintzenheim, clef de Colmar. L'Allemand contre-attaque vainement pour les écarter de la ville. A Wintzenheim, le 15-2 attend avec impatience l'ordre d'entrer à Colmar. A peine défendue encore par quelques patrouilles, la ville, à 2 kilomètres d’eux, est comme entre leurs mains. Il ne faut qu'un geste pour saisir ce joyau, qui va récompenser les fatigues et les sacrifices du régiment. C'est alors qu'il reçoit l'ordre, qu'il ne s'explique pas sur le moment, d'abandonner Colmar, de retraiter dans la vallée de la Fecht, sur la ligne Griesbach—Wihr-au-Val, en avant de Munster. Arrêté en pleine victoire, le 15-2 abandonne, la mort dans l'âme, les faubourgs de Colmar, bien résolu pourtant à y revenir un jour, et trop confiant dans sa vaillance pour se résigner à cette injustice du sort. Maintenant, de mauvaises nouvelles surviennent de tous côtés : Mulhouse, deux fois prise et deux fois perdue, l'Alsace abandonnée par ses libérateurs d'un jour, Saint-Dié (88) entre les mains des Allemands. D'âpres combats se livrent au col des Journaux ; le col du Plafond et même celui de la Schlucht sont menacés. Chaque heure rend plus critique la situation du régiment, en pointe isolée dans la vallée de la Fecht. Il faut abandonner Munster (68)  après Colmar. Le 15-2 se replie en combattant, et fait tête chaque fois que l'ennemi veut le presser. Le 2 septembre, le 2e bataillon est attaqué violemment près de Wihr-au-Val, et menacé d'être tourné par sa gauche. Engagée pour couvrir son flanc, la 2e compagnie se heurte, à travers des bois très touffus, aux Allemands, qui la fusillent par surprise. A la première rafale, trois de ses chefs de section tombent. Toute la compagnie se jette avec fureur sur l'ennemi, aux cris de « En avant, à la baïonnette ! » Les Allemands plient sous le choc et se débandent à travers les sapins, abandonnant une tranchée à demi creusée, et jonchée de morts et de blessés. Pendant ce temps, les 6e, 7e et 8e compagnies repoussent de violents assauts. Attaques et contre-attaques à la baïonnette se succèdent sans répit, à travers les sapins, les escarpements, les rochers, qui répercutent le fracas de la fusillade. L'Allemand épuisé s'arrête. De son côté, le 3e bataillon à Soultzbach, résiste à toutes les attaques. Ces durs engagements coûtent 2 officiers tués et 150 hommes hors de combat. Ils permettent au régiment de s'établir solidement sur les croupes qui dominent la Fecht à hauteur de Stosswihr et de Soultzeren, sur la ligne bientôt fameuse du Reichsackerkopf, du Sattel, de Soultzeren, du col de Wettstein, du Linge et du Schratzmännele. Sur ce front, le 15-2 repousse de nouveaux assauts, en particulier le 4 septembre au Sattel, où le 3e bataillon inflige de lourdes pertes aux Allemands. Déjà l'ère des batailles de position s'ouvre. Le 15-2 ajoutera sa part à la longue liste des noms de collines, de montagnes et de plaines, longtemps inconnues, fameuses maintenant à l'égal des grands champs de bataille de l'Histoire. Relevé le 12 septembre par une brigade de réserve, le régiment reçoit l'ordre de se porter à Saint-Dié (88), que la victoire de la Marne vient à peine de dégager. Cette fois, le 15-2 n'avance pas au milieu de l'allégresse d'un pays acclamant ses libérateurs. Partout sur son passage, à Fraize, Anould, Saint-Léonard, Saulcy, ce sont plutôt des vengeurs qu'appellent ces villages, ravagés par les bombardements et l'incendie, et toutes ces croix surmontées de képis rouges et bleus, qui se dressent sur la terre fraîchement remuée. Partout sur ce champ de bataille que l'ennemi vient à peine de quitter, l'image de la France meurtrie surgit devant ses défenseurs. L'ennemi, après avoir évacué Saint-Dié, se cramponne à ses portes, au massif de l'Ormont. Le 17 septembre, le régiment reçoit l'ordre de s'emparer du Spitzemberg une position très forte, en même temps qu'un observatoire menaçant. Le 2e bataillon (commandant d'Auzers) part à l'assaut de cette position et attaque vers La Beulay. Déjà, la 7e compagnie gravit les pentes du Spitzemberg et parvient à la lisière Nord du bois, mais, prise tout à coup sous un feu terrible de mitrailleuses, elle est décimée et rejetée. Malgré tous les efforts, notre attaque est brisée. Sous la pluie qui tombe en trombe, sous le bombardement meurtrier, les hommes se cramponnent au terrain conquis. Dès le lendemain, l'attaque reprend, par Charémont, directement du Sud au Nord, menée cette fois par le 1er bataillon (commandant Rousseau). Elle est vite arrêtée. Cachées dans les bois, les mitrailleuses allemandes balaient le terrain. Les hommes, cloués au sol, ne peuvent lever la tête. Les blessés, abandonnés, agonisent sur le champ de bataille. Un héros, l'infirmier Brun, de la 8e compagnie, ose en rampant aller de l'un à l'autre, et panser leurs blessures, malgré des mitrailleurs allemands, qui s'acharnent sur lui. Le 19 septembre, les 1er et 2e bataillons repartent à l'assaut de ces pentes, qu'ils abordent à l'Ouest par le col, entre la montagne d'Ormont et le Spitzemberg. Cette nouvelle tentative échoue encore. Le 20 septembre, le 1er bataillon et le 3e bataillon (commandant Contet) donnent l'assaut à 15 heures, par surprise, sans préparation d'artillerie, le 1er bataillon par Charémont, le 3e par le col. L'ennemi résiste avec sa fermeté coutumière, les flancs du Spitzemberg crachent la mitraille, mais en vain. Le commandant Rousseau arrive le premier à la clairière qui court sur le flanc Sud, à quelques dizaines de mètres du sommet, et tombe, la tête fracassée. Derrière lui, les 3e et 4e compagnies, d'un dernier élan, enlèvent la clairière à la baïonnette. Le 3e bataillon rencontre la même résistance acharnée. Les 9e et 10e compagnies prennent pied sur le sommet, et rejettent définitivement l'ennemi après des corps à corps farouches. Le Spitzemberg est pris. Ils ont fait prisonniers 80 hommes, 1 officier, et pris 2 mitrailleuses. Rendu furieux par la perte d'une position aussi âprement défendue, l'ennemi concentre sur ce piton le tir de toutes ses batteries. Une tempête de fer et de flammes s'abat sur le Spitzemberg, qui disparaît dans la fumée. Ses défenseurs, décimés, repoussent toutes les contre-attaques, mais les Allemands s'acharnent, et, vers 17 heures, le bombardement devient effroyable. Les sapins et les rochers du Spitzemberg volent en éclats, et couvrent ses défenseurs de leurs débris. Des grappes humaines gisent écrasées. Les survivants essaient en vain de s'abriter, en creusant ce sol rocailleux. Les pertes deviennent telles que le capitaine Sabate demande au colonel de retirer de cet enfer les débris de son bataillon. Mais l'ordre est donné de tenir coûte que coûte. Les braves du 4e bataillon l'exécutent stoïquement. Quand les Allemands gravissent les pentes du Spitzemberg, assurés d'en avoir anéanti tous les défenseurs, ils sont rejetés une fois de plus. La colline fut prise au prix de 8 de ses officiers et 600 hommes. Après ces combats meurtriers, le régiment commence l'apprentissage de la guerre de tranchées, qu'il mènera comme tous, si longtemps encore. Puis, le 18 décembre, au lieu du repos promis et espéré depuis longtemps, le 15-2 reçoit brusquement l'ordre de départ. Il traverse Gérardmer et poursuit sa marche vers le Sud pour franchir le 23 décembre le col d'Oderen. A peine arrivé à Fellering (68), il repart le 25 vers Bischwiller (67). Alors seulement, il apprend la tâche qui lui est réservée : il faut prendre Steinbach (68). Il est dominé de deux côtés par des hauteurs importantes, la cote 425 qui le sépare de Vieux-Thann, et le plateau d'Uffholtz, tous deux fortement tenus par l'ennemi. L'attaque prévue ne devait durer que quelques heures. Au lieu de cela, ce furent quinze terribles journées de combats sans répit, en plein hiver, sous la neige, et dans des tranchées envahies par l'eau glacée, quinze journées et quinze nuits de corps à corps. Dès le début de l'attaque, l'arrêt des troupes voisines qui doivent enlever la cote 425 et la chapelle Saint-Antoine, gêne la progression du régiment. Il faut toute l'obstination des braves du Spitzemberg (88) pour avancer pas à pas dans cette vallée encaissée, hérissée d'obstacles : barricades, abattis, ronces d'acier que les cisailles ont peine à entamer, tranchées dissimulées à ras de terre, mitrailleuses invisibles qui fauchent les assaillants. L'artillerie qui appuie le régiment est composée presque uniquement de 65 de montagne. Peu soutenu à droite et à gauche, insuffisamment appuyé par l'artillerie, le 15-2 n'a plus à compter que sur lui-même. Enfin, au prix de sacrifices et d'efforts inouïs, les tranchées se rapprochent des lisières du village, et le 15-2 prend pied dans Steinbach (68). Alors, la lutte devient d'une sauvagerie atroce : au milieu des incendies et des bombardements ininterrompus, sous la fusillade qui part des soupiraux de caves, des toits, des murs crénelés, il faut faire le siège de chaque maison. Le 27 décembre, la 4e compagnie, sous les ordres du capitaine Laroche, s'empare des décombres du Château Brûlé, et tente de forcer l'entrée du village dans une charge à la baïonnette. Arrêtés nets par un grillage vertical en fil d'acier que les cisailles ne peuvent entamer, l'adjudant Jacques et ses hommes essaient de l'escalader, et tombent frappés à mort les uns après les autres. Pourtant, emportés par leur élan, quelques braves ont pénétré dans le village. Ils y sont cernés, et succombent sous le nombre. L'un d'eux, le soldat Bourgeois, se défend seul plus d'une heure dans une rue, et tient tête aux Allemands qui essaient de l'atteindre par les soupiraux et les fenêtres. Après avoir terrassé plusieurs assaillants à coups de crosse, il parvient à se dégager et à rejoindre sa compagnie. Cet exploit de paladin paraîtrait incroyable, s'il n'était attesté par une citation. Le 28, l'attaque reprend. Le 30, la 7e compagnie, entraînée par le capitaine Marchand, force enfin l'entrée du village, lutte corps à corps à travers les barbelés et les barricades qui hérissent la grande rue, et se retranche sur place au cours de la nuit. Le 31 décembre, le tiers du village est entre nos mains. L'attaque se poursuit, malgré la mitraille qui décime les assaillants. Le 3 janvier, de nouveaux corps à corps leur livrent presque tout le village. A minuit, Steinbach était au régiment. Mais presque aussitôt, une violente contre-attaque permet aux Allemands d'y reprendre pied. Ils parviennent jusqu'à la 8e compagnie, en réserve sur la place. Surprise d'abord, elle se ressaisit, et se jette sur l'ennemi à la baïonnette. Un simple soldat, Raclot, entraîne par son ascendant une vingtaine de ses camarades, et dans la mêlée, se lance à leur tête sur l'église et le cimetière. L'ennemi chancelle sous le choc, et abandonne précipitamment le village, laissant entre leurs mains une quarantaine de prisonniers dont 2 officiers. Après quinze jours et quinze nuits de combats, où ils ont perdu 12 officiers et 700 hommes, Steinbach est enfin pris. Le 15-2 le garde avec l'énergie qu'il a mise à le conquérir. La fureur vaine des bombardements et des contre-attaques ennemies ne fait qu'achever la ruine du pauvre village, et accroître le nombre des cadavres allemands qui gisent devant ces décombres. Mais ce n'est pas surtout contre l'Allemand que le régiment doit lutter. Pour lui, l'ennemi le plus dur, c'est l'hiver. Et lorsque les survivants de cette époque parlent de l'« Enfer de Steinbach », ce n'est pas seulement aux bombardements, aux fusillades, aux corps à corps à travers les incendies qu'ils songent. Ils revoient les tranchées à demi effondrées, où ils restèrent stoïques, dans l'eau jusqu'aux genoux, au milieu des glaçons ; ils revoient les longues nuits d'hiver, où la neige ensevelissait les guetteurs aux créneaux ; les corvées et les relèves à travers les fondrières des boyaux ; la lutte contre le froid qui les terrassait lentement ; le calvaire de leurs camarades, qui, les pieds gelés, se traînaient encore, jusqu'au jour où il fallait les emporter de la tranchée. Tant de souffrances et de misères, telle était la guerre pour ces humbles héros de la tranchée, dont on ne connaissait pas alors le martyre. Et plus que des ordres d'attaque, plus que des récits d'assauts ou de combats, ces simples ignés, tracées en marge du journal de marche du 15-2, ont quelque chose de grand et de poignant : « Par suite de la fatigue extrême et de l'état des tranchées où les hommes sont dans l'eau et dans la boue jusqu'aux genoux, les évacuations pour pieds gelés sont très nombreuses. L'effectif tombe à 1.800 hommes, sur 3.200. » Après les dures journées de décembre, janvier et février s'écoulent sans incidents. Le secteur est calme, et les bataillons du 15-2 se succèdent au repos à Bischwiller, dans la vallée de la Thur. Vers le Sud, l'artillerie allemande tonne avec un acharnement croissant. Et assis sous le manteau des hautes cheminées alsaciennes, au coin du feu, les soldats entendent prononcer pour la première fois un nom bientôt glorieux et tragique, un nom qu'ils inscriront en lettres d'or sur la soie de leur drapeau : I' « Hartmannswillerkopf » ! L'Hartmannswillerkopf, le « Vieil Armand », l'« H.W.K. », comme on l'a appelé au cours de la guerre, est un contrefort des Vosges, qui tombe à pentes escarpées sur la plaine d'Alsace, presque en face de Mulhouse. Sorte de presqu'île terminale, détachée de la chaîne à l'est de la vallée de la Thur, il n'est relié au ballon de Guebwiller que par le Molkenrain (1.125 mètres). A ses pieds, l'Alsace étale à perte de vue le riche tapis de ses champs et de ses vignobles. Au premier plan, Wuenheim, Hartmannswiller, Obwiller, Soultz, Guebwiller, Bollwiller, puis la forêt de Nonnenbruch, fameuse pour la richesse de ses mines de potasse. Plus loin Mulhouse, qui semble si proche qu'on peut à la jumelle en distinguer nettement les rues. Plus loin encore, par-delà la forêt de la Hart, le Rhin, le fleuve sacré, dont le mince filet d'argent fascine les regards. Dans le lointain enfin, la Forêt-Noire, toute semblable aux Vosges, dont le sombre profil s'illumine le soir au soleil couchant, et s'évanouit ensuite dans une brume violette. Et plus au Sud, vers la Suisse, les Alpes, leur sommet scintillant au soleil, les blanches aiguilles du Finsteraarhorn et de la Jungfrau. L'Hartmannswillerkopf n'était hier qu'un belvédère pittoresque. Quand, plus tard, du Molkenrain, le voyageur jettera sa vue sur ce modeste promontoire des Vosges, il se demandera pourquoi tant de milliers d'hommes se sont pendant la guerre disputé ces pentes. Sans doute le Français, en l'occupant, tient sous son canon la plaine d'Alsace jusqu'à Mulhouse. L'Allemand, en le défendant, conserve un notable morceau de cette terre d'Empire à laquelle il tient tant ; il menace en même temps cette vallée de la Thur qu'il ne se console pas d'avoir perdue. Mais il y a autre chose... Ce que tant de régiments, et plus que les autres le 15-2, ont écrit sur le rocher fameux où ils se sont sacrifiés, c'est le même serment que l'armée française a répété à Vauquois, aux Éparges, à Tahure, sur l'Yser... C'est, dans un temps où l'issue de la guerre était lointaine et douteuse encore, où les armées de France et d'Allemagne s'étreignaient sans pouvoir s'ébranler. La même volonté animait les deux camps, et peu à peu, l'Hartmannswillerkopf a pris sur les fronts de l'Est la valeur d'un symbole qui dépassait de beaucoup la valeur même de la position. L'abandonner, c'était avouer son impuissance ; et jamais la France, aux heures les plus tragiques, n'a voulu laisser croire à l'Alsace qu'elle renonçait à la libérer. Voilà pourquoi l'année 1915 verra tant de combats et tant d'hécatombes sur cette cime, hier presque sans nom. Lorsque, après de longs mois, dans une autre phase de la guerre, la bataille s'apaisera dans les Vosges, lorsque les efforts surhumains déployés de part et d'autre se seront annihilés en s’égalant, l'Hartmannswillerkopf, tant de fois pris et repris, restera entre les deux lignes, pelé, bouleversé, domaine sinistre des morts, où les tombes mêmes sont destinées à mourir. Voilà pourquoi aussi, aujourd'hui, à l'égal des plus beaux noms de victoires, l'Hartmannswillerkopf résonne comme un écho de tous les héroïsmes français. Voilà pourquoi, plus que tout autre, le 15-2 a le droit de l'entendre et de le redire avec fierté, car nul corps n'y a versé autant de sang, ni déployé plus de bravoure.

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En janvier 1915, ce sommet n'était tenu que par un peloton de chasseurs. Les Allemands, par surprise, cernent et réduisent cette unité isolée. Maîtres de l'Hartmannswillerkopf, leur génie d'organisation en fait bientôt une forteresse qui brise tous les assauts de la 1re Brigade de chasseurs, appelée en hâte pour reprendre le sommet, épuisées, décimées, ces troupes d'élite, malgré leur héroïsme, s'arrêtent impuissantes. L'Hartmannswillerkopf restera-t-il donc aux mains des Allemands ? Ce n'est pas possible ! Le 15-2 est là derrière, se reposant de ses victoires du Spitzemberg et de Steinbach. A lui revient l'honneur d'en finir. C'est le 22 mars 1915, à l'aube d'une belle journée glaciale, que le 15-2 reçoit l'ordre d'attaquer. Le 1er bataillon (commandant Sermet) a pour objectif la crête de l'Hartmannswillerkopf, le 2e (commandant d'Auzers), les pentes Nord, le 7e Bataillon de Chasseurs alpins, les pentes Sud ; le 3e bataillon est en réserve. L'attaque est précédée d'un bombardement précis et formidable. Au-dessus des lignes, les obus de 220 passent avec un long bourdonnement, et s'abattent sur les tranchées allemandes, où ils éclatent en volcans. Le sommet de l'Hartmannswillerkopf est comme en proie à une éruption. L'artillerie allemande répond sur les tranchées. A travers la fumée et les flammes, des sapins entiers, des blocs de granit sont projetés pêle-mêle avec des corps humains et retombent lourdement. La montagne tremble. Enfin, quinze minutes avant l'attaque, des rafales de 75 sifflent et crépitent sur toute la crête. L'ouragan d'artillerie est à son paroxysme. C'est alors, aux sonneries ardentes des clairons que les fantassins bondissent, la baïonnette haute, à l'assaut de la forteresse. A travers le fouillis des réseaux barbelés à demi détruits, des tranchées effondrées, l'enchevêtrement des sapins abattus, ils pénètrent de tous côtés, comme un flot, dans la position ennemie, dépassent la première et la deuxième tranchée. Mais il faut s'arrêter là : à droite et à gauche sur les pentes, les bataillons d'assaut sont arrêtés par des tranchées invisibles, où l'artillerie n'a pu leur frayer un passage. Au Nord, la 6e compagnie, en débouchant d'une clairière, se heurte à des réseaux profonds et intacts. Elle essaie d'avancer quand même, et cherche à se frayer des passages dans la broussaille de fer où la mitraille couche un à un tous ses héros. De l'héroïque compagnie, il ne reste plus qu'une poignée d'hommes, qui s'accrochent farouchement au terrain conquis. Plus au Nord, la 5e compagnie est arrêtée elle aussi devant les réseaux intacts. Déjà blessé pendant l'attaque, le sous-lieutenant Pasquier s'élance le premier pour entraîner de nouveau ses hommes sur les barbelés allemands. Cette folie échoue sous la mitraille, et les corps restent trois jours accrochés devant la tranchée ennemie. Sur les pentes Sud de l'Hartmannswillerkopf, le 7e Alpins, fauché par une fusillade meurtrière, ne parvient pas à déboucher de ses tranchées.  Il n’a pas pu atteindre le sommet. Quatre contre-attaques essaient en vain de leur reprendre les tranchées conquises. Plus de 400 cadavres allemands gisent devant les lignes. Ils ont pris 200 hommes, 3 officiers, deux lance-bombes et une mitrailleuse. Les pertes sont de 260 hommes et 9 officiers hors de combat. Le 26 mars, sous la neige, le régiment reprend l'attaque, les 1er et 3e bataillons (commandant Bron) en première ligne, appuyés au Sud par le 7e alpins. La préparation d'artillerie a été puissante. Au moment où le sommet de l'Hartmannswillerkopf disparaît dans la fumée et la flamme des éclatements, les vagues d'assaut, accompagnant les dernières rafales de 75, bondissent de leurs tranchées, déferlent jusqu'au sommet, qu'elles submergent comme une écume bleue. Leur élan est si impétueux qu'elles dévalent encore les pentes vers l'Alsace. C'est là que tombe héroïquement le clairon Poissenot, frappé à mort en sonnant une charge éperdue à la tête de ses camarades. C'est là que le lieutenant Priquet, qui s'est déjà distingué au Spitzemberg (88) et à Steinbach (68), prend dans la mêlée le commandement de sa compagnie et l'entraîne dans un nouvel assaut. Du haut des rochers, les mitrailleurs ardents à suivre la première vague, enthousiasmés par l'exemple de leur chef, le lieutenant Jenoudet, qui, blessé, veut faire l'attaque jusqu'au bout, traquent par leurs rafales les Allemands en fuite. Et cette fois, l'ennemi est culbuté par la violence de l’assaut. Il leur abandonne toute la position, sol sacré où les morts de la dernière attaque reposent dans leur linceul de neige sanglante. Il laisse entre nos mains 140 prisonniers dont 3 officiers, un champ de bataille jonché de cadavres, de gros dépôts d'armes et de munitions. Le régiment a perdu en tués ou blessés 240 hommes, dont 3 officiers. Le 27 mars, dans une émouvante et simple cérémonie, le général Serret décore de la Médaille militaire le soldat Auberger, qui a pris pied le premier au sommet de l'Hartmannswillerkopf. C'est dans les tranchées de première ligne encore toutes bouleversées, sous le sifflement des balles, devant quelques soldats hâves et boueux, que le général accroche le beau ruban à la poitrine de ce brave. Un feu de salve sur les Allemands remplace la sonnerie d' « Ouvrez le ban », un second celle de « Fermez le ban ». Et sur son drapeau, à côté de l'étoile d'or du Spitzemberg et de la palme de Steinbach, le 15-2 peut fixer une nouvelle palme, juste récompense de ses exploits à l'Hartmannswillerkopf. Le massif tout entier avec ses contreforts est maintenant à eux, et les vainqueurs ont à leurs pieds la terre promise. Par-delà les broussailles de fer, par-delà l'horreur des espaces ravagés, nos guetteurs ne voient plus que la belle et riche plaine, cette Alsace qui est leur et dont on leur a tant parle. Même lorsque la nuit, des Vosges à la Forêt-Noire, tombe sur l'immense horizon, le spectacle reste magique. De toute part dans la plaine obscure des feux s'allument comme des reflets d'étoiles. Du haut de son rocher, le soldat rêve, en voyant scintiller les lumières de Mulhouse et de Bâle. Sur cette terre de solitude et de mort, où tant de ses camarades sont tombés, il songe à ces foyers qui brillent anxieux dans la nuit, et qui semblent lui faire signe. Quand sonnera-t-elle, l'heure de répondre à cet appel, et de descendre dans la plaine en libérateurs ? Mais l'Allemand ne veut pas s'avouer vaincu. Rejeté des pentes de l'Hartmannswillerkopf, il surveille âprement cette proie qu'on vient de lui arracher, et le 25 avril, lorsque les derniers échos de la bataille se sont tus et que le calme est revenu sur la montagne sanglante, il tente un grand coup pour la ressaisir. Un bombardement foudroyant éclate à midi comme un orage. Jamais, pas même au Spitzemberg, les soldats n'en avaient subi de pareil. Les plus gros calibres des artilleries allemandes et autrichiennes : 210, 250 et jusqu'aux 305, concentrent leur tir sur l'Hartmannswillerkopf. Sous cette tempête d'explosifs, la vieille montagne, comme en proie à quelque cataclysme souterrain, s'enveloppe de nouveau de flammes et de fumée. Couchés sur le sol qui tremble, les hommes attendent stoïquement la fin de la tempête ; mais le bombardement s'acharne toujours. Détachés du sommet de la montagne, des blocs de granit roulent en avalanche et broient tout sur leur passage. Les tranchées en pierres sèches, accrochées au flanc de l'Hartmannswillerkopf comme des balcons, volent en éclats. Pourtant, les poilus du 15-2 tiennent toujours. Entourés de morts et de blessés, épuisés, haletants, couverts de terre et de sang, les mains crispées sur leur fusil brûlant, quatre fois ils repoussent les assauts de l'ennemi. Six bataillons d'élite de l'armée allemande essaient vainement jusqu'à la fin de l'après-midi de prendre pied sur l'Hartmannswillerkopf. Les pentes de l'Hartmannswillerkopf vers l'Alsace se divisent en deux contreforts, que le troupier appelle les deux cuisses. Chacune était défendue par un bataillon, le 3e bataillon au milieu, tenait le Ravin. Vers 18 heures, après six heures de bombardement et cinq tentatives d'assaut, les Allemands prennent pied sur les deux contreforts. A l'abri de l'arête, qui les cache aux défenseurs du Ravin, ils s'avancent vers le sommet. Bientôt, leurs deux colonnes, comme une marée montante, atteignent les crêtes et se réunissent près de la cote 956, cernant ainsi les défenseurs du Ravin, qui tiennent toujours. Attaquée de tous côtés par l'ennemi qui la domine, sans cartouches et sans vivres, n'ayant plus que ses baïonnettes pour se défendre, cette poignée d'hommes tombe aux mains des Allemands. Quelques-uns seulement parviennent à s'échapper ; tel le soldat Chassard, qui venu jusqu'en première ligne à travers les bombardements, pour porter à manger à ses camarades, et tombé au milieu des Allemands, saisit un fusil, abat ceux qui l'approchent et se fraie un passage à travers les assaillants décontenancés. Tel encore le caporal Coulon, qui rallie quelques hommes et fonce sur les Allemands qui lui crient de se rendre. Ces braves s'échappent en sautant de rocher en rocher, au milieu des balles qui ricochent, font les morts jusqu'à la nuit et regagnent les lignes en rampant, à la lueur des fusées rouges que l'ennemi lance du haut de l'Hartmannswillerkopf pour faire allonger le tir de son artillerie, et qui éclairent sinistrement ce crépuscule de bataille. Appelées en toute hâte, les dernières réserves du régiment se jettent à corps perdu dans la fournaise. Sauver l'Hartmannswillerkopf ! Tel est le mot d'ordre qui anime cette poignée d'hommes. La nuit qui tombe, le terrain bouleversé, les bombardements qui s'acharnent autour de la montagne, tous les obstacles de cette situation désespérée, n'empêchent pas les derniers soldats du 15-2 d'élever avec leurs poitrines la digue contre laquelle la ruée allemande vient se briser. Tant d'obstination a forcé le sort. Ils restent cramponnés autour du sommet, et, le 26 avril, les débris du 15-2, aidés de deux bataillons de chasseurs, s'emparent de nouveau de la montagne. L'Hartmannswillerkopf est demeuré Français. Mais cette gloire est chèrement payée. 14 officiers, 800 hommes, manquent à l'appel, tués ou prisonniers. Après un mois de repos à Saint-Amarin et à Malmerspach, le 15-2 s'est reconstitué. Le souvenir des morts, la tradition du Spitzemberg, de Steinbach et de l'Hartmannswillerkopf, ont donné une seule âme aux renforts venus de tous côtés. Dès le 15 juin, le régiment est de nouveau dans la mêlée. Pendant que les 1er et 3e bataillons tiennent l'Hartmannswillerkopf, c'est le 2e bataillon (commandant d'Auzers) qui a l'honneur d'entrer le premier dans la bataille. Il s'agit d'appuyer l'attaque des 68e et 27e bataillons de chasseurs dans la vallée de la Fecht, en débouchant entre Sondernach et Metzeral. Dès le premier jour, le 2e bataillon se heurte à un ennemi fortement organisé et qui résiste avec acharnement. Les 5e et 6e compagnies sortent de leurs tranchées avec leur élan coutumier, mais pendant les journées des 15 et 16 juin, les mitrailleuses allemandes et les obstacles accumulés brisent tous leurs efforts. Après un court répit, l'attaque reprend le 18 juin, sans appui de l'artillerie. Deux fois dans la journée, le bataillon part à l'assaut, pour gagner 500 mètres, au prix de quels sacrifices ! Les pertes sont telles qu'il faut appeler en renfort un bataillon du 81e d'Infanterie. Mais dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, le 15-2 reste toujours égal à lui-même. Chaque jour, comme à Steinbach, il reprend ses attaques et resserre son étreinte autour de l'ennemi qui le meurtrit. Tant d'abnégation et de ténacité forcent enfin le sort du combat, et, le 22 juin, le 2e bataillon s'empare de Sondernach en flammes. Plus heureux, le 3e bataillon (commandant Bron) appelé à son tour à prendre part à l'attaque du 13e Bataillon de Chasseurs alpins sur la crête de Mattle, face à Sondernach, le 17 août 1915, s'empare d'un seul élan des tranchées du bois de Mattle. Après ces deux attaques, le 3 septembre, le 15-2 descendait au repos à Saint-Amarin. Cette période de repos fut marquée par une cérémonie simple et émouvante dont le 15-2 aime à rappeler le souvenir : c'est le 7 septembre, à Saint-Amarin, que le général Serret attache à son drapeau les deux palmes et l'étoile d'or conquises en quelques mois de guerre. Venus de tous les villages de la vallée, Alsaciens et Alsaciennes, toute la grande famille du 15-2, entourent en foule nos soldats. Et lorsque vibre la sonnerie Au drapeau et que le régiment se raidit en un seul éclair d'acier, on dirait qu'un souffle imperceptible fait frissonner les grandes ailes noires des coiffes alsaciennes. Bien des yeux s'embrument de larmes, et de vieilles mains de vétérans de 1870 tremblent en essayant un salut militaire. C'est l'étreinte muette de l'Alsace française et de ses libérateurs. Dès le 10 septembre, le 15-2 reprenait les lignes à l'Hilsenfirst. II devait y rester trois mois. Ce long séjour ne fut marqué par aucun événement saillant. Est-ce à dire que le 15-2 vécut des jours faciles ? Non certes. La vie de secteur est déprimante pour les hommes. On ne s'est peut-être pas rendu compte à l'arrière des fatigues et des souffrances de toute sorte que les soldats enduraient dans les tranchées, même les plus confortables. Le laconisme monotone des communiqués : « Journée calme, rien à signaler », quand il n'impatientait pas le public, le réjouissait. « C'est du bon temps pour les poilus », pensait-il. Le public ne savait pas... La lecture du journal de marche du régiment est à ce point de vue singulièrement suggestive. Il est probable que pendant le dernier trimestre de 1915 le communiqué n'a pas mentionné une fois le nom de l'Hilsenfirst. Et pourtant, tous les jours, le journal de marche enregistre des bombardements et des fusillades ; et tous les jours, comme un refrain cruel et monotone, ces mots reviennent : Tués... Blessés... Les tranchées de Hilsenfirst sont bombardées, l'ennemi les écrase à coups de grosses torpilles, qui projettent, en percutant sur le roc, des milliers d'éclats de pierre, plus dangereux encore que les éclats de fonte. Parfois, elles tombent sur un abri qui s'effondre, et les hommes, épuisés, abrutis par le bombardement, doivent porter secours à leurs camarades ensevelis, réparer la tranchée bouleversée. Les nuits se passent à travailler, à guetter aux créneaux, à rôder en patrouille entre les lignes. Du matin au soir, Français et Allemands s'épient, se fusillent, engagent de petits postes à petits postes des combats à la grenade. Et, pendant ce temps, le terrible hiver des Vosges sévit également sur les deux adversaires. La neige comble les tranchées, puis le dégel survient et change les hommes en blocs de boue. Pour ceux qui bataillent avec le régiment depuis août 19 14, chaque journée ajoute ses fatigues à toutes celles qui s'accumulent déjà, à celles du Spitzemberg, de Steinbach et de l'Hartmannswillerkopf.

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En 1915, le système des relèves périodiques n'est pas encore établi. Non seulement, si loin qu'ils puissent regarder, les hommes n'aperçoivent pas la paix, mais ils n'ont même pas la ressource de compter les jours qui les séparent de la relève, du repos au cantonnement. Ils ont froid, ils dorment à peine, la vermine les dévore ; et tous les jours ils voient tomber les camarades. Les rares poilus du 15-2 qui ont survécu ne veulent pas croire aujourd'hui qu'ils ont connu toutes ces misères, et surtout qu'ils les ont supportées sans se plaindre.

Le 4 octobre 1915, il passe au 15e Bataillon de Chasseurs à Pied qui se trouve aussi en Alsace. Le 15 octobre, le régiment occupant le secteur de Rehfelsen perd quelques éléments de tranchées. Les 4e et 6e compagnies du 15e, alors au repos, contre-attaquent et, malgré une résistance acharnée de l'ennemi, reprennent la majorité du terrain. Le lendemain, l'ordre arrive de reprendre à tout prix le sommet de l'Hartmann, dont l'ennemi s'est emparé. Le reste du bataillon, cantonné à, Moosch, monte en ligne, et, malgré le feu des mitrailleuses, les 1re et 5e compagnies, appuyées par la 2e compagnie, s'élancent, occupent et dépassent les positions de première ligne allemandes, en faisant 50 prisonniers, et dégagent une compagnie d'un corps voisin, entourée depuis vingt-quatre heures par l'ennemi. Le sommet de l'Hartmann reste entre leurs mains, malgré les bombardements furieux et les contre-attaques de l'ennemi. Le 21 décembre, les 3e, 5e et 1re compagnies s'élancent à l'assaut du Rehfelsen. La 1re, dont le chef vient d'être enterré par un obus, tournoie un moment, puis reprend le mouvement et s'empare d'une mitrailleuse ; les trois compagnies s'installent dans la deuxième ligne allemande. La 6e compagnie, prise dans des réseaux, est violemment mitraillée et le capitaine AMIC tombe en tête de sa troupe : ses chasseurs le vengent, prennent une mitrailleuse et font 60 prisonniers. Le soir, la position est retournée ; 100 prisonniers dont 3 officiers restent entre leurs mains. Le lendemain, une contre-attaque violente refoule les éléments avec qui le bataillon est en liaison à, droite. Toutes les unités du 15e renforcent la ligne ; trois contre-attaques successives de l'ennemi restent vaines et laissent le terrain en notre pouvoir.

Pour 1916, le 15e va désormais tenir successivement les secteurs du Sud de l'Hartmannswillerkopf et du Reichaker, travaillant, patrouillant sans relâche. Il monte une garde vigilante sur les crêtes qui lui sont confiées et, malgré les luttes à la grenade de chaque jour, des bombardements violents et répétés par torpilles et obus de gros calibre, conserve toujours sa bonne humeur et son bon, esprit.

René rejoint le 3 juin le 16e Bataillon de Chasseurs à Pied, 5e compagnie. Le 9, il monte en secteur à Reillon (54), où il doit résister à un coup de main de grande envergure de l'ennemi, qui cherchait à pénétrer dans ses lignes. Le 21 juillet, il occupe, un peu plus à l'Ouest, le secteur de Vého, bouleversé par les mines, qu'il réorganise jusqu'aux premiers jours d'août. Après une période d'entraînement au camp de Saffais, il va participer à son tour à la bataille de la Somme. Le 19 septembre, le bataillon vient en réserve de division à l'Ouest du village de Rancourt (55). L'attaque se déclenche le 25 au matin et le bataillon est toujours en réserve, mais le soir il monte en première ligne pour remplacer le 94e Régiment d’Infanterie, qui avait échoué dans l'attaque des lisières du Bois de Saint-Pierre-Vaast (80). Malheureusement, il en fut de lui comme du 94e, malgré plusieurs attaques répétées, il ne put prendre pied aux lisières du bois. Le 28, il est relevé et va se reformer à Hailles, dans la Somme. Revenu à la bataille, du 26 octobre au 5 novembre, dans un cloaque de boue, au milieu des ruines de Sailly-Saillisel, le bataillon progresse pas à pas au prix d'efforts surhumains. Le 29 octobre, des organisations ennemies se sont révélées à l’église entre Sailly-Saillisel et Saillisel et au point 1486, il importe essentiellement de les détruire ainsi que celles qui relient entre eux ces deux points ; en conséquence l’artillerie divisionnaire 42 prépare un tir de 75 et d’artillerie lourde sur les organisations indiquées. En prévision de ce tir les commandants des 1re, 2e et 3e compagnie reçoivent l’ordre de replier le 29 à 6h. Dans chaque section un ou deux guetteurs sont laissés à la garde des tranchées ainsi que deux mitrailleuses l’une à la 1re compagnie, l’autre vers la gauche de la section de la 2e compagnie restant en 1re ligne. Des abris leur sont creusés pendant la nuit pour les protéger des éclats. Le tir de l’artillerie commence à 6h et finit à 18h. Suite au tir, des reconnaissances sont envoyées, elles indiquent que sur tout le front du bataillon, les organisations ennemies sont restées intactes. Le lendemain, l’artillerie ennemie se déchaîne pendant que des soldats travaille énormément dans une tranchée. Le bataillon travaille également à l’aménagement des tranchées mais le mauvais temps empêche toute organisation sérieuse. Le 31, à 10h50 commence un violent bombardement sur tout le secteur occupé par le bataillon. Il continua jusqu’au lendemain 6h.

Maurepas

René a disparu à Frégicourt-Maurepas, durant ces bombardements. Un jugement déclaratif fixe sa mort au 31 octobre 1916.

Citation pour la médaille militaire publiée au journal officiel du 10 mai 1922 : « brave chasseur. Tombé au champ d'honneur le 31 octobre 1916 à Maurepas en se portant courageusement à l'assaut des positions ennemies. Croix de guerre avec étoile d'argent ».

Les déplacements de René durant la guerre

Sources

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